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Dans son préambule, J-P. Péroncel-Hugoz, grand-reporter, membre de la Société des rédacteurs du monde, ancien directeur des collections Nadir (Paris) et Bab (Casablanca), auteur notamment du Maroc par le petit bout de la lorgnette (2010), sous la direction duquel ce livre a été publié, rappelle que pour Alexandre Dumas Père (1802-1870), l’esprit certes préparé par quelques bonnes lectures sur «l’Empire du Maroc», trois jours seulement ont suffi pour en tirer sur une centaine de pages un opulent portrait-cascade de Tanger.
La doyenne des villes marocaines, fondée par le géant Antée, que tua Hercule, et plus tard dot, avec Bombay, d’une infante portugaise, bientôt reine d’Angleterre, Tanger, donc, est au milieu du XIXème siècle la vitrine diplomatique des chérifs couronnés d’Extrême-Maghreb et un port multiple et chatoyant ; aucun de ses aspects, métiers, races, religions et jusqu’aux coiffures «bibliques» des Tangéroises indigènes, n’échappera à l’œil et à l’intelligence ultra-rapides du premier Dumas.
La fulgurance n’est-elle pas l’un des attributs majeurs des génies, des maîtres artistes ? Ils attrapent au vol ce que ne perçoit point le commun et ils le restituent, magnifié, car pétri avec leur style, leurs émotions, leurs inclinations.
«Escale à Tanger» illustre à merveille, littérairement, cette transmutation de la réalité par l’art, le vrai, celui qui ne doit rien aux modes –même si l’écrivain n’échappe pas aux idées reçues de son temps sur les Arabes, l’Orient, l’Islam, etc. Néanmoins, même loin de la Seine, ainsi que l’a dit en 2010 l’accadémicien Alain Decaux, Alexandre Dumas Père continue partout de «symboliser l’esprit français», avec son acuité et sa curiosité mais également sa crédulité et ses œillères …
Ce que d’une phrase parfois, notre voyageur répare bellement : «Toute cette race déguenillée, en lambeaux, drapant sa nudité avec une couverture à jours, était superbe à voir. Jamais empereur couvert de la pourpre, entrant à Rome sur son char de triomphe, et foulant la Voie sacrée pour monter au Capitole, n’a relevé la tête avec plus de dignité. C’est que, chez eux, la dignité est dans l’homme, cette image de Dieu, et non dans le rang qu’il occupe, et non dans l’habit qui le couvre. L’Arabe est sultan chez lui comme l’empereur dans son royaume».