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milieu des années 90, des œuvres qu’on pourrait qualifier d’atlassiennes. Un travail riche en genre et en recherches (figuratif, cubisme, impressionnisme) et des thèmes toujours ancrés dans le Moyen Atlas. Il a participé à plusieurs expositions collectives au Maroc et
à l’étranger et a réalisé de nombreuses expositions individuelles.
Pour mieux connaître l'artiste Mohamed Griba, nous l'avons invité à notre petit jeu de question/réponse auquel il s'est donné à cœur ouvert. Entretien.
Libé: Comment l'artiste Mohamed Griba explique-t-il le fait qu'il soit très loin de la photographie et tout près de l'expression ?
Mohamed Griba : Au début de ma vie artistique, j'ai opté pour l'imitation afin d'exprimer mes objectifs créatifs. Ainsi, j'ai réalisé une série de tableaux dans un style plus expressif que photographique. Je m’intéressais beaucoup au patrimoine et je suis lié à mon environnement local et le creuset du patrimoine inspirait ma thématique.
Aussi, je m'introduisis dans mes tableaux avec préméditation. C'est pour cela que tous mes travaux portent les empreintes du patrimoine dans toutes leurs dimensions et plus particulièrement ceux de mon environnement.
Ce n'est pas étrange si mes œuvres ont un écho immense et typique et qui incarnent avec sincérité toutes les données du milieu de l’Atlas. C'est grâce à son envoûtement et à la magie des couleurs que je me sens engagé au point de tomber amoureux de ce milieu.
Pour cela, mes tableaux reflètent les lumières des ruelles, les ombres des rues et les activités rayonnantes des souks. J'y traduis l'animation permanente de ces espaces avec leurs rythmes chaque fois qu'il s'agit des fêtes populaires ou d'autres occasions.
Ce sont celles-là qui sont les traits de mon entourage dans leur cadre général et comme je suis un produit de cet environnement et par désir de reconnaissance, j’ai décidé de m'y engager. Ainsi, je me faufilai dans le silence des ruelles de ma charmante ville, en quête de l’histoire.
Ainsi, grâce à des coups de pinceau, je revis des moments affectifs que le temps tente d'effacer ou d’oublier. Pour lutter et résister à ce facteur destructeur, je laissai ma mémoire en état d'alerte permanente et mon pinceau en état de position continue. Je surveille les transformations et les détails. Ai-je atteint mon but ? C'est ce que je prétends -dans une certaine mesure - avec de bonnes intentions. Le reste viendra de moi ou d’ailleurs. C'est ce que je souhaite. Tout au long de mon parcours artistique, la dualité "clair-obscur" était l'essentiel de mon art comme c’était le cas pour Rembrandt, Delatour qui ont combiné la pensée critique et esthétique, les sources de l'histoire et le principe de l'art noble.
Pourquoi ce voyage à travers la matière et la couleur sur les ailes de l’impressionnisme comme vous le dites?
Selon les classiques et leur théorie sur l'imitation, la relation entre l'art et la nature, basée sur "l’uni-vision" ou vision unique est dépassée. De nos jours, l'art s'est ouvert sur de nouveaux horizons où l'artiste jouit d'une grande liberté, loin de l'imitation. Pour cela, j’ai opté pour l'impressionnisme comme style, sachant que c'est l’origine de l'art abstrait du fait que le contenu cognitif d’un tableau impressionniste, porte en lui-même une gamme émotionnelle qui naît de sa propre forme.
Comment vous vous êtes trouvé alors dans ce style moderniste et néo-futuriste?
L'apparition et la diffusion du courant appelé "Mondialisation de l'art" ont remis en question les procédés traditionnels et classiques. Cette influence s’est répercutée également au niveau de l’art national plastique. Ainsi, beaucoup d'artistes se sont enthousiasmés pour l'art abstrait, pour la liberté qu'il leur donne et la possibilité d’entrer de plain-pied dans la modernité. Il se trouve ainsi lié à des facteurs complexes qui le laissent jouer essentiellement ce rôle.
L’être humain est une énergie contre les circonstances, il est influé et influant. Il est capable de comprendre, d'observer, de percevoir et s'abstenir selon les circonstances. Il n'est pas seulement un être influençable qui reçoit des impressions mais qui produit aussi des
idées.
Pour ces raisons, j'ai pensé à œuvrer dans le cubisme. C'est le néo-futurisme qui fait que le tableau cubiste ne peint pas des choses figées dans une réalité concrète, mais désire exprimer l’approche de les percevoir.
Ainsi, il se base sur l'interaction dynamique entre les données visuelles et l'esprit abstrait. Les éléments figés dans le tableau vont en s'ordonnant selon un principe général discret, tacite et latent mais en perpétuel mouvement. A partir de là, nous assistons à un affrontement entre "l'imitation" et "l'abstraction".
En observant l'un de ces tableaux cubistes, nous relevons des fils qui se tissent, s’entremêlent. De cette interaction naît le fruit artistique et appelle le spectateur à ce
qu'il participe à cette opération en mobilisant sa culture, sa capacité d'observer et de créer des relations avec tous les constituants du tableau. Il est clair donc que ce mode créatif se base sur une nouvelle sensibilité dans la créativité consciente et la réception dynamique et non un simple jeu de formes et de couleurs et selon quelques illusionnistes, ouvert sur l’expérience et l'abstraction.