Entretien avec Rachida Nafaa, présidente déléguée du Festival international de Mohammedia : «Les artistes invités ont été sélectionnés sur la base d’un sondage auprès des estivants»


PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN BOUITHY
Vendredi 6 Août 2010

Entretien avec Rachida Nafaa, présidente déléguée du Festival international de Mohammedia : «Les artistes invités ont été sélectionnés sur la base d’un sondage auprès des estivants»
Le 2ème Festival international de Mohammedia
(du 30 juillet au 21 août 2010),
se poursuit dans une ambiance festive
à la Cité des fleurs. En sa qualité
de présidente
déléguée du Festival et membre de l’Association des œuvres sociales,
culturelles
et sportives de Mohammedia
(organisatrice de cet événement), Rachida Nafaa nous en donne les grandes lignes.

Libé : Le Festival de Mohammedia s’appuie sur une programmation riche et très diversifiée. Quelle est la particularité de cette deuxième édition ?

Rachida Nafaa: Cette édition s’inscrit dans la continuité de la première, laquelle se distingue des  anciens festivals en s’ouvrant à l’international puisque Mohammedia accueille chaque année trois voire quatre fois sa population parmi les Marocains du monde dont des binationaux qui viennent de l’étranger. Et aussi plusieurs artistes, hommes et femmes de lettres étrangers. Nous sommes dans une phase transitoire, de préparation pour un vrai Festival international de Mohammedia qui distingue cette ville. On l’appelle les « Estivales » parce que c’est une belle ville côtière qui a plusieurs belles plages, donc de belles corniches aussi, qui distinguent un peu l’identité naturelle de la ville à laquelle s’ajoutent une identité, de la ville de Mohammedia, sa kasbah, sa mosquée et  ses spécificités culturelles et culinaires.

Mohammedia est une ville petite. Pensez-vous qu’elle dispose suffisamment d’infrastructures pour accueillir une manifestation d’une telle envergure ?

Mohammedia est plutôt moyenne puisqu’elle compte plus de 300.000 hab.. Et même si l’infrastructure touristique n’est pas très développée, et que nous n’avons que quelques hôtels, c’est qu’elle se trouve près de Casablanca et à quelques kilomètres de Rabat. Le transport public est à la disposition de la population des quartiers nord de Casablanca, des douars des régions rurales mais aussi du nord de Mohammedia. Ceci dit, il y a une autre alternative, c’est que les gens louent une partie de leur maison. C’est une tradition très connue ici où vous pouvez trouver une chambre ou un appartement quelque part dans la ville à un prix acceptable.

On retrouve dans ce Festival de nombreux artistes qui ont participé à d’autres événements culturels du Maroc. Est-ce une copie d’autres festivals. Pourriez-vous nous éclairer à ce sujet ?

Je ne suis pas d’accord puisque dans le volet international, on a invité plusieurs troupes de Cuba, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient dont le chanteur libanais Ghassan Khalil que les habitants aiment beaucoup. Sachez que nous avons fait un sondage auprès des estivants qui ont assisté à la première édition du Festival, à travers lequel on a pu dégager quelques préférences du public. Cette enquête a révélé que les festivaliers aiment beaucoup les artistes que nous avons invités. Donc, on a essayé de capitaliser et d’amener ceux que les gens aiment tout en sachant que c’est un festival qui veut offrir détente et joie aux estivants. Ce n’est pas un festival rigide où on va mettre des gens dans des salles pour des conférences très pointues.
J’appartiens à l’université, mais je sens que les gens qui viennent assister à cet événement, de l’étranger, ou d’autres villes du Maroc ont besoin de se décontracter pendant un mois. C’est aussi vrai pour les habitants de Mohammedia qui est une ville ouvrière. Donc, le Festival se distingue par ça, il offre cette opportunité.

Le Festival s’étale sur un mois. N’est-ce pas un peu trop pour une manifestation qui n’est qu’à sa deuxième édition ?

En tant que Festival, nous avons une histoire dans la ville de Mohammedia. Depuis les années 70, il y a eu toujours un Festival. C’est que nous avons changé de stratégie, de nom et de staff pour aller de l’avant et améliorer cette offre que la ville donne aux visiteurs et habitants.

Parlons justement de cette offre qui est très abondante. C’est un peu prétentieux de proposer une programmation aussi dense pour un début !

Je vous l’accorde. Mais en connaissance de cause,  je pense que nous avons droit à ce challenge, à cette aspiration d’être un peu ambitieux. Je pense aussi que nous avons encore beaucoup à faire. Nous allons prendre vraiment en considération toutes les critiques constructives pour pouvoir l’améliorer. Mais ce n’est pas du tout prétentieux, c’est un festival qui  se réalise.

Quelle est la place des artistes locaux dans votre programmation ?

Plusieurs troupes locales représentant notamment la nouvelle scène marocaine ont été sélectionnées à l’issue d’un casting entamé l’année dernière et qui s’est poursuivi cette année. Mais aussi de nombreux jeunes qui se sont constitués en associations de jeux de cirque, danse et sport ont été conviés à cette édition.

Un mot sur l’Association des œuvres sociales, culturelles et sportives de Mohammedia dont vous êtes membre !

En tant qu’universitaire, c’est une aventure que j’essaie de mener, de réaliser et de réussir cette ouverture de l’université sur la chose culturelle. Surtout que j’appartiens à la Faculté des lettres et des sciences humaines. On est beaucoup plus intéressés par ce genre d’activité, qui, pour moi, est aussi un laboratoire.
Je suis en train d’observer, de voir, vérifier, d’étudier  ce phénomène, toutes ces préférences pour pouvoir non seulement aider l’Association mais aussi orienter nos étudiants, nos filières dans l’événementiel et les activités culturelles en manque de professionnels dans l’organisation de ce genre de festival.


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