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Entretien avec Jamali Al Arabi, DTN à la Fédération de judo : «Pour décrocher une médaille olympique, il faut avoir une vision à long terme»


Propos recueillis par M'BARK CHBANI
Jeudi 12 Avril 2012

Entretien avec Jamali Al Arabi, DTN à la Fédération de judo : «Pour décrocher une médaille olympique, il faut avoir une vision à long terme»
A l'issue des Championnats africains de judo qui se sont déroulés à Agadir du
2 au 8 avril 2012, nous avons rencontré Jamali Al Arabi
responsable du haut niveau
à la Fédération Royale
marocaine de judo et des arts martiaux associés et directeur technique et directeur de
projets à l'Union africaine de judo avec qui nous avons
eu cet entretien :


Libé : A l'issue de ces 33èmes Championnats d'Afrique de judo seniors, le Maroc est en tête au tableau des médailles. En tant que responsable du haut niveau à la Fédération, êtes-vous satisfait de ces résultats?

Jamali Al Arabi : Oui. Je suis très satisfait puisque l'équipe nationale s'est classée première avec cinq médailles d'or et six médailles de bronze. Nos judokas se sont bien défendus. On est devant de grandes nations du judo africain telles que l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, etc. Donc, le bilan est positif, et ça nous permet surtout de qualifier des athlètes pour les Jeux olympiques. Je félicite particulièrement Safouane Attaf (-81 kg), pour son courage, car malgré sa blessure en demi-finale, il a pu décrocher la médaille d'or en finale, ce qui le met hors danger pour la qualification. Chez les -60 kg, Yassine Moudatir a fait le nécessaire pour être à l'abri pour les qualifications puisqu'il  a remporté l'or. Je félicite aussi tous les autres athlètes : Rhizlen Zouak (-63 kg), El Mehdi Malki (+ 100kg) qui a créé la grande surprise de ces championnats en battant l'Egyptien, Islam El Shehaby, 3ème au classement mondial, sans oublier bien sûr Rania El Kilali qui a remporté deux médailles : une de bronze en + 78 kg et une d'or en open.

Y avait -il des déceptions ?

Vous savez, il y a le manque de chance dont il faut tenir compte. Je dis ça parce que tous les athlètes, y compris ceux qui n'ont pas remporté de médailles, ont donné tout ce qu'ils avaient dans le ventre. Le judo c'est comme ça, il y a toujours un vainqueur et un perdant et on doit respecter celui qui gagne parce que tout le monde se prépare pour le même objectif. Aujourd'hui, il n'y a plus de petits judokas ou de petites nations dans le domaine du sport. Nos jeunes ont tout l'avenir devant eux. Certes, notre objectif essentiel est la qualification pour les J. O.  de Londres 2012. Nous cherchons à qualifier le maximum de nos judokas pour pouvoir ramener une médaille des Jeux olympiques. Mais il y a aussi ceux qui ne se sont pas qualifiés et qui ont prouvé qu'ils sont déjà prêts à aller chercher la qualification pour 2016. Et cela, nous ne devons pas l'oublier.

Que comptez-vous faire alors ?

Il faut réfléchir à cela. Il ne faut pas abandonner ces jeunes qui seront, demain, les porte-flambeau du judo national. Il y a eu un travail qui a été fait, il y a eu une construction. Il faut terminer, faire un bilan, et passer à l'action parce que pour décrocher une médaille olympique, il faut avoir une vision à long terme, c'est-à-dire deux olympiades. Car, même si on est prêt  physiquement et techniquement, c'est la maturité qui fait la différence. Et le judo est un sport à maturité tardive. Donc, en tant que responsable du haut niveau à la Fédération, je suis satisfait des résultats. Cependant, il faudrait qu'on ait plusieurs judokas qui se bousculent au portillon.
Et en tant que responsable technique de l'Union africaine de judo, qu'elle est votre appréciation du judo continental?
Les judokas africains  ont un bon au niveau technique. Le judo africain est un judo de qualité. Il est respecté par les différentes nations. Ce que je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a plus de petites nations, de petit judo ou de grand judo. Mais il est vrai qu'il y a aussi de grands judokas.

Que manque-t-il alors aux judokas africains pour atteindre le haut niveau?

L'Afrique n'a pas les moyens pour pouvoir obtenir beaucoup plus de résultats. Car, comme vous le savez, pour percer, il faut avoir les moyens pour participer aux différentes compétitions internationales pour pouvoir figurer au classement mondial. Et ça demande beaucoup d'argent (les billets d'avion, l'hôtellerie, etc). Mais si je m'en réfère aux résultats des J. O.  de  Pékin en 2008, l'Afrique avait obtenu trois médailles : une d'argent et deux  de bronze. Cela prouve que le judo africain est un judo de grande valeur. Nous souhaitons donc que l'Afrique remporte d'autres médailles aux Jeux olympiques de Londres  2012, et que l'une d'entre-elles soit marocaine.

A qui pensez-vous particulièrement?

Je pense à Safouane Attaf (-81kg), le sociétaire d'un grand club casablancais, Marsa Maroc, que je salue. J'espère qu'il représentera dignement notre pays aux prochains Jeux olympiques et qu'il pourra enfin décrocher une médaille olympique. Il serait ainsi le premier judoka à offrir une médaille olympique au Maroc. Je dis ça, tout en sachant, bien sûr, que ce n'est pas facile. Mais c'est là notre grand souhait parce que Attaf, qui a atteint une grande maturité, mérite vraiment cette consécration. Tout ce que nous souhaitons, c'est que la chance lui sourie, et qu'il soit en forme ce jour-là. En tout cas, nous allons tout faire pour ça, tout en priant  pour lui  afin qu'il puisse enfin  nous donner cette satisfaction et ce plaisir.

Revenons-en maintenant à l'Afrique. Le niveau est peut-être lié au manque de confrontation ?

Tout à fait. Nos judokas manquent de confrontation. Or, la confrontation, il faut aller la chercher en dehors du continent parce qu'elle ne peut pas être uniquement locale. Il faudrait donc pouvoir diversifier dans ce domaine. Car si les Africains s'entraînent tout le temps chez eux avec leurs partenaires, ils finiront par se connaître, et ça ne sert plus à rien. Aussi, faut-il leur donner les moyens nécessaires pour leur permettre d'être régulièrement  présents aux différentes compétitions internationales hors-frontières. Le progrès est à ce prix-là.  

Que proposez-vous alors comme solution pratique?

Je pense que l'Afrique doit créer un centre international voire-même des centres pour favoriser la confrontation entre Africains, ce qui va créer une certaine émulation. Je vais donc veiller à la réalisation de cet objectif. Il faut qu'il y ait au moins un centre par zone géographique au niveau du continent où différentes équipes étrangères viendraient se préparer, ce qui permettrait d'offrir aux athlètes la possibilité de se mesurer avec de grands judokas et partant d'améliorer leur niveau.

Ne pensez-vous pas qu'il y aussi un effort à fournir au niveau de la formation des cadres techniques à tous les niveaux et toutes spécialités confondues ?

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Il doit y avoir une amélioration à tous les plans : physique, technique, mental. Et il faut également faire venir des coachs de renom en Afrique, et envoyer fréquemment des coachs africains à l'étranger pour se recycler. Mais il faut surtout des moyens pour permettre aux judokas africains de s'entraîner régulièrement parce que les études et le travail peuvent parfois limiter le volume horaire de préparation et d'entraînement, ce qui peut porter préjudice au sport de haut niveau. Aujourd'hui, on ne peut pas espérer avoir des médailles aux différents rendez-vous  continentaux et mondiaux, et en particulier aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques, si on ne s'entraîne que trois fois par semaine au niveau d'un club.

Un dernier mot

Je tiens à remercier les gens d'Agadir qui ont fait le nécessaire pour que ces Championnats se déroulent dans de très bonnes conditions étant donné que le Maroc a préparé cette compétition tardivement. On a donc brillamment relevé le défi. Et encore une fois, nous avons démontré que nous avons des infrastructures de qualité et des compétences avérées. Nous ne pouvons donc que nous en féliciter.


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