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une performance, «Menu pour
célibataire », aux anciens Abattoirs de Casablanca auquel ont assisté
de nombreux jeunes venus découvrir un spectacle futuriste, librement inspiré
du « Manifeste
du futurisme»
de Marinetti.
Le spectacle a été organisé en
collaboration avec
le Goethe Institut (Rabat/Casablanca), l’Institut culturel italien (Rabat), Casamémoire,
EAC-L'Boulevard
et l'Association
culturelle italienne Dante Alighieri.
Libé: Le public est venu nombreux à votre spectacle. Quel commentaire cela vous inspire-t-il?
Fosco Perinti: On est surtout content du nombre de personnes présentes ce soir. D'autant plus que ce lieu est assez nouveau et donc encore peu connu de beaucoup de gens. On ne savait pas non plus comment les informations se transmettent. Au point qu'on était surpris de voir autant de jeunes qui, à la limite, ne savaient pas ce qu'ils allaient voir, ils étaient curieux. Ce qui est formidable d'autant plus que ce soir-là nous avons extrait un menu du livre «La vie futuriste de Marinetti » qui s'intitule « Le repas des célibataires ». Il se trouve qu'il y en avait beaucoup ce soir. Nous avons au début classé le public dans trois pièces différentes : celles du «silence », de la « solitude » et du «manque de la chair humaine» où on a placé les nombreux célibataires.
Le but du spectacle est de créer une atmosphère, un environnement sonore qui soit un événement musical qui peut être par moments perturbateur et enchanteur. C'est une interprétation musicale libre, une imprégation pour les yeux, les oreilles et un corps réceptif aux sensations, vibrations, etc. et à chaque fois, c'est différent. Mais ici, il fallait composer avec un lieu très impressionnant, les Abattoirs de Casablanca. Un endroit où il y a eu beaucoup de chairs animales dont sont toujours imprégnés les murs.
Le cadre des anciens Abattoirs semble vous convenir…
C'est le genre d'endroit où on aime réaliser nos performances. Parce qu'il ne s'agit, à proprement dit, ni d'un concert ni du théâtre. C'est un mélange des arts : il y a de la musique live, de la musique électronique, des performances d'acteurs. Et ce soir, on a eu la chance d'avoir une participation de quatre danseurs et d'un musicien marocains.
Avez-vous apprécié cette collaboration avec les artistes marocains ?
On est très heureux de cette collaboration riche et fructueuse. On aimerait avoir chaque fois le temps de partager des projets comme celui-là. Malheureusement, cela n'arrive pas toujours pour des raisons d'organisation et de contacts. Nous n'avons pas de contacts dans les pays où on va jouer. Donc, si ce travail est fait, nous sommes franchement ouverts, car cela crée des liens et des chocs de cultures. Qui dit choc, dit communication, ce qui veut dire (faire) avancer vers un but commun. On fait de l'art, on veut toucher le cœur, l'âme du public, partager des choses sans forcément les expliquer, sans forcément aller dans le sens du vent. On est conscient que cela peut parfois troubler et choquer. On n'a jamais eu des réactions de refus, mais de résistance ou de surprise, d'irritation. En fait, l'art aujourd'hui est fait de cela.
Le spectacle paraît un peu complexe. S'adresse-t-il à un public particulier?
Non, il n'y a pas de public ciblé. C'est d'ailleurs pour cela que l'entrée n'est pas payante. Pour nous, ce genre de performance doit être libre. Parce qu'on aime bien stimuler la curiosité des personnes qui prennent le risque de venir, d'aimer ou ne pas aimer. Certes, beaucoup de gens sont touchés sans rien comprendre. Mais on ne veut pas expliquer quoi que ce soit. La musique ne s'explique pas : on est touché ou on ne l'est pas. On est dans un univers fait de matériaux différents, tour à tour âpres, mélodieux et surprenants. Ce qui importe, c'est qu'il y a de la place pour tout le monde. Les gens doivent peut-être parfois penser que c'est du bruit, que ce n'est pas de la musique ; je peux par contre vous rassurer que pour nous, c'est une partition : il n’y a nullement d'improvisation dans ce qu'on fait et tout est décidé et calculé.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour monter ce spectacle ?
Nous avons travaillé pendant trois jours pour monter ce spectacle créé uniquement pour Casablanca, puisqu'il n'aura lieu nulle part ailleurs.
Ce qu'il faut savoir, c'est que les 28 spectacles qu'on a donnés ces deux dernières années étaient à chaque fois uniques avec une structure et une colonne vertébrale montées en fonction du lieu et du milieu où nous jouons. Ce sont à chaque fois des dispositifs scéniques, acoustiques et visuels différents.
Qu'aimeriez-vous que le public retienne de votre spectacle ?
Qu'il faut découvrir les choses et ne pas avoir peur d'ouvrir les portes. Ce soir, de nombreux spectateurs n'avaient jamais vu ou entendu parler de ce genre de performance mais ils sont quand même venus. On souhaite simplement que les gens n'aient pas peur de s'approcher des choses inconnues. Au Maroc, comme ailleurs, on a besoin d'expériences audacieuses mais également d’un public courageux.
On ne peut que souhaiter aux Casablancais de s'aventurer dans d'autres lieux, de retourner aux Abattoirs qui, j'espère, continueront à faire vivre ce genre d'expérience et l'art en général.