Entretien avec Ahmed Dahi


Propos recueillis par A.E.K.
Vendredi 15 Juillet 2011

Entretien avec Ahmed Dahi

“L’artisanat saharien fait partie intégrante du patrimoine national”Ahmed Dahi est natif de Laâyoune au début des années 60. Après des études primaires et secondaires dans les établissements scolaires espagnols de Laâyoune, il s’est installé à Casablanca où il a obtenu son baccalauréat, pour
se rendre ensuite à Grenade, en Espagne, où il a obtenu l’équivalent d’une licence en droit. Il occupe le poste de délégué régional du ministère de l’Artisanat à Laâyoune
Entretien.

Libé : Quel est l’objectif de l’organisation d’une telle exposition à Laâyoune ?

Ahmed Dahi : L’objectif que nous visons à travers l’organisation est de faire découvrir le produit de l’artisanat saharien. Nous visons aussi à développer les moyens de commercialisation de ce produit et à pérenniser sa production.
C’est, d’ailleurs, dans le cadre de cette pérennisation et du développement des moyens d’approvisionnement en matières premières que sont l’argent et le cuir  que le bureau d’études UCOTRA a présenté un projet relatif à ces approvisionnements. Ce même bureau  devra présenter une seconde étude relative au moyen de communications concernant l’artisanat saharien et la préparation de succession des anciens artisans de façon à garantir la pérennité de cet artisanat qui est partie essentielle du patrimoine culturel saharien.

Nous savons que le métier d’artisan dans les provinces sahariennes est héréditaire. Comment est perçu cet aspect par vos services ?

Le fait que le métier d’artisan dans les provinces sahariennes soit héréditaire est une réalité très bien perçue par les services de la délégation de l’artisanat. Elle est bien perçue, d’abord, parce que cette réalité facilite la tâche des formateurs, d’une part. D’autre part, ce fait limite le nombre de prétendants aux seuls originaires des familles traditionnellement connues pour appartenir à cette frange de la société.

A combien estimez-vous le nombre d’artisans traditionnels exerçant ce métier dans la ville de Laâyoune ?

Le nombre d’artisans qui s’adonnent à ce métier et qui, cela va de soi, sont des artisans héréditaires est de 10.000 artisans, tous  métiers confondus (argent, cuir, bois et cuivre). Cela va de soi, parce que pour accéder à ce métier, nous exigeons que le prétendant soit artisan d’origine.
Quelle est la contribution de la délégation régionale de l’artisanat de Laâyoune dans le développement de ce secteur sur le plan national ?
L’artisanat marocain est parmi les plus riches et les plus variés sur le plan international. Mais chaque région a ses spécificités. Nous comme les autres régions, nous avons nos spécificités qui représentent des traditions séculaires. Nous contribuons au développement de l’artisanat national au même degré que les autres délégations du pays, tout en veillant à garder nos spécificités.

Il était d’usage que l’artisan soit formé dans son milieu familial de façon traditionnelle. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La formation dans le milieu familial telle qu’elle était pratiquée chez nos artisans, demeure très efficiente. Pour l’améliorer, nous avons créé un centre de formation professionnel, au sein de la délégation qui est géré par celle-ci. Les étudiants y subissent une formation de deux ans que sanctionnée d’un diplôme qui permet au jeune artisan, après une période de perfectionnement pratique, d’ouvrir son propre atelier.
La formation dispensée dans ce centre concerne la bijouterie, la maroquinerie et la couture. La bijouterie est un métier uniquement masculin ; la maroquinerie est exclusive aux femmes, alors que la couture peut être pratiquée par l’un ou l’autre.
Mais il y a une chose sur laquelle j’insiste, c’est que quel que soit le métier pratiqué par l’artisan, celui-ci doit expressément veiller à lui préserver son identité typiquement sahraouie. D’ailleurs, l’aspect identitaire est le seul garant de la pérennité du domaine.

Comment les artisans peuvent-ils commercialiser leurs produits et quel rôle joue la délégation pour les aider dans ce sens ?

La commercialisation des produits de l’artisanat se fait, soit directement dans les foires nationales et internationales, soit à travers la maison de l’artisan au niveau du ministère qui assure cette tâche. Néanmoins, nous avons signé des conventions avec de grandes surfaces comme El Corte Inglès, en Espagne, les Galeries  La Fayette, en France ou DKW, en Allemagne. Ces conventions nous permettent d’avoir des stands d’exposition dans ces magasins qui commercialisent nos produits et qui sont très prisés dans ces pays.


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