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Entre guerre et pandémie, les enfants yéménites reprennent l'école


Libé
Dimanche 5 Septembre 2021

Alors qu'au Yémen en guerre, la nouvelle année scolaire a commencé miaoût, des élèves suivent à Taëz (sud-ouest) les cours, agenouillés à même le sol dans la cour d'une maison en construction, qui fait office d'école. Dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique, en proie à un conflit meurtrier depuis 2014 qui a tué des dizaines de milliers de personnes et déplacé des millions d'autres, de très nombreux enfants ne peuvent pas se rendre à l'école. Ceux qui sont scolarisés doivent souvent faire avec les moyens du bord: sans chaises ni bureaux ni toilettes, comme dans l'école Al-Thulaya, à Taëz. "Un jour on étudie à même le sol, un autre on étudie sur le toit et parfois on étudie dans la rue", raconte à l'AFP Leïth Kamel, un jeune écolier de 12 ans. "Ca fait quatre ans que nous attendons d'étudier dans une vraie école", regrettet-il. Depuis le début du conflit, plus de 2.500 écoles ont été détruites ou transformées en camps de réfugiés ou installations militaires, rapporte l'ONU. Avant le début de la pandémie, environ deux millions d'enfants n'étaient pas inscrits à l'école, selon la même source. Et ce chiffre risque encore de grimper, avertit-elle. Les quelque 900 élèves inscrits à l'école d'Al-Thulaya paient chacun 700 rials (un dollar) pour les frais d'inscription annuels. Le gouvernement n'est pas en mesure de fournir de l’aide, expliquent à l'AFP les responsables de l'école. Les frais d'inscription sont principalement dédiés au paiement du loyer de ce bâtiment gris, qui n'a ni fenêtres ni système d'égout. Nombre d'élèves ont abandonné les cours. "Nous perdons des élèves car les services de base sont absents comme les toilettes ou les chaises", raconte Abdelghani Mihyoub, directeur d'Al-Thulaya. "La plupart des cours sont administrés dehors." Et dans cette école surchargée, les "enfants tombent malades tout le temps", soupire l'institutrice Asia Ameen Ahmad. Assiégée par les rebelles depuis 2015, Taëz est l'une des villes les plus affectées par la guerre, déclenchée en 2014 par la prise de Sanaa par les rebelles Houthis. Entourée de montagnes et habitée par environ 600.000 personnes, elle a été maintes fois bombardée par les rebelles. Les 30 millions d'habitants du Yémen --qui affrontent depuis plusieurs années la pire crise humanitaire au monde, selon les termes de l'ONU-- doivent aussi faire face à la propagation du coronavirus. En août, les autorités ont mis en garde contre une troisième vague de la pandémie dans ce pays où les infrastructures sont loin d'être conformes aux normes sanitaires et les masques sont pour beaucoup un luxe inabordable. Environ 8.000 cas et plus de 1.470 décès ont été enregistrés, mais les vrais chiffres seraient bien plus élevés, indique l'ONU, qui souligne l'absence de moyens de dépistage. La pandémie a tronqué de plusieurs mois les deux dernières années scolaires, a déclaré à l'AFP le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Cela a perturbé "l'éducation d'environ 5,8 millions d'élèves en primaire et au collège, y compris celle de 2,5 millions de filles. " Et plus, 170.000 instituteurs -- soit les deux tiers des professeurs du pays-- ne touchent pas leur salaire de manière régulière depuis plus de quatre ans en raison du conflit qui a divisé le pays, selon l'Unicef. Quatre millions d'enfants supplémentaires pourraient voir leur éducation perturbée par ces facteurs, d'après l'agence. La guerre au Yémen oppose les forces du gouvernement appuyées par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, aux rebelles houthis soutenus par l'Iran. Environ 3,3 millions de personnes ont été déplacées par le conflit et quelque 80% de la population est confrontée à des risques accrus d'épidémie et de famine. Leur survie dépend de l'aide internationale.


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