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Entre Lapassade et la “Passat”, la dignité des Souiris bafouée à l’extrême


Abdelali Khallad
Vendredi 1 Décembre 2017

Choqué par l’état de dégradation physique de Mogador, ville qu’il avait aimée de tout cœur, Georges Lapassade opposa à l’entrée de la ville une pancarte ou il avait écrit «Essaouira, une ville à vendre ». Plusieurs décennies après, la dégradation a atteint les âmes, les gens, et la « gamelle » de plusieurs centaines de milliers d’habitants de cette province, proie à une vraie misère économique et politique. La Volkswagen «Passat», acquise et affectée par le président du Conseil provincial à son assistante, par la suite nommée directrice des services, en est l’un des indicateurs les plus scandaleux !
Suite au drame de Sidi Boulaalam, le Conseil provincial d’Essaouira a été fortement fustigé par les citoyens. Un sit-in organisé à la place Moulay El Hassan lui a imputé l’entière responsabilité quant à l’appauvrissement de la province, et une pétition signée par plusieurs associations a critiqué le mode de gestion de son président. La «passat» est ainsi devenue synonyme de déperdition de deniers publics, d’appauvrissement d’une si pauvre province, et d’absence de tout contrôle ou vision de développement.
«Lapassade a consacré 20 ans de son existence à son amour pour Mogador. Un amour qui l’a poussé à donner le meilleur de lui-même pour faire jaillir tout ce qu’il y a de beau et de mieux à Essaouira. Aujourd’hui, la province est la proie d’une poignée de gestionnaires qui font tout pour garder la mainmise, véhiculer les images blessantes, et optimiser les facteurs fragilisants», a regretté un vieux Souiri profondément affecté  par la dégradation politique et administrative de la province.
Lundi 27 novembre 2017, vers 17h, le gouverneur d’Essaouira a été auditionné par le procureur du Roi près le tribunal de première instance. Un interrogatoire qui rentre dans le cadre d’une enquête judiciaire déclenchée suite au décès de 15 femmes à l’occasion de l’opération de distribution chaotique « du panier de la honte » par une association locale à Sidi Boulaâlam.
D’après des sources confirmées, le président de l’association et plusieurs responsables relevant des services concernés ont été à leur tour convoqués et auditionnés par le procureur du Roi.
Par ailleurs, la mission des auditeurs dépêchés à Essaouira par le ministère de l’Intérieur  au lendemain du drame a pris fin mardi 28 novembre 2017. Un audit administratif  qui a concerné plusieurs dossiers afférents à la gestion de la province.
Problèmes d’eau potable, de voiries, de services sanitaires et socio-culturels, et misère économique, voilà une province qui semble manquer de tout malgré les grands efforts déployés depuis  presque une décennie pour  son désenclavement.
«Les programmes de désenclavement d’Essaouira ont  a priori besoin d’un vrai séisme administratif et politique pour aboutir. Le développement a besoin de développeurs et non de ces médiocres responsables… Essaouira est constamment tirée, ces dernières années, vers le bas à cause de la  médiocrité administrative et politique qui la prend pour otage», a précisé un acteur associatif au Chiadma.
Le 1er juillet 2016, « Libé » a publié un article intitulé « La lente décrépitude d’Essaouira »  dans lequel  le journal a fait l’écho de la  doléance d’une visite Royale partagée par les habitants. Un vœu traduisant fidèlement l’état d’agacement d’une province qui se trouve au centre d’un projet destructeur, favorisant la médiocrité et semant la confusion dans plusieurs domaines, notamment politique.
Une province qui a besoin de compétences administratives dynamiques, attentives à ses besoins, ses mutations et ses ambitions.
« Le vœu d’une visite Royale est une sonnette d’alarme, synonyme d’une crise de confiance entre les citoyens d’une part, et les responsables en place, d’autre part.  Aujourd’hui, la province a besoin, plus que jamais, d’une visite Royale qui boostera son processus de désenclavement et changera les structures et les mentalités», a tenu à expliquer un habitant de Mogador.


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