
Le neuvième chancelier allemand de l'après-guerre, qui a succédé mercredi à Angela Merkel et pris possession de son nouveau bureau à la chancellerie, est déjà à pied d'oeuvre, bien conscient qu'il ne bénéficiera d'aucun état de grâce.
Première urgence: la situation sanitaire, toujours très dégradée en Allemagne malgré une ruée sur les troisièmes doses de vaccin ces derniers jours.
L'Allemagne a encore enregistré jeudi plus de 70.000 nouvelles infections et 465 décès liés au Covid-19, avec un taux d'incidence sur sept jours de 422,3. Dans ce contexte inquiétant, en particulier dans des régions d'ex-RDA qui dépassent les 1.000 cas pour 100.000 habitants, le nouveau chancelier devait présider mercredi après-midi sa première réunion de crise avec les 16 Länder du pays.
Une semaine après une réunion alors présidée par Angela Merkel et qui avait durci nettement les restrictions visant les non-vaccinés, cette nouvelle rencontre ne devrait pas forcément déboucher sur de nouvelles mesures.
"Le Bundestag est en train de discuter de la mise en oeuvre de toutes ces mesures (décidées la semaine dernière). C'est très vaste. Beaucoup de choses sont nouvelles, qui n'existaient pas il y a un an", en particulier le fait de réserver l'accès aux lieux non essentiels aux personnes vaccinées ou guéries, a expliqué mercredi soir le nouveau chancelier.
Avant de faire voter l'obligation vaccinale dans les prochaines semaines, le gouvernement devrait toutefois prendre position sur la vaccination des enfants, après un avis rendu dans la journée par la commission vaccinale allemande.
Les premiers pas du nouveau ministre de la Santé, l'expert social-démocrate Karl Lauterbach, seront particulièrement scrutés.
Ce médecin de 58 ans, dont la compétence est reconnue par le monde médical lui-même, est plus réputé pour ses sorties tonitruantes dans les médias et réseaux sociaux que pour sa capacité à travailler en équipe et à diriger une administration.
La nouvelle équipe doit achever en parallèle son installation avec d'ultimes passations de pouvoirs, dont une très attendue à la mi-journée au ministère des Finances entre M. Scholz, grand argentier du gouvernement Merkel, et le libéral Christian Lindner.
Le patron du parti FDP, une des trois formations de la nouvelle coalition, est à 42 ans un des poids lourds de la nouvelle équipe même s'il n'a aucune expérience ministérielle.
Les débuts de ce tenant de la rigueur budgétaire et du mécanisme de "frein" à l'endettement devraient être observés par les partenaires européens de la première économie de l'Union européenne.
Une autre figure du gouvernement Scholz, l'écologiste Annalena Baerbock, première cheffe de la diplomatie allemande, est, elle, déjà en action avec des visites officielles jeudi à Paris et Bruxelles.
Elle aussi dépourvue d'expérience ministérielle, la ministre âgée de 40 ans devait rencontrer jeudi matin son homologue français, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense puis des Affaires étrangères depuis près de dix ans.
Mme Baerbock, partisane d'une ligne plus offensive à l'égard de la Chine, devait poursuivre jeudi son périple à Bruxelles pour des entretiens avec le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, puis le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.
Nancy Faeser, toute première femme ministre de l'Intérieur, devait participer jeudi pour sa part à une première réunion avec ses homologues à Bruxelles.
Vendredi, ce sera au tour d'Olaf Scholz lui-même de se rendre à Paris pour sa première visite officielle, réservée comme tous ses prédécesseurs à la France.