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En proie à des agressions à tout va : La palmeraie de Tafraout en danger de disparition


IDRISS OUCHAGOUR
Mardi 3 Janvier 2012

En proie à des agressions à tout va : La palmeraie de Tafraout en danger de disparition
Dès que le regard embrasse Tafraout du haut de ses collines, des milliers de palmiers dattiers s’étendent à perte de vue, peuplant la plaine à la sortie ouest de la ville jusqu'à la splendide gorge du mythique village Aday cerné par d'imposantes montagnes de blocs granitiques de couleur rose et ocre, créant ainsi le paysage contrasté d'une merveilleuse «oasis» à la lisière du centre urbain de Tafraout! Ce n'est pas là une «image d'Epinal» dont nous «gratifient» habituellement certains guides touristiques d'une destination en mal de promotion. Loin s'en faut ! C'est l'image qu'offre réellement la palmeraie de Tafraout. Sauf que depuis une décennie,  cet admirable patrimoine phoenicole a subi  tant d'infortunes qu'il donne actuellement l'image d'un malade agonisant à petit feu. Une simple virée in situ   est suffisante pour s'apercevoir du constat révoltant : un sauvage débroussaillage lui a été infligé. «En effet, la palmeraie se réduit comme une peau de chagrin depuis des années. Il s'agit de  plusieurs hectares et de centaines de palmiers; c'est affligeant !», se plaint sur un ton nostalgique. Da Brahim, un octogénaire de Tazekka dont la famille est propriétaire de plusieurs terrains dans la palmeraie, avant d'ajouter: «Au rythme où vont les choses, d'ici quelques années, il ne restera plus de ce patrimoine que des souvenirs  immortalisés par des cartes postales vendues pour touristes».
A l'origine de ce déplorable état, plusieurs facteurs combinant aussi bien l'acharnement   humain que climatique. Les coupes interviennent en tête des actions incriminées. L'abandon des habitants des douars riverains de l'activité agricole, à cause de l'émigration vers les villes, a accru ce phénomène.  Ce désintérêt qui a fait disparaître dans la foulée les services des gardes champêtres a donc laissé les coudées franches aux pratiques de maraudage et l'abattage   des palmiers pour la vente commis par les citadins riverains.
«Les propriétaires préfèrent abattre leurs palmiers et les récupérer pour des besoins de chauffage ou autres plutôt que de les laisser à la merci de la rapine qui les guette», avoue Da Brahim. Mais cela n'est pas la seule explication de   cet acharnement. L'urbanisation galopante de la ville  fera grignoter bientôt le peu de foncier disponible destiné aux constructions. Flairant ainsi la future explosion des prix de leurs terrains situés dans la palmeraie, les propriétaires terriens préparent déjà leurs parcelles à cet effet.
D'où le recours à leur «défrichement» dans le but d'ôter à ces terrains toute vocation agricole. Un statut qui se mettra à coup sûr en travers de leur «projet». C'est dire l'existence d'une volonté agissant dans le sens de l'exécution d'un carnage pour faire disparaître ce patrimoine !. Les facteurs naturels défavorables interfèrent pour donner un coup d'accélérateur au forfait meurtrier incitant davantage aux coupes. Les sécheresses successives dans la région ont ainsi achevé des centaines de palmiers. En sus des maladies -notamment Bayoud- qui ont apporté leur lot de victimes dans cette «boucherie». Sauvegarder et ressusciter ce patrimoine végétal de Tafraout qui a toujours fait sa beauté et sa renommée touristique est urgentissime. Cela ne peut se faire qu'à travers un plan de sauvetage dans le cadre d'un projet agricole intégré.
Une synergie entre trois partenaires /acteurs   interpellés par cette œuvre se doit d'être créée et relancée, à savoir le ministère de l'Agriculture, la municipalité de la ville et le tissu associatif du développement local, propose Mustafa Alimi, élu de Tazekka à la municipalité.  Il serait ainsi judicieux de procéder en premier lieu au   lancement d'un vaste programme de reboisement des terrains dégarnis de la palmeraie. Ensuite, il faut mettre en application un programme de lutte contre les maladies qui rongent les palmiers et entretenir ceux qui sont encore sains. La proximité de la palmeraie de la station d'assainissement  de la ville est un atout à exploiter pour les besoins de l'irrigation.  
La municipalité est appelée à agir afin de mettre en place un programme d'adduction des eaux épurées vers les lieux et créer un système d'irrigation. De ce fait, il faut ressusciter auprès des propriétaires l'intérêt pour l'exploitation agricole de la palmeraie. Tout au long de ce processus, les associations et coopératives des villages avoisinants doivent donc être associées dans une approche partenariale et  sont tenues de sensibiliser la population à l'importance écologique et environnementale de la palmeraie et du maintien de son écosystème. Sans oublier, bien entendu, qu'il ne faut plus tolérer les coupes de palmiers, tout en activant les procédures pénales à l'encontre des contrevenants.
En réhabilitant ainsi la vocation agricole  de la palmeraie, les exploitants se redécouvriront  ainsi une ressource et une activité d'appoint qui les incitera à assurer eux-mêmes  la préservation de la palmeraie. D'autre part, cette dernière pourra être exploitée autrement par le renforcement de son attrait touristique, par son aménagement et la mise en place de sentiers de randonnées, de balades pédestres et des aires de bivouac. Ce n'est pas tirer des plans sur la comète puisque les moyens matériels et financiers à mobiliser ne sont pas énormes. Tout le monde appréciera les résultats, d'autant plus que c'est désormais la seule zone verte de la cité, le béton ayant ravagé tous les autres espaces verts de Tafraout. Laisser mourir la palmeraie serait un crime contre l'environnement, les habitants et les visiteurs. Il y a donc urgence à la sauver.

Mauvais présage

Un projet de construction d'un Centre de formation professionnelle à Tafraout est en gestation. Dans la foulée, l'acte d'achat d'un terrain pour ce faire serait déjà sur le point d'être conclu avec une association villageoise, propriétaire de la parcelle en question. Mais le problème est que ledit projet sera construit au cœur de la palmeraie, zone interdite aux constructions, comme  stipulé par le schéma directeur de la ville! Même dans le cas contraire, il serait injuste de tolérer une telle agression à l'encontre de ce patrimoine oasien épargné jusque-là par les constructions. Les associations touristiques et de l’écologie dénoncent cette action irréfléchie et exhortent les autorités provinciales à intervenir pour mettre fin à ce projet. Ceci d'autant plus que le prétexte du  foncier mis en avant ne tient pas debout du fait que le collège Atlas et le lycée qualifiant de la ville disposent de terrains inexploités qui sont à même d'accueillir non seulement ce projet, mais plusieurs  autres. Cette option aura en plus le grand mérite d'épargner au contribuable la bagatelle de 3 millions de dirhams débloqués pour l'acquisition du terrain se trouvant au cœur de la palmeraie. Bref, il est fort à parier qu'il y a anguille sous roche.


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1.Posté par Abdellah Ouchagour le 03/01/2012 23:33
Ya Ba ab Ya Khaiii, Loukan fi chamal a oula fi FES, les choses auraient été différentes.... à Tafraoute Tamazirt Enou... Tout le reste s'en fout.... Au moins il y a un journaliste, écologiste et bien en vue du futur à léguer à nos enfants ...un jour.
Le "jemenfoutisme" marie' à l'ignorance est le mal accroissant Marocain, plus précisément Berbérophone, qui nous met aujourd'hui à la merci des sans-scrupules qui n'agissent que par intérêt ou accumulatif profit qui ne durera que pour son faiseur au détriment de tout un monde, Humain, animal et végétale ....les seuls à souffrir en silence...Malheureusement ne possèdent pas de bétonnière pour bloquer les exploitants aveugles et assoiffés de plus de DIRHAMS.

Merci Mr. Ouchagour de soulever ce problème primordiale pour la survie de la région et il y en a bien d'autres....La iLLaha Illa ALLAH

Aba Abd

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