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En Chine, des cirques accros à leurs animaux sauvages


Libé
Vendredi 20 Juillet 2018

Un tigre entravé, une lionne sans queue, un ours balafré: pour attirer le public et survivre économiquement, de nombreux cirques chinois continuent à mettre en scène des espèces menacées, avec des animaux parfois victimes de maltraitance.
Sous l'immense chapiteau rouge et blanc du cirque Zhongxin, un tigre de Sibérie posté sur ses pattes arrières rugit sur commande et saute à travers des cerceaux enflammés. Suivent des numéros avec des lions et un ourson blessé au museau.
Mais dans la chaleur étouffante de Dongguan, dans la province du Guangdong (sud), le public est clairsemé: autour de la piste, à peine une dizaine de spectateurs sont présents.
Les numéros d'animaux sauvages suscitent un émoi grandissant dans le monde, certains pays ou villes les ont même bannis.
La Chine, elle, possède une législation relativement laxiste en matière de bien-être des animaux. Aucune loi n'existe par exemple pour réguler leurs conditions de vie dans les cirques itinérants.
Pour autant, ces derniers jouent un rôle éducatif dans un pays de plus en plus urbanisé, affirme Li Weisheng, directeur du cirque Zhongxin.
"Beaucoup de Chinois vivent dans de grandes villes d'où il est difficile d'avoir un aperçu de la vie sauvage. Nous leur faisons découvrir la nature", déclare-t-il à l'AFP.
Les fauves sont l'un des principaux moyens d'endiguer la baisse d'affluence enregistrée par les cirques chinois ces dernières années, explique M. Li à l'ombre du chapiteau.
Les deux propriétaires de la troupe ont été arrêtés en 2016 pour avoir transporté des espèces menacées sans permis. Condamnés à des peines de 8 et 10 ans de prison, ils ont finalement été acquittés lors d'un second procès l'an dernier.
La ménagerie du cirque Zhongxin comprend un tigre, deux lions, un ours noir âgé de deux ans et une meute de chiens. Tous passent l'essentiel de leur temps dans d'étroites cages en métal.
Le tigre et une lionne à la queue coupée partagent la même cage, dans laquelle ils font nerveusement les cent pas. Ils sont cependant autorisés à se détendre sur la piste de cirque plusieurs fois par jour. Quant à l'ours, il saisit les barres supérieures de sa cage et se balance frénétiquement d'avant en arrière.
Le cirque assure dépenser chaque mois 18.000 yuans (2.300 euros) pour l'entretien des animaux. La troupe est sous pression pour rentabiliser l'investissement.
La présence de fauves constitue cependant un risque pour les artistes qui évoluent à leurs côtés.
Zhu Mingming, un acrobate de 18 ans, exhibe ses bras couverts de cicatrices: "J'étais jeune et je jouais avec un tigre", explique-t-il.
L'an passé, un tigre a attaqué son dresseur dans un autre cirque, en représentation dans la province du Liaoning (nord-est).
Les cirques ont une histoire de plus de 2.500 ans en Chine. Appelés "maxi" en mandarin -- ce qui signifie littéralement "cascades sur cheval" --, ils montraient à l'origine des acrobaties réalisées sur des équidés au galop.
L'utilisation de fauves, de singes ou d'ours est une pratique beaucoup plus récente dans le pays asiatique.
Elle se heurte cependant à l'opposition croissante de l'opinion publique, de plus en plus sensibilisée aux conditions de vie des animaux en captivité.
Des vidéos de violences contre les fauves sont régulièrement diffusées sur Internet. Des images d'un tigre ficelé à terre dans un cirque pour que des spectateurs puissent se prendre en photo sur son dos ont provoqué un tollé.
Pour Yang Zhiyuan, président de l'Association Yongqiao, qui fait la promotion du cirque dans la province de l'Anhui (centre), le traitement des animaux doit être amélioré.
"Leurs conditions de reproduction, de logement, de santé et leur régime alimentaire doivent répondre à certaines exigences et cela doit faire l'objet de normes", déclare-t-il à l'AFP.
Les membres du cirque Zhongxin entendent cependant préserver leurs traditions.
"Chaque artiste commence à s'entraîner dès l'enfance et les plus anciens transmettent ensuite leur art. Peu d'entre nous ont suivi une scolarité classique", souligne Qi Shimin, un professeur d'acrobaties de 50 ans.
Bientôt, la caravane se remettra en branle. Au programme: 28h de route vers le Nord-est de la Chine, avec l'espoir que les températures plus fraîches seront davantage propices aux affaires.


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