“Emwas” Des souvenirs en reconstruction

La résurrection d’un village palestinien à travers les mémoires de ses anciens habitants


DNES : Mehdi Ouassat
Mardi 26 Mars 2019

Le cinéma palestinien en fête à Tétouan

La réalisatrice Dima Abu Ghoush est née dans le village d’Emwas en Palestine, mais elle a été forcée de le quitter à l’âge de deux ans, comme tous les autres villageois, au second jour de la guerre de 1967. Toute sa vie elle a entendu des histoires à propos d’Emwas, mais elle ne connaît ce lieu qu’en tant que parc public, car c’est ainsi qu’Israël a transformé le village, quelques années après l’avoir démoli. En 2009, Dima, avec l’aide de sa famille et de ses amis, décide de reconstruire Emwas sous la forme d’une maquette, dans un film documentaire de 52 minutes.
Le film retrace son parcours, ses collectes de documents et de photos, ses rencontres avec des habitants d’Emwas et leurs histoires, tout en braquant la caméra sur la maquette du village qui prend forme à partir des mémoires et des témoignages, notamment ceux des moines du monastère de Latroun qui ont survécu à la démolition. A leurs côtés, les témoignages oculaires d’ex-soldats israéliens qui se trouvaient à Emwas pendant la guerre et qui, pour la plupart d’entre eux, regrettent d’avoir participé à ce massacre.
Ce film, projeté dans le cadre de la célébration du cinéma palestinien au Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, a réussi à redonner vie à Emwas à travers la mémoire de ceux qui y ont habité, et à soulever des questions sur le futur de cette bourgade disparue et de ses anciens habitants qui rêvent encore d’y retourner, à l’instar de tous les réfugiés palestiniens dispersés à travers le monde entier.
Il est à rappeler que Dima Abu Ghoush qui est également écrivaine vit toujours en Palestine. Après avoir gagné en 2002 la prestigieuse bourse Chevening pour étudier au Royaume-Uni, elle obtient son master en Film and TV Production à l’Université de Bristol. Elle a travaillé en tant que réalisatrice et productrice indépendante sur plusieurs courts métrages, avant de cofonder Collage Productions, société de production indépendante basée en Palestine. Elle a realisé «First Love» et «Church of the Holy Sepulcre» en 2010 et «Jerusalem Neighbourhoods» en 2011. «Emwas, des souvenirs en reconstruction» est son premier film documentaire.
Pour ce qui est des projections dans le cadre de la compétition officielle du Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, les festivaliers ont pu découvrir, lundi, le long métrage français «Nos batailles» du réalisateur Guillaume Senez. Le film raconte l'histoire d’Olivier, un ouvrier qui se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Du jour au lendemain, sa femme, Laura, quitte le domicile sans prévenir. Elle n’est pas allée chercher ses enfants à l’école et n’a rien laissé, pas un mot, pas une lettre, juste du vide et des questions. Olivier se retrouve alors dans l’obligation de concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre.
Guillaume Senez, réalisateur du film, est auteur de plusieurs courts métrages sélectionnés dans de nombreux festivals. En 2016, il sort son premier long métrage "Keeper" avec lequel il a participé à plus de 70 festivals et remporté une vingtaine de prix aux quatre coins du monde. "Nos batailles", sélectionné à la semaine de la critique (Cannes 2018), est son deuxième long métrage.


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