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Elections en Tunisie : La victoire du parti Ennahda n’est pas une surprise


AFP
Vendredi 28 Octobre 2011

Elections en Tunisie : La victoire du parti Ennahda n’est pas une surprise
La victoire qui se dessine du parti islamiste Ennahdha dans les premières élections en Tunisie pour une Assemblée constituante n’est pas une surprise, de l’avis d experts en relations internationales et d’universitaires à Paris. Pour la responsable du programme Moyen-Orient / Maghreb à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Mansouria Mokhefi, dans un "pays où l'opposition a été muselée pendant des décennies, seuls les islamistes, réprimés, emprisonnés, exilés, torturés ont réussi à occuper le terrain à travers un vrai travail de maillage social et d'entreprises caritatives".
"Le parti Ennahdha bénéficie aujourd'hui d’une image propre par rapport à la corruption et aux abus du régime Ben Ali. Il n’y a pas lieu d’être surpris car le retour triomphal (janvier dernier) de son chef était déjà une indication de la popularité de cette mouvance. De plus, la forte mobilisation dans tout le pays, jusqu' aux plus petits villages, a permis de le positionner comme la seule force véritablement structurée", a-t-elle indiqué à l APS.
Pour l’experte de l’Ifri, force est de constater que ce sont les "partis se revendiquant de l'islam qui semblent correspondre aux voeux et attentes d'une grande partie de la population des pays arabes, qui rejettent les idéologies et modèles importés, et privilégient des systèmes qui sont plus en adéquation avec leur identité et leur culture".
"Il n’y a donc pas de surprise, même si cela arrive dans le pays (Tunisie) présenté comme étant le plus laïc du monde arabe, une volonté de Bourguiba et une réalité jusqu il y a 10 à 15 ans", a-t-elle soutenu, signalant que ceci étant, il ne faut pas oublier que, même si 40% des électeurs ont donné leurs voix à Ennahdha, il n’en demeure pas moins que 60% ne semblent pas se reconnaître, pour le moment du moins, dans ce parti. Sur la réaction des Occidentaux, la spécialiste des questions du Moyen-Orient et du Maghreb a fait savoir que les pays occidentaux "vont devoir s'adapter, car ils ne sont plus les seuls interlocuteurs des pays arabes". "D'autres acteurs internationaux (Chine, Brésil, Afrique du Sud, Turquie ) sont présents ou s’y intéressent, et ceux-là ne charrient pas avec eux les lourds contentieux de la France ou des Etats-Unis", a-t-elle dit.
Le spécialiste du monde arabe, Alain Gresh, démystifie, de son côté, le "spectre islamiste"   en Tunisie.  "Je ne pense pas que les gens qui ont voté Ennahdha en Tunisie veulent une +dictature islamiste+" , a-t-il dit, dans une conférence de presse à Paris sur les révolutions arabes. Pour lui, le fait que l’islam joue un rôle majeur dans les sociétés arabes est une  "évidence».  "Cette victoire intervient 30 ans après la Révolution iranienne et les échecs de tentatives d’installations de régimes islamistes dans certains pays arabes" , a relevé le directeur-adjoint du Monde diplomatique, affirmant que la mouvance islamiste évolue aujourd hui dans un monde plus ouvert où  "elle doit composer avec d’autres forces politiques et dans lequel son discours n’est plus perçu comme parole sacrée" .
Selon le spécialiste du Maghreb et historien à Paris-1, Pierre Vermeren, il s’agit d un vote "nationaliste" et Ennahdha draine un "héritage idéologique, entretenu par l’éducation et les chaînes arabes que les Tunisiens regardent".
"Pour les Tunisiens, il n’y a pas d’incompatibilités entre islam et liberté ( ) Ils veulent tourner la page d’un régime corrompu et estiment que des religieux respecteront davantage le contrat moral ", a-t-il indiqué. Selon des résultats partiels, le parti islamiste a déjà obtenu 28 des 55 sièges (217 sièges au total) dans les neuf circonscriptions où le dépouillement a été achevé. Faute d’une majorité absolue à l’Assemblée, Ennahdha sera contraint de nouer des alliances avec d’autres formations politiques pour diriger le pays. Une fois au complet, l’Assemblée constituante de 217 élus devra désigner ou élire un nouveau président de la République, qui lui-même formera un nouvel exécutif.


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