Cinquante ans plus tard, ce serment s’est transformé en souveraineté consolidée. L’épopée initiée dans le désert en 1975 a trouvé son prolongement diplomatique, juridique et politique à l’échelle mondiale. Le chemin fut long, souvent sinueux, parfois rude, mais jamais interrompu. Du jour où les marcheurs ont foulé le sable du Sahara jusqu’à la résolution historique du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée le 31 octobre 2025, le Maroc n’a cessé d’avancer avec méthode, constance et vision.
Les années du défi
Les premières années qui suivirent la Marche Verte furent celles de la consolidation et de la résistance. Après les Accords de Madrid du 14 novembre 1975, par lesquels l’Espagne mit fin à sa présence coloniale au Sahara en transférant l’administration du territoire au Maroc et à la Mauritanie, une ère d’incertitudes s’ouvrit. Tandis que le Maroc œuvrait à l’intégration pacifique de ses provinces sahariennes, un mouvement séparatiste armé, soutenu et instrumentalisé par l’Algérie, prenait forme: le front polisario. Dès 1976, celui-ci proclamait une entité fictive, la soi-disant RASD, qui ne devait sa survie qu’à la protection militaire et diplomatique d’Alger.
Le Maroc, alors, fit face à une double bataille: sur le terrain, défendre son intégrité contre les incursions armées; sur la scène internationale, faire reconnaître sa légitimité historique. Les années 1970 et 1980 furent celles de la bataille diplomatique au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), où les divisions du continent furent exploitées pour faire admettre la pseudo-«RASD». En 1984, malgré les protestations de Rabat, l’organisation panafricaine intégra cette entité sans existence réelle, conduisant le Maroc à suspendre sa participation à l’OUA, dans un geste de dignité et de principe.
Mais cette épreuve, loin d’affaiblir le Royaume, renforça sa cohésion intérieure. Pendant que ses adversaires s’enfermaient dans les discours idéologiques, le Maroc construisait. Le Sahara marocain, loin d’être un champ de bataille, devint un espace d’investissement, d’écoles, de routes, de ports et d’hôpitaux. Les populations locales, elles, choisirent sans ambiguïté leur camp : celui de la stabilité, du développement et de la loyauté. Dans le même temps, les Forces Armées Royales érigèrent un système de défense exemplaire, garantissant la sécurité des provinces du Sud et la paix aux frontières.
Ainsi se forgea, entre 1975 et 1990, la bataille de la légitimité : une confrontation entre la vérité du terrain et la fiction algérienne, entre la construction nationale et la manipulation extérieure. Le Maroc sortit de cette période plus fort, plus unifié, prêt à engager une nouvelle phase — celle du dialogue sous l’égide des Nations unies.
La phase onusienne
L’année 1991 marqua un tournant avec l’instauration d’un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU et la création de la MINURSO. Sur le papier, l’objectif semblait clair : permettre aux habitants du territoire de se prononcer sur leur avenir. Dans les faits, le processus s’enlisa rapidement. Le recensement des populations, la définition du corps électoral et la manipulation systématique de l’Algérie rendirent toute organisation du référendum impossible.
Durant cette période, le Maroc adopta une ligne de conduite faite de patience et de réalisme. Il respecta ses engagements, coopéra avec les Nations unies et maintint le cessez-le-feu, tout en consolidant ses acquis internes. L’idée même du référendum se heurta à la réalité : aucun Etat ne pouvait bâtir sa stabilité sur une fiction politique, surtout lorsque les populations concernées exprimaient chaque jour leur attachement à la nation marocaine.
C’est dans ce contexte que prit forme, sous la conduite de S.M le Roi Mohammed VI, une nouvelle doctrine diplomatique. Le Maroc décida de sortir du cercle fermé des approches stériles pour proposer une solution réaliste, crédible et conforme au droit international : le plan d’autonomie. Présenté officiellement en 2007, ce plan offrait aux provinces du Sud une large autonomie politique, économique et culturelle, dans le cadre de la souveraineté marocaine. Il marquait un tournant stratégique majeur : le Maroc n’était plus en position de défense, il proposait une vision.
Cette initiative, immédiatement saluée par les grandes puissances, fut qualifiée de «sérieuse et crédible». Pour la première fois, la diplomatie marocaine renversait la logique du dossier. Le débat ne portait plus sur la légitimité du Maroc, mais sur la pertinence de sa solution.
Le tournant géopolitique majeur
A partir de 2007, le Maroc entra dans l’ère de la diplomatie proactive, fondée sur trois principes : la constance, la légitimité et l’efficacité. Sous l’impulsion de S.M le Roi Mohammed VI, la politique extérieure du Royaume s’articula autour d’une vision claire : défendre la cause nationale non pas par le verbe seul, mais par les actes, en transformant le Sahara marocain en moteur de développement et en pôle d’attractivité internationale.
Cette diplomatie nouvelle s’est déployée sur plusieurs fronts. Sur le plan africain, le Maroc opéra un retour triomphal à l’Union africaine en 2017, après plus de trois décennies d’absence. Ce retour n’était pas un revirement, mais une victoire diplomatique. Le Royaume retrouvait sa place naturelle au sein de sa famille continentale, fort du soutien d’une majorité d’Etats africains qui reconnaissaient la justesse de sa cause et la solidité de son modèle de partenariat Sud-Sud.
Parallèlement, le nombre de pays ouvrant des consulats à Laâyoune et à Dakhla connut une progression spectaculaire. En moins d’une décennie, plus de trente Etats africains, arabes et caribéens prirent cette décision hautement symbolique, consacrant de facto la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. A travers ces ouvertures, la diplomatie marocaine transforma le soutien politique en acte concret.
Sur le plan international, plusieurs évolutions diplomatiques majeures vinrent consacrer cette dynamique. En décembre 2020, les Etats-Unis d’Amérique reconnurent officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara, marquant un tournant géopolitique majeur. Cette reconnaissance, loin d’être isolée, inaugura une série de positions convergentes. En 2024, la France annonça à son tour son soutien explicite au plan d’autonomie comme seule base sérieuse et crédible de règlement. Entre-temps, de nombreux pays européens, arabes et latino-américains avaient adopté des positions similaires ou s’étaient alignés sur la neutralité constructive du Maroc.
Face à cette montée du consensus international, le polisario et son faiseur algérien se retrouvèrent dans une impasse diplomatique. Le discours de «décolonisation» n’avait plus d’audience et la rhétorique du référendum apparaissait comme un anachronisme. L’Algérie, prisonnière de sa logique de confrontation, s’isola davantage, incapable de présenter une alternative crédible ni de justifier son obstination à refuser la main tendue du Maroc au dialogue.
Pendant ce temps, le Maroc avançait. Les provinces du Sud devinrent le symbole de sa politique de développement équilibré. Les plans d’investissement massifs, les infrastructures modernes, les zones franches, les universités, les pôles économiques et les projets d’énergies renouvelables transformèrent la région en modèle de croissance inclusive. Le développement, devenu diplomatie, confortait la souveraineté par les faits.
Le 31 octobre 2025, cette dynamique atteignit son couronnement. Le Conseil de sécurité des Nations unies adopta une résolution historique consacrant le plan d’autonomie marocain comme base de toute négociation. Cette date marque un avant et un après. Cinquante ans après la Marche Verte, la communauté internationale reconnaissait que la solution marocaine était la seule voie possible vers une paix durable et une stabilité régionale.
La Marche verte toujours en marche
Cinquante ans de constance, de patience et de clairvoyance : tel est le fil conducteur du dossier du Sahara marocain. Du serment de 1975 à la souveraineté diplomatique de 2025, le Maroc a traversé toutes les étapes avec la même certitude tranquille : celle que le droit, la légitimité et la vérité finiraient par triompher. Ce triomphe n’a rien d’un hasard ; il est le fruit d’une vision Royale fondée sur la sagesse, la continuité et la confiance en la force du peuple marocain.
Le Royaume a démontré que la souveraineté n’est pas qu’une affaire de frontières, mais de développement, de stabilité et de légitimité vécue. En un demi-siècle, les provinces du Sud sont passées du statut de territoires contestés à celui de pôles de prospérité et de fierté nationale. Elles symbolisent désormais le Maroc du XXIe siècle : ouvert sur l’Afrique, connecté au monde, sûr de son identité.
Le Sahara marocain est devenu un pont africain, un espace d’intégration régionale, un levier de stabilité politique et économique. De Tanger à Lagouira, le Maroc avance d’un pas sûr, fidèle à son serment et confiant en son avenir. L’histoire retiendra que, du sable de la Marche Verte à la tribune des Nations unies, le Maroc n’a jamais dévié de sa route. Car au fond, la Marche verte n’a jamais pris fin. Elle continue, chaque jour, dans les projets, dans les réformes et dans la diplomatie.








