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Drôle de transaction curieuse et inopportune : Mellilia finance la construction d’un centre d’accueil pour mineurs non accompagnés à Bni Ansar


Hassan Bentaleb
Mercredi 31 Janvier 2018

L’Espagne persiste et signe. Elle veut à tout prix un centre d’accueil pour les mineurs non accompagnés au Maroc. Elle vient une nouvelle fois de proposer un nouveau projet de construction d’un centre à Béni Ansar. L’idée semble prendre du chemin puisque cette proposition figure aujourd’hui à l’ordre du jour de la prochaine session du conseil communal de Béni Ansar prévu le 1er février.
«Ce  projet a été proposé par le gouvernement local du préside occupé de Mellilia lors d’une réunion organisée  dernièrement et à laquelle ont pris part des membres des autorités locales espagnoles en présence du délégué de l’Entraide nationale à Nador et des représentants de l’Association marocaine  «Sirag». Le gouvernement local de  Mellilia a annoncé qu’il était prêt à financer ce projet à Béni Ansar à hauteur de 8 millions d’euros et serait porté par ladite association», nous a indiqué Omar Naji, président de l’AMDH section-Nador. Et de préciser : «Cette association a été créée récemment, spécialement pour la mise en œuvre de ce projet».
Pour notre source,  ledit projet suscite de nombreuses interrogations et reste entouré de zones d’ombre. D’abord, au niveau de l’utilité du projet. Omar Naji s’interroge sur la finalité d’un nouveau centre d’accueil pour les mineurs non accompagnés alors que la ville dispose déjà d‘un autre centre à la commune d’Al Aroui, à 22 km de Nador. «Il existe un établissement dirigé  par l’Entraide nationale, mais il est quasi inoccupé puisque seuls 10 mineurs ont accepté d’y résider alors qu’on compte près de 1.000 mineurs non accompagnés dans la  cité.  En effet,  ces mineurs refusent catégoriquement de s’installer dans ces centres malgré les sollicitations des acteurs associatifs et sociaux. Ceci d’autant plus que le projet en question ne précise pas si le centre prévu accueillera seulement des mineurs marocains ou également ceux d’autres pays», nous a-t-il souligné. Ensuite, au niveau du budget du projet, notre source se demande pourquoi l’Espagne accepterait d’allouer des fonds assez importants alors que les mineurs non accompagnés installés dans les centres d’accueil à Sebta et Mellilia endurent des conditions de vie insupportables, au point d’entraîner dernièrement la mort de l’un d’entre eux.
Pour l’AMDH, ce projet n’est qu’une manœuvre de la part des autorités ibériques pour se débarrasser de ce dossier et impliquer le Maroc dans sa gestion, tout se défaussant de leur responsabilité de garantir les droits de ces mineurs confirmés par les accords internationaux et les législations nationales. «L’Espagne tente, tant bien que mal,  de convaincre le Maroc d’accueillir ces enfants. Juan José Imbrodale, gouverneur du préside occupé de Mellilia, et Abdelmalik El Barkani, délégué du gouvernement espagnol, n’ont  cessé de multiplier des déclarations  demandant au Royaume de prendre en charge l’accueil de ces mineurs non accompagnés et permettant à l’Espagne de les renvoyer vers le Maroc. Des propos que l’AMDH rejette catégoriquement puisqu’ils vont à l’encontre des lois  et conventions internationales en vigueur», nous a indiqué Omar Naji. Dans une lettre de l’AMDH section-Nador adressée le 24 janvier courant au président de la commune de Béni Ansar et au gouverneur de la ville, l’Association de défense des droits de l’Homme précise que les tentatives de refoulement des mineurs non accompagnés de Mellilia vers Béni Ansar constituent une violation grave de plusieurs conventions  adoptées par le Maroc, telles la Convention des droits des enfants de 1989 ou celle de Genève de 1951 qui assure une protection légale contre toute expulsion des enfants. D’autant plus que la loi organique relative aux centres de détention des étrangers stipulée dans l’article 34 de la loi 02-03 n’est pas encore promulguée.
Ahmed Khalifa, chercheur en migration et membre de l’Association Mains solidaires, nous avait  précisé, dans une édition précédente, que l’Espagne continue d’exercer une grande pression sur le Maroc, notamment après les problèmes causés dernièrement par les mineurs à Mellilia et Sebta, lesquels présides occupés exercent, à leur tour, de  fortes pressions sur le pouvoir central espagnol pour le contraindre d’entamer des négociations avec le Maroc. Il nous a également précisé que certaines régions espagnoles, notamment Madrid, tentent de construire des centres au Maroc afin de renvoyer ces enfants. Une manière de contourner la loi puisqu’il s’agit d’un refoulement qui ne dit pas son nom mais ce projet n’a pas abouti.
Notre source estime aussi que cette question de renvoi des mineurs par l’Espagne s’est complexifiée depuis 2003  vu que leur nombre ne cesse d’augmenter.  «Depuis cette date, il y a eu signature d’un mémorandum entre le Maroc et l’Espagne pour encadrer le refoulement des mineurs, mais cet accord a échoué car les opérations d’identification des enfants et les contacts avec les familles demandent beaucoup de temps aux autorités marocaines qui n’ont pas fourni suffisamment d’efforts pour faire réussir cet accord. En fait, le Maroc l’a signé en vue d’apaiser des relations diplomatiques tendues», nous a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, on assiste, de nouveau, à une hausse du nombre de ces mineurs contre une baisse enregistrée au cours des trois dernières années. Ceci d’autant plus que nombreux sont les mineurs ayant atteint la majorité et qui se retrouvent  sans domicile fixe. Ce problème est devenu un sujet de débat politique dans les deux présides occupés, faute d’arsenal juridique à même de permettre de résoudre ce problème. La secrétaire d’Etat chargée de la Migration a évalué à 500 le nombre de mineurs dans la ville de Mellilia dont 300 sont expulsables. Mais, juridiquement, ce ne sera pas le cas sauf s’il y a complicité de la part du Maroc».
En effet, les mineurs ne sont expulsables que s’il y a une famille ou une institution désireuses de les accueillir. En d’autres termes, ces enfants doivent être confiés à leurs familles, lesquelles doivent avoir les moyens de les prendre en charge,  ou être placés dans des centres de protection de l’enfance. Des conditions qui semblent difficiles à réunir  puisque plusieurs familles refusent de reprendre leurs enfants, estimant qu’ils pourraient avoir un avenir meilleur en Europe. Et les centres de protection de l’enfance ne sont pas aptes à accueillir des mineurs qui ont vécu à l’étranger.



 


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