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Dix ans au pouvoir pour le parti d’Erdogan : Une décennie de réformes et de succès économiques en Turquie


AFP
Jeudi 1 Novembre 2012

Dix ans au pouvoir pour le parti d’Erdogan : Une décennie de réformes et de succès économiques en Turquie
L'AKP du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan fête samedi ses dix ans au pouvoir en Turquie, une décennie de réformes et de succès économiques qui ont transformé le pays mais semblent aujourd'hui marquer le pas, ravivant les doutes sur les intentions du parti aux racines islamistes.
Le 3 novembre 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) remportait avec 34% des voix les élections générales, balayant une classe politique minée par les scandales et une crise financière sans précédent. Cette victoire marque la fin de onze ans d'instabilité gouvernementale mais sonne le début de l'inquiétude des milieux attachés à la laïcité, vu le passé islamiste de la plupart des cadres du parti.
Dix ans plus tard, les observateurs s'accordent à reconnaître d'importants succès au "parti à l'ampoule" --le logo de l'AKP--, sanctionnés par deux victoires écrasantes aux législatives de 2007 et 2011.
Dans le domaine économique d'abord, où le gouvernement a conduit à son terme un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), épuré le système bancaire et respecté une discipline budgétaire stricte, permettant un retour de la confiance et un envol de la croissance. A quatre reprises en dix ans, elle affichera un taux annuel supérieur à 8%.
Le produit intérieur brut par habitant va ainsi tripler en une décennie, passant de 3.500 dollars en 2002 à 10.400 dollars en 2011.
Sans complexes par rapport à l'idéologie héritée du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, l'AKP multiplie aussi les réformes politiques, avec pour moteur le processus d'adhésion à l'Union européenne (UE) lancé en 2005.
A son crédit, une nouvelle approche de la question kurde, à laquelle l'AKP tente de répondre en autorisant l'enseignement du kurde, et la fin de tabous sur des sujets polémiques comme le génocide arménien.
"Ils ne sont pas figés dans l'idéologie qui s'est constituée dans les années 1930 et, de ce fait, ils ont été capables d'accomplir des réformes pragmatiques et libérales", estime Baskin Oran, politologue à l'université d'Ankara.
Surtout, l'AKP a réussi à mettre au pas l'armée turque, gardienne autoproclamée des valeurs de la République et auteur de quatre coups d'Etat en un demi-siècle.
Menacé d'interdiction pour cause d'islamisme, le parti va riposter en rognant les pouvoirs des généraux et en lançant une vaste épuration judiciaire qui envoie en 2010 plus de 300 officiers derrière les barreaux pour un projet supposé de putsch.
 Autant de changements qualifiés de "révolutionnaires" par le sociologue Ferhat Kentel, de l'université stambouliote Sehir. Mais pour lui, cette "révolution" s'est arrêtée il y a deux ans, depuis que la nouvelle classe bourgeoise anatolienne qui constitue la base électorale de l'AKP, débarrassée du contrôle des militaires, a assuré sa mainmise sur le pouvoir.
"Je vois de plus en plus une approche autoritaire, même totalitaire, venant de l'AKP", décrit le sociologue.
"Jusqu'en 2010, l'AKP a fait des choses très utiles, mais depuis deux ans c'est une vraie catastrophe", juge Baskin Oran. Entre autres échecs, il cite le retour à l'option militaire dans le conflit kurde depuis l'échec des négociations avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou encore l'impasse des négociations avec l'UE.
La Turquie a aussi décroché le record mondial du nombre de journalistes emprisonnés, 76 en août 2012, selon le rapport d'une ONG américaine.
Faut-il pour autant craindre une islamisation de la Turquie? Ferhat Kentel ne le pense pas et souligne que, si les femmes voilées peuvent désormais pénétrer sur les campus des universités, le gouvernement n'a promulgué en dix ans aucune réforme clairement islamiste.
Dans l'idéologie AKP, "il y a du kémalisme, de l'étatisme, du conservatisme, peut-être de l'islamisme mais l'islamisme n'est pas le facteur dominant", estime le chercheur.
Une enquête publiée en septembre par l'université stambouliote de Bogazici semble lui donner raison, qui évoque une baisse de la pratique religieuse dans la société turque. Elle révèle qu'entre 2006 et 2012, la proportion des Turcs affirmant faire leurs prières cinq fois par jour est passé de 33,5% à 28,2%.
Islamiste ou pas, le pouvoir AKP est désormais aussi menacé par des perspectives économiques plus sombres. Avec la crise qui frappe son principal client, l'Europe, la Turquie a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2012 à 3,2%.


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