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Désabusés par les politiques : Les jeunes Algériens se désintéressent du vote


AFP
Mercredi 9 Mai 2012

Désabusés par les politiques : Les jeunes Algériens se désintéressent du vote
«Ce ne sont pas ces requins qui feront quelque chose pour assurer aux citoyens un travail, un logement et un minimum de justice sociale», s’écrie Hacen, jeune chômeur, en évoquant les candidats aux élections législatives de jeudi en Algérie.
«Ces responsables de partis qui nous draguent en ce moment et ces candidats qui mendient nos voix, on ne les reverra plus après le vote», juge ce trentenaire à l’apparence d’un adolescent, originaire d’Annaba, la grande ville portuaire de l’est algérien.
Cet «exclu du système», comme il se définit, assure qu’il «ne votera pas».
Annaba, forte de 700.000 habitants dont une moitié de moins de 30 ans, a un taux de chômage de 15%, selon les sources locales.
Avec 37 millions d’habitants dont près de 75% de jeunes, le taux de chômage en Algérie est de 10% de la population active mais atteint les 21% chez les jeunes, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Les législatives de 2007 avaient été marquées par un taux d’abstention record de plus de 64%.
Les jeunes d’Annaba se disent dégoûtés par l’ampleur de la «corruption» et du «piston».
«Tous des pourris qui ne pensent qu’à faire des affaires et à s’en mettre plein les poches», s’énerve Abderraouf, étudiant en sciences économiques à Annaba.
«Ils ne sont ni les premiers ni les derniers à disparaître dans la nature une fois validé leur ticket pour Alger et le business», lance Ahmed en référence à certains députés attirés par les affaires et l’immunité parlementaire.
Ecoeuré par le choix des candidats, Sofiane, jeune cadre, assure qu’il «ne votera pas». «A Annaba, on trouve (sur les listes) des malfrats, des tenanciers de bars et de parfaits analphabètes», s’indigne-t-il. De nombreux scandales ont éclaté au grand jour comme l’affaire du groupe public algérien Sonatrach «sans que cela donne l’impression de s’attaquer réellement à la racine du mal», souligne Redouane, universitaire à l’air dépité.
Le dernier rapport de l’ONG Transparency International a placé l’Algérie à la 112e position sur 183 pays classés du moins au plus corrompu.
Les nombreux spots télévisés ou radiophoniques qui mettent en avant des jeunes appelant au vote dans l’intérêt du pays semblent trouver peu d’échos.
Même un Parti des Jeunes (PJ) dirigé par un médecin de 42 ans, a été créé le 19 mars dernier, aux côtés de 20 autres formations dans le cadre de réformes lancées par le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, pour éviter la contagion d’une révolution du style Printemps arabe qui a renversé les vieux régimes des pays frontaliers de l’Algérie notamment. «Nous n’avons rien à espérer de ces élections. Nous n’avons droit qu’à des promesses de lendemains meilleurs», martèle Ali, universitaire qui n’en peut plus de vivoter.
«Le plus dramatique est que ces promesses n’ont pas été tenues alors même que l’Etat est riche. C’est cela la contradiction», souligne la sociologue Fatma Oussedik.
Les réserves de change dans cet Etat rentier d’hydrocarbures ont atteint 182,22 mds de dollars à la fin 2011. «Les jeunes n’ont aucune vie», juge Mme Oussedik: «Un Etat, vous y adhérez quand vous croyez qu’il est juste».
Dans l’est algérien, le plus rapproché du continent européen, chaque année de nombreux candidats à l’immigration clandestine risquent leur vie à bord de barques de fortunes.
«Plus rien ne nous retient dans le pays, alors pourquoi voter?» s’écrie Hamid, adossé contre un mur dans un quartier populaire d’Annaba. Ses copains acquiescent. «Vivre et pas simplement survivre», répète inlassablement cette catégorie de population. Pourtant, ces jeunes viennent de milieux différents, diplômés, surdiplômés, analphabètes, chômeurs ou travailleurs. Ils sont unis par une seule motivation: «Partir pour un monde meilleur».


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