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Des poids lourds s'en vont, de gros calibres rentrent, des partis s'interrogent : Les dessous du remaniement du gouvernement de Abbas El Fassi


Narjis Rerhaye
Mardi 5 Janvier 2010

Des poids lourds s'en vont, de gros calibres rentrent, des partis s'interrogent : Les dessous du remaniement du gouvernement de Abbas El Fassi
C'est fait. Le gouvernement que conduit Abbas El Fassi a eu -enfin- son remaniement. Sans cesse annoncé, imminent pour les plus avertis, le remaniement a été effectué ce lundi 4 janvier, 24 heures après l'installation, par le Souverain, de la Commission consultative de la régionalisation.
C'est d'ailleurs en marge de la nomination, à Marrakech, de cette instance, que certains leaders politiques, présents à l'activité Royale, ont été informés, dans l'après-midi du dimanche 3 janvier, des changements que va connaître le gouvernement. Le conseiller royal Moatassim a ainsi rencontré Abdelouahad Radi, le premier secrétaire de l'USFP et ministre de la Justice, pour lui signifier que le chef de l'Etat a accédé à sa demande de quitter l'exécutif pour se consacrer au parti aux destinées duquel il préside. On s'en souvient, à la veille de son élection à la tête de l'Union socialiste des forces populaires Abdelouahad Radi avait exprimé le souhait de se consacrer, exclusivement, à la reconstruction de la maison USFP.
 Reçu en audience Royale au lendemain de son élection au poste de premier responsable du parti de la Rose, le Souverain l'a confirmé au département de la Justice tout en le chargeant de poursuivre l'immense chantier de la réforme de la justice. Aujourd'hui, pas moins de 17 projets de loi s'inscrivant dans le cadre de cette réforme initiée par A. Radi sont, depuis la semaine dernière, au secrétariat général du gouvernement. C'est l'avocat de l'Etat marocain, Mohamed Naciri, sans appartenance politique,  qui hérite des textes portant la réforme de la justice. Ancien bâtonnier au barreau de Casablanca, Mohamed Naciri a siégé près de six ans au Conseil constitutionnel avant d'être nommé Sage à la Haute Autorité de la communication audiovisuelle.
L'Usfpéiste Lachgar retrouve les travées du Parlement
« Le département de la Justice n'ira pas à un autre parti. C'est un technocrate qui va vous succéder. Dans le même temps, l'USFP hérite du ministère en charge des relations avec le Parlement », avait d'ailleurs déclaré Mohamed Moatassim au ministre sortant de la Justice.
Sur le chemin du retour, immédiatement après avoir quitté Marrakech, Abdelouahad Radi appelle les membres du Bureau politique et les convoque, ce même dimanche aux environs de 18 heures, pour une réunion urgente. Il s'agit de désigner l'Usfpéiste qui  remplacera Saad Alami, désormais ministre de la Modernisation des secteurs publics. « Très vite le choix s'est porté sur Driss Lachgar », confie un membre dirigeant de cette formation politique. Ancien député de Rabat, actuel membre du Conseil de la ville,  D. Lachgar est un spécialiste des arcanes parlementaires et sous la coupole, ses joutes avaient fortement contribué à animer les travées. Aujourd'hui, Lachgar retrouve le chemin du Parlement. Il sera aux premiers rangs, exactement  sur les fauteuils en velours vert réservés aux ministres.
Le dirigeant usfpéiste succède donc à l'Istiqlalien Saad Alami, qui lui sera en charge de la modernisation des secteurs publics. Ce poste était jusque-là occupé par Mohamed Abbou, le député RNI de Taounate. L'homme réputé proche de Mustapha Mansouri avait défié la chronique lors des élections régionales passées allant jusqu'à organiser un sit-in devant la préfecture d'Al Hoceima. Depuis ses sorties médiatiques effectuées en temps électoral, ses jours gouvernementaux étaient comptés alors que sa famille politique, le Rassemblement national des indépendants, n'en finit pas de s'entre-déchirer. Autre ministre  RNI qui s'en va, Mohamed Boussaïd, jusque-là ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Un départ inattendu pour ce responsable politiquement situé dans le camp des réformateurs RNI mené par Salaheddine Mezouar. « Boussaïd n'aurait pas fait preuve de suffisamment de réactivité et de créativité pour affronter la crise internationale du tourisme et qui frappe de plein fouet le secteur dans notre pays », croit savoir un opérateur évoluant dans l'hôtellerie. Et pour vendre la destination Maroc à l'international, appel a été fait à un profil pointu mais inconnu du monde des décideurs chez nous. Il s'agit de Yassir Zenagui, un trader qui a fait carrière à Londres. Si l'homme se retrouve propulsé au rang de ministre, il gagne dans la foulée une carte de militant puisqu'il est depuis lundi coloré RNI exactement comme les ministres Moncef Belkhayat, Aziz Akhennouch et Amina Benkhadra. Les déchirements des RNIstes -Mansouri Vs Mezouar-  ne contribuent pas vraiment à mettre ce parti en position de négocier ses représentants au gouvernement. « Il ne faut pas perdre de vue que le RNI qui comptait 5 ministres se retrouve seulement avec 4. Le parti serait-il déjà en train de laisser des plumes avant même la tenue de son conseil national ? », s'interroge avec véhémence  un membre fondateur de cette formation politique qui ne s'est jamais aussi mal portée.
Le front des technocrates se renforce
Autre gros calibre qui quitte le gouvernement, Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur depuis 2006. Père de la nouvelle Charte communale et du dernier code électoral, grand ordonnateur des élections législatives de 2007 et des communales en 2009, Benmoussa est un technocrate qui a très vite plongé dans le monde compliqué de la politique. Depuis les dernières élections communales et régionales, son département est sans cesse dénoncé par le Parti Authenticité et Modernité, PAM. La mésentente des dirigeants du (PAM)  et  Chakib Benmoussa s'est cristallisée avec le limogeage du wali de Marrakech.
Le successeur de Benmoussa a fait toutes ses classes dans la justice. Il s'agit du président de la Cour Suprême, ex-directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice,  Taïeb Cherkaoui.
C'est le deuxième remaniement du gouvernement de l'Istiqlalien Abbas El Fassi après la nomination, en juillet dernier, de deux ministres du Mouvement populaire Mohand Laenser et Mohamed Ouzzine. Aux premiers jours de l'année 2010, l'Exécutif perd deux ministres politiques, Boussaid et Abbou. Le RNI fait figure de grand perdant. Le front des technocrates se renforce alors que plus que jamais le Mouvement populaire, avec un poste et demi, fait de la figuration. Quel rôle a joué Abbas El Fassi dans le remaniement du lundi 4 janvier ? Seul le Premier ministre peut répondre à cette interrogation qui agite le landernau politico-médiatique. Ce lundi en fin de matinée, un leader de la majorité qui n'était absolument pas au courant du remaniement gouvernemental avait bien du mal à cacher sa surprise.

S.M. le Roi rend un hommage particulier à Abdelouahed Radi

Après avoir procédé à la nomination, hier au Palais Royal à Marrakech, de cinq ministres, S.M  le Roi a tenu à louer les efforts que les ministres sortants, à savoir Abdelouahed Radi, Chakib Benmoussa, Mohamed Boussaid et Mohamed Abbou, ont déployés à la tête des départements dont ils avaient la charge.
Le Souverain a  également rendu un hommage particulier à Abdelouahed Radi pour les actions qu'il a menées à la tête du ministère de la Justice, ainsi que pour son engagement sincère en faveur du projet de réforme globale du système judiciaire. Sa Majesté le Roi lui a souhaité plein succès dans ses responsabilités à la direction de son parti et dans ses missions politiques et parlementaires au service des causes supérieures de la Nation.


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1.Posté par El Houssine le 05/01/2010 18:20
A mon avis, un changement de la constitution (qui donnerait plus de responsabilité au gouvernement) suivi d'élections législatives anticipées, constitue une urgence pour faire sortir le pays du marasme ambiant.
A voir les membres du gouvernement, le tableau est inharmonieux...une sorte d'orchestre où chaque musicien joue son propre air (le résultat est malheureusement impropre).

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