-
Assilah: Environ 400 bénéficiaires d’une caravane médico-chirurgicale
-
Riaya 2024-2025/Ouarzazate : Une caravane médicale pluridisciplinaire au profit des habitants d’Imi N’oulaoune
-
Casablanca : Lancement dimanche prochain de la 10ème édition de Sidaction Maroc
-
Don de sang: les stagiaires de l'ITA de Guercif se mobilisent pour renflouer le stock régional
-
Rabat : Clôture du programme d’appui aux coopératives
Ces résidents sont censés évacuer les lieux avec leur bétail dans un délai de dix jours suite à une décision des services d’hygiène de l’arrondissement d’Aïn Chock, stipulant que la présence des écuries de ces commerces au milieu d’une zone d’habitation représente un véritable danger pour l’environnement et qu’elle est nuisible à la santé des riverains. Plusieurs plaintes ont été d’ailleurs déposées contre ces occupants dans ce sens.
Pour les commerçants, cette décision est « injuste et inconcevable ». Elle a été prise à l’improviste. Ils s’estiment pris de court par les autorités locales auxquelles ils reprochent leur «politique du fait accompli ».
Selon ces commerçants, une commission d’hygiène a visité les lieux les 2 et 5 février. Quelques jours après, les deux principaux locataires ont été convoqués mais rien n’a filtré de cette rencontre. Le 15 février, la décision de quitter les lieux leur a été notifiée. « On ne s’attendait pas à une telle mesure. On est vraiment choqués», nous a déclaré Ahmed, l’un des commerçants mis en cause. « Ces gens ont décidé de nous évacuer sans nous prévenir ni nous proposer une alternative », poursuit-il. « Il y a plus de 30 ans que ces étables existent, on n’a jamais vu l’ombre d’une quelconque commission. Je me demande pourquoi on s’intéresse subitement à nous et pourquoi maintenant ? », se demande M’Hamed, un autre commerçant de bétail.
Depuis que la décision d’évacuation a été prise, ces commerçants vivent dans l’inquiétude. La peur de perdre leur unique source de vie les hante. Ils ont frappé à toutes les portes. Notamment celles du wali de Casablanca, du Conseil de la ville, de la Fondation Mohammed VI, mais en vain. Leur rencontre avec le pacha de Aïn Chock a été décevante. Ils se sont sentis humiliés et rabaissés par les propos qu’il leur a tenus. « Comment ose-t-il nous traiter de la sorte, alors qu’on n’a rien fait d’illégal », déplore un commerçant.
Le caïd de l’arrondissement est aussi dans la ligne de mire des accusations de ces derniers. A les en croire, ce responsable se déplace presque tous les jours escorté par des éléments des Forces auxiliaires pour les pousser à signer des engagements d’évacuation. Il est aussi accusé d’avoir détruit un château d’eau à l’intérieur de leurs locaux et d’avoir fait couper le courant électrique et de refuser de leur fournir le moindre document administratif.
Les 47 commerçants de Dar Cadi Ben Driss sont conscients de leur présence avec leur bétail, devenue gênante dans une zone urbaine. Ils acceptent volontiers d’abandonner leurs étables, mais en contrepartie, ils demandent une solution convenable prenant en considération leurs intérêts. « On ne peut pas nous trouver du jour au lendemain sans rien à nous mettre dans la bouche. L’Etat nous condamne à un suicide collectif. On exige une alternative», surenchérit Ahmed.
Du côté des autorités locales, ces commerçants n’existent tout simplement pas. Leur présence n’a aucun fondement juridique. Leur présence sur les lieux est illégale. Ils occupent un terrain qui serait actuellement propriété de l’Etat. Mais deux locataires ont des documents prouvant l’existence d’un bail entre eux et les propriétaires légitimes du terrain en cause, à savoir les ayants-droit de feu Cadi Ben Driss. Ce qui infirme non seulement l’assertion selon laquelle, cette propriété relèverait du domaine public, mais fait planer beaucoup de doutes sur l’impartialité et la finalité de la décision prise par les services d’hygiène. Ces deux locataires sous-louent aux autres commerçants occupant ces lieux, ce qui n’est certes pas légal, mais courant en pareils cas. Ce qui l’est moins, c’est la présence d’écuries pour l’élevage de bétail dans cette zone urbaine où l’habitat est dense.
Plusieurs questions demeurent donc en suspens. Pourquoi la décision d’évacuation a-t-elle été prise maintenant ? Pour ce proche du dossier qui a requis l’anonymat : «Les arguments des autorités locales ne tiennent pas debout. Parler de la santé publique après 30 ans d’existence de ces écuries est particulièrement farfelu. Il y a aussi le fait que les terrains de Dar Cadi Ben Driss appartiennent encore aux fils de celui-ci et qu’ils sont clôturés par une enceinte très haute pour empêcher qu’il y ait des nuisances pour les mitoyens. En outre et vu que les propriétaires légitimes de ce lopin de terre ne se sont jamais plaints ni des activités des locataires, ni du fait qu’ils sous-louent à de tierces personnes, la décision d’évacuation semble ne pas être très légale ou moins conforme aux usages administratifs en la matière. Si l’on ajoute à cela l’assertion selon laquelle, le terrain objet du litige appartiendrait à l’Etat, l’on peut que craindre que la décision d’évacuation ne cache, en réalité, une éventuelle occupation de la propriété par certains spéculateurs en usant de la force publique.
Ce que l’un de nos interlocuteurs prend pour une réalité avérée, en regrettant que même la tradition qui exige que l’Etat reloge les bidonvillois qu’il expulse ne soit pas respectée dans ce cas d’espèce. Ceci d’autant plus que le nombre réel de baraques s’élève actuellement à 260 et que les rumeurs circulent depuis peu sur une opération de relogement de ces habitants. Il y aussi le fait que Dar Cadi Ben Driss fait l’objet, depuis un certain temps, d’intérêt particulier de la part des prometteurs immobiliers, vu sa situation géographique et sa superficie. Affaire à suivre.