"De vieux chars russes T-54 et des véhicules blindés ont pris position aux principaux carrefours. Toutes les demi-heures, on entend des tirs de l'Armée syrienne libre en direction des barrages routiers tenus par la police et les Chabbiha", a déclaré à Reuters un dissident local nommé Abou Abdelrahman, évoquant les milices baasistes.
La ville, située à 450 km au nord-est de Damas, se trouve sur le cours de l'Euphrate, dans une province pétrolifère frontalière de l'Irak par où transitent des armes à destination des insurgés, dit-on de sources proches de l'opposition.
L'Armée syrienne libre, ajoute-t-on, s'organise et s'équipe depuis deux mois dans cette localité en profitant du fait que les forces gouvernementales étaient accaparées à Homs.
"Il y a maintenant dix brigades de l'Armée syrienne libre qui opèrent à Deïr Al Zor et des armes affluent d'Irak, mais les rebelles manquent encore d'organisation et les forces de l'ordre contrôlent toujours la ville dans la journée. La nuit, le terrain appartient aux rebelles", explique Abou Abdelrahman.
Conserver la ville à dominante sunnite ne sera pas aisé pour le chef de l'Etat, issu d'une minorité alaouite qui domine la vie politique depuis un demi-siècle en s'appuyant sur l'armée et les services de sécurité.
Deïr Al Zor est loin des grands axes logistiques du centre et les tribus locales entretiennent des liens étroits avec l'Irak voisin. Des chars y sont déjà intervenus en août pour mettre fin à des manifestations hostiles à Bachar Al Assad et stationnaient depuis en bordure de la ville. Trois jeunes hommes de la ville ont été tués samedi lors des obsèques de deux personnes abattues la veille dans la région, selon l'opposition.
"Les obsèques d'Amira Al Salem et d'Omar Al Djouneïdi se déroulaient dans le quartier d'Al Ommal. L'amine (la police) a commencé à tirer depuis les toits quand les gens ont scandé des slogans hostiles à Assad", a raconté un dissident.