Un temps, il était question de vacciner 80% de la population marocaine pour atteindre l’immunité collective via la campagne de vaccination nationale, soit un peu plus de 30 millions de Marocains. Mais depuis quelque temps, les autorités sanitaires ont revu leur objectif à la baisse. Désormais, il ne s’agit plus de vacciner 80% de la population marocaine mais plutôt 80% de la population cible. Une nuance qui équivaut à près de 5 millions de citoyennes et citoyens en moins. Certes, il y a le débat autour de la vaccination des moins de 17 ans, mais la raison officielle de ce changement de discours est pour le moment obscure, au même titre que le temps qu’il faudra au Royaume pour atteindre l’objectif escompté. Qui plus est quand une partie des Marocains boudent le vaccin. Car si à la date du 17 août, le nombre de primo-vaccinés était de l’ordre de 16.740.875, alors que les personnes complètement vaccinées ont quasiment atteint les 12 millions (11.980.285), certaines tranches d'âge sont plus avancées que d’autres, quand bien même tous les Marocains de plus de 18 ans peuvent se faire vacciner dans n’importe quel centre et sans prendre rendez-vous. Outre les 17-24 ans, dont le taux de double vaccination (1%) est faible car ils n’ont que récemment été concernés, les 25-39 ans sont pour l’instant les mauvais élèves de la campagne de vaccination, avec un schéma vaccinal complété par 13% d’entre eux (51% ont reçu une dose). Avec respectivement 98% et 96%, le taux de vaccination chez les 75 ans et plus, ainsi que les 65-74 ans représentent les tranches d'âge les plus avancées. Idem pour les 40- 59 ans, mais à un degré moindre, en comptant 79% de vaccinés en deux doses. Bref, la campagne de vaccination avance sûrement mais doucement. Même si le spectre d’une troisième dose plane plus que jamais. Rappelons que la France a programmé une troisième piquouze pour septembre. C’est déjà le cas en Hongrie et en Israël, alors que les Etats-Unis sont en passe de recommander une 3ème dose de vaccins pour tous. A une époque, ce n’était qu’une hypothèse, au mieux farfelue. Aujourd’hui, la troisième dose est à deux doigts de se transformer en recommandation à prendre au sérieux, jetant par la même occasion le voile sur la réponse immunitaire des deux doses de vaccins injectées jusqu’à présent. Les infections au Sars-Cov2 constatées auprès de nombreuses personnes vaccinées plaident en ce sens. Tout comme la hausse des cas un peu partout dans le monde. Maroc compris. Mardi au soir, 9.041 nouveaux cas d'infection au coronavirus (Covid-19) ont été recensés. Plus grave encore, 123 personnes sont décédées en 24h. Sans oublier les cas sévères ou critiques qui ont connu une hausse significative (+126%) durant la dernière quinzaine pour atteindre 2.374 cas. Finalement, il n’y a rien de bien étonnant à ce que le ministère de la Santé soit sorti du bois pour exprimer son inquiétude quant à une situation instable qui risque de favoriser une recrudescence du nombre de décès. "En dépit de l'amélioration des indicateurs relatifs au taux de reproduction et de positivité, on ne peut négliger l'aggravation de celui des cas critiques admis aux soins intensifs, qui risque d'entraîner malheureusement une recrudescence du nombre des décès", a déclaré le chef de la division des maladies transmissibles au ministère, Abdelkrim Meziane Bellefquih, lors de la présentation du bilan bimensuel de la situation épidémique au Maroc.