Les nouvelles recrues doivent s'armer de patience face à l'aléa de la bureaucratie italienne

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Ledit décret ambitionne de répondre, ne serait-ce que partiellement, à la forte demande en main-d’œuvre de la part des entreprises italiennes qui, depuis les premiers signes de reprise économique en 2021, ont des difficultés à trouver du personnel plus ou moins spécialisé et qui souffrent du manque de matières premières.
Les quotas d'entrée les plus importants (20.000 personnes) seront réservés aux travailleurs étrangers non saisonniers en provenance de pays avec lesquels l'Italie a signé ou est sur le point de signer des accords de coopération en matière de migration.
Pour ces mêmes pays, 42.000 quotas supplémentaires sont prévus pour les travailleurs saisonniers dans les secteurs agricole et du tourisme-hôtellerie ainsi que ceux susceptibles de connaître de fortes demandes en main-d’œuvre à certaines périodes de l'année. Il existe également un quota de 500 permis de travail réservés aux travailleurs indépendants et aux entrepreneurs non européens qui ont l'intention de mettre en œuvre des plans d'investissement en Italie et de créer de nouveaux emplois. Les citoyens étrangers qui ont l'intention de créer des start-up innovantes sont également ciblés.
En outre, 7.000 migrants déjà présents sur le territoire et titulaires de titres liés à un travail saisonnier, à des études, des stages et/ou des formations ou titulaires de titres de séjour délivrés par d'autres Etats de l'Union européenne bénéficieront de conversion de leur titre de séjour.
Toutefois, nombreux sont les observateurs et les analystes qui considèrent que les nouveaux quotas d’entrée restent insuffisants pour faire face à la demande croissante des entreprises du bâtiment et de l'agriculture, ainsi que des familles à la recherche d'un soignant pour s'occuper de personnes âgées.
Aziz Kattouf, militant des droits de l’Homme installé à Milan, voit d’un mauvais œil cette nouvelle opération d’embauche de la main-d’œuvre étrangère. Il s’interroge sur l’utilité d’une telle opération alors que la mise en œuvre du décret ”Rilancio” (Relance, en français), visant à régulariser la situation administrative des migrants irréguliers travaillant dans les secteurs de l’agriculture et de l’aide à domicile, peine encore à se concrétiser. « Le gouvernement italien a adopté, le 13 mai 2020, un décret permettant aux travailleurs en séjour irrégulier de régulariser leur situation en faisant la demande entre le 1er juin et le 15 août 2020. Et jusqu’au jour d’aujourd’hui, le taux de traitement ne dépasse pas les 50% sachant qu’il s’agit de plus de 200.000 dossiers déposés », nous a-t-il expliqué. Et de préciser : « La cause de ce retard est due au nombre réduit des fonctionnaires chargés de traiter les dossiers. Les recrutements qui seront effectués selon le décret de Mario Draghi risqueront de connaître le même sort que celui du décret «Rilancio» puisque ce sont les mêmes fonctionnaires qui seront chargés également d’examiner les dossiers des nouvelles recrues. A noter que même la dernière affectation des 800 fonctionnaires embauchés avec des CDD et chargés uniquement de ce dossier n’a pas changé la donne puisque ce nombre de fonctionnaires reste insuffisant face à l’importance de celui des dossiers déposés. Ceci d’autant plus que d’autres problèmes persistent comme celui des pièces justificatives.
En effet, il y a des différences notables entre les préfectures concernant les documents à fournir, car si certains fonctionnaires affichent plus de souplesse, d’autres sont plus rigides ». Pour notre interlocuteur, la nouvelle opération n’est qu’une manœuvre afin de générer plus de recettes pour les caisses de l’Etat italien et une source de revenus pour certains chefs d’entreprise et médiateurs sans scrupules qui profiteront de l’occasion pour vendre des contrats ou des pièces justificatives. A ce propos, il nous avait déjà indiqué dans une précédente édition que les travailleurs sans papiers sont victimes d’abus, de fraude ou de chantage de la part de leurs employeurs dont certains exigent de l’argent pour remplir les dossiers de régularisation. En effet, les employeurs pourront faire une demande de régularisation de leurs employés en payant une contribution forfaitaire de 400 à 500 € pour les travailleurs domestiques et 900 euros pour les ouvriers agricoles. « Le grand perdant reste le travailleur étranger qui doit s’acquitter de milliers d’euros et attendre près de deux ans pour savoir s’il a été sélectionné ou pas sans parler de l’instabilité de son statut puisqu’il s’agit en gros d’emplois saisonniers et de contrats à durée déterminée», a-t-il conclu.