«La culture, c’est comme de la confiture, moins on en a, plus on en étale». Voilà un proverbe qui résume bien notre scène culturelle en 2012. Moins de culture en profondeur, plus de manifestations superficielles… trop de platitude même. Des simulacres de culture. La culture des soirées. Le Marocain lambda est-il devenu aussi médiocre qu’il ne s’adonne plus à la chose culturelle, ne lit plus, ne va plus à la bibliothèque, ni au théâtre, ni au cinéma, encore moins aux galeries ? Ce qu’il sait de la culture de son pays, c’est uniquement ce qu’il rencontre à travers un journal lu au temps mort, une info lue, vue ou entendue, sur un grand panneau, en voiture, en écoutant une radio ou enfin dans un télé-journal … Certains «intellos» y croient toujours. Leur nombre se réduit comme peau de chagrin. Ils se sentent de plus en plus étrangers à l’air ambiant. Un îlot humain ou presque. Les Marocains d’aujourd’hui connaissent plus Dounia Batma, Mourad Bouriki et Farid Ghannam que Mohamed Abed Jabiri, Mohamed Kacimi, Abdellah Laroui, Tayeb Seddiki, Abdelkebir Khatibi ou Mohamed Guessous. A qui imputer cette inculture qui règne au pays? Les causes sont nombreuses : un budget ministériel trop serré, des quartiers sans complexe culturel, des créateurs sans soutien réel, des programmes scolaires sans ancrage dans la culture marocaine, des médias orientés plutôt vers le people… Bref, une absence totale de stratégie pour promouvoir la culture. Le secteur est «improductif», dit-on. Au fait, y a-t-il un domaine où l’on produit mieux?