En juillet, le commissaire européen sortant à la Santé et à la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, s'était ému de la découverte d'un important foyer infectieux en Bulgarie. "Cela a pu se passer parce que quelqu'un a été négligent et n'a pas fait correctement son travail", avait-il tancé, pointant en bout de chaîne la responsabilité du gouvernement. M. Andriukaitis avait estimé que toute l'industrie bulgare du porc était menacée. Mardi, il effectue un déplacement à Sofia où se déroule une réunion régulière du groupe d'experts chargés du suivi de la peste porcine en Europe. Depuis le début de l'année, 120.000 bêtes ont déjà été abattues, représentant environ 20% des cochons de Bulgarie.
La tradition d'élevage des porcs par des particuliers, ainsi que l'existence de petits élevages commerciaux clandestins de 50 à 200 cochons, compliquent l'entreprise de pédagogie que tentent de mener les autorités. Des rassemblements de protestation contre les abattages ont eu lieu en Bulgarie. "La seule chose qui compte, c'est de sauver les grandes exploitations, avec les grands moyens. Pour cela, on nous demande à nous, les pauvres gens, de passer à la caisse", déplore Vanya Dimitrova. Bruxelles a promis de débloquer 2,9 millions d'euros afin d'aider Sofia à éradiquer la maladie, mais seules les grosses exploitations industrielles sont vraiment indemnisées dans le cadre d'un abattage massif. Si elle se résout à abattre ses bêtes, Mme Dimitrova ne recevra que 150 euros pour la désinfection de sa propriété, ce qui est loin de compenser la valeur de ses cochons.
La gestion des carcasses d'animaux abattus a également suscité la controverse. Beaucoup auraient été enterrées sans précaution ou jetées dans des rivières, sans trop se soucier des risques de contamination. Pessimiste, l'expert agricole Nikolay Valkanov juge "impossible d'éradiquer totalement la maladie dans les années à venir".
La situation paraît aussi mal maîtrisée de l'autre côté du Danube, en Roumanie, où la maladie qui sévit depuis 2017 a conduit à abattre plus de 400.000 cochons. Quelque 1.300 foyers infectieux ont été détectés cette année, selon la Commission européenne. "Nous vivons dans l'angoisse en sachant que cela va durer un certain temps", souffle à l'AFP Mary-Eugenia Pana, présidente de l'Association des éleveurs de porcs en Roumanie. "Nous avons pris du retard sur la maladie. A chaque jour son nouveau foyer."