Dans la rigueur de l’espoir


Soumia Mejtia
Dimanche 19 Avril 2020

L’Homme ne change pas devant l’adversité, il fait preuve de sa propre nature, il n’est jamais autant lui que dans cette circonstance. Nous sommes aujourd’hui nous-mêmes, non pas autre. Chacun de nous est lui-même, chacun fait ce qu’il fait par manque d’étendue  ou de champ  « de vie » qui absorbait toutes les autres manières d’être. Nous sommes à présent, à même de savoir qui nous sommes réellement. 
Il faut dire que l’envie d’écrire ou de faire part de ma vision du monde actuel m’était refusée. Je me refusais d’écrire ou d’émettre la moindre pensée, le moindre jugement non pas par apathie, mais par dépit. Je me sens incapable d’émettre le moindre mot devant ce méta-mal qui a frappé l’humanité entière, devant qui, nous nous sommes trouvés « aculés » au mur ne sachant réellement pas comment co-vivre avec lui, comment gérer toutes ces émotions, tous les flux et les reflux des choses et des informations, tous les rebondissements, tout ce qui a fait muté notre monde en un autre. 
J’ai préféré alors me taire ou plutôt me taire était la seule chose que je pouvais faire. Et au fond de moi, je sais qu’il y a des combats qu’on ne peut plus mener car ce qui a réellement changé aujourd’hui ce sont les combats ou dirai-je muté.
Pour venir au bout des choses et le pourquoi de mon envie soudaine de produire quelques mots alors que j’en étais disposée, de penser un peu à haute voix, c’est de voir qu’à chaque moment qu’un mal frappe en période précise, il y a ces petits phénomènes qui surgissent et prennent le haut de la vague, s’exhibent sur des hauteurs fallacieuses.
Ce qui s’est passé dernièrement  dans les studios Hit Radio à propos des enseignants qui encre, ont été sujets à la dérision, est surtout chose probable car comme je disais : l’homme en général ne change pas devant l’adversité, il fait preuve de sa propre nature.   
J’ai envie de dire aujourd’hui que le monde et depuis la nuit des temps, régulé par le système manichéen : amour/ haine ; objectivité/ subjectivité ; finesse/ bêtise ; responsabilité/ irresponsabilité ; esprit/ platitude ; apathie/ empathie ; entendement/ « incrédulité »… et que toute la force qui régule ce même monde, provient de ces antithèses infinies, qui souvent et par magie penche du côté radieux et surtout illustre. 
Il y a aussi cette relation de cause à effet qui m’a toujours impressionnée, car elle explique tout, elle révèle tout. Il suffit juste de se poser les bonnes questions et surtout ne pas se tromper et oser donner les bonnes réponses. 
Mais aujourd’hui, il ne s’agit pas de chercher des coupables, de pointer du doigt, de faire des postulats, de postillonner des diffamations sur des micros, de se rabattre sur notre faiblesse sociale et surtout notre fragilité  sociétale, de redimensionner notre monde… 
Tout ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui, tout ce fatras que nous avons construit autour du Virus le Covid-19, tout ce mal que nous avons joint au mal existant et ravageur, doit systématiquement prendre fin.
En cette période trouble, il faut cesser d’agiter encore plus les choses pour que ces choses arrivent à se calmer, à se tasser et que le grain se sépare de l’ivraie doucement sans brusquerie, sans encombre.
 Attendre dans le calme tout en travaillant dans la calme, faire preuve d’humilité, se taire et « tricoter », cheminer sans faire de vague, parler et dire le beau, se taire pour ne pas enfreindre ou blesser ou agresser. 
 Le soleil se lève chaque jour, arrive partout même à nous, nous faisons partie de ce monde, nous avons nos buts et nos exigences et nous devons reprendre un autre chemin que celui entrepris, reprendre la vie avec nos sens surtout là, maintenant et en dépit de tout : écouter ce dehors solitaire, ce printemps solitaire, ce soleil fleuri à l’extérieur et bientôt à l’intérieur de nous. La promesse de l’aube et toujours des rayons qui le transpercent et l’effacent ; la promesse du jour est la vie dans toutes ses formes. La  nuit vient quand il faut penser, écrire, et s’assagir de beaucoup de bonnes espérances.
Je ne suis pas une mage  diseuse de choses, ou une faiseuse de cours. Je me suis emportée dans une articulation soignée par les doux chants d’oiseaux qui en-musiquent le monde entier, je me suis éprise de ces doux chants que j’écoute avec beaucoup de précision et j’ai vu ces oiseaux autour de moi avec leurs couleurs, leurs danses, leurs bréchets qui me rappellent les dinosaures… et je me dis que toute la nature est là, juste là, dans et à travers ces doux chants. 
Nous nous sommes trop dévêtis de ce monde de nature, nous l’avons presque piétiné avec nos différentes roues : que faut-il encore pour le voir ou juste l’entrevoir ? 
J’ai peur de dire pour finir, que ces mêmes murs que nous avons érigés partout, nous ont emmurés pour nous livrer à plus d’étroitesse d’esprit et à moins de discernement quant aux nouvelles choses que nous découvrons aujourd’hui, sans pouvoir vraiment savoir s’il faut s’en émouvoir, se dépiter, se reparler, se repenser… enfin, chacun sera amené à trouver le mot qui lui convient. 


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