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Crise égyptienne : Impuissance du pouvoir militaire face à l’instabilité


Libé
Lundi 19 Mars 2012

Crise égyptienne : Impuissance du pouvoir militaire face à l’instabilité
Le siège par des bédouins d’un camp d’une force internationale de paix dans la péninsule du Sinaï souligne l’impuissance du pouvoir militaire égyptien à asseoir son autorité sur cette région en proie à l’instabilité, plus d’un an après la chute du régime de Hosni Moubarak.
Vendredi, après un siège de huit jours du camp de la Force multinationale d’observateurs au Sinaï (FMO), des bédouins ont accepté de le lever mais en donnant un mois aux autorités pour libérer des membres de leurs tribus, dont certains accusés de terrorisme. L’armée a promis d’examiner leurs demandes.
Cet incident est le dernier en date d’une série de violences ayant mis dans l’embarras le pouvoir militaire, qui a été incapable de défendre un gazoduc alimentant Israël, saboté à 13 reprises en un an.
Des attaques ont aussi visé la police ainsi que des touristes et des travailleurs étrangers brièvement enlevés.
Le Sinaï, où sont concentrées les stations touristiques les plus lucratives d’Egypte, est peuplé en grande partie de bédouins longtemps négligés sous Hosni Moubarak et qui avaient pris les armes lors de la révolte qui a renversé l’ancien président.
L’armée, qui a pris ensuite le pouvoir, peine à déloger les groupes radicaux de cette région désertique et montagneuse de l’est du pays, où la population bédouine est lourdement armée et l’armée très peu présente en raison de la démilitarisation du secteur prévue par l’accord de paix israélo-égyptien.
La péninsule constitue en outre un passage pour le trafic de drogue, la traite humaine et l’immigration clandestine en Israël, de même que la contrebande d’armes vers l’enclave palestinienne voisine de Gaza. Elle a été utilisée également pour commettre des attentats en Israël.
Depuis la chute du régime Moubarak en février 2011, le pouvoir militaire a de plus en plus de mal à imposer son autorité dans cette région. Après une tentative de mater les bédouins l’année dernière, il tente aujourd’hui la négociation avec cette partie de la population locale et les islamistes radicaux.
Pendant des décennies, la solution militaire dans cette région n’a pas seulement échoué, mais a envenimé le problème. Entre 2004 et 2006, des dizaines de touristes ont été tués dans des attentats et les forces de Moubarak avaient arrêté des milliers de bédouins dont certains ont été torturés selon des ONG.
“La racine des griefs dans le Sinaï remonte à très longtemps, et l’autorité du gouvernement y a toujours été faible”, affirme Michael Wahid Hanna, un expert égyptien du centre d‘études américain The Century Foundation. “Il y a un certain degré de discrimination, une relation d’adversité avec les bédouins du Sinaï. Face à ce dysfonctionnement dans la relation, les autorités ont opté pour l’approche sécuritaire pour traiter avec les bédouins”, dit-il.
L’Egypte compte sur le tourisme et l’emploi dans cette péninsule pour renflouer ses caisses. Mais les bédouins, qui constituent moins de la moitié des quelque 500.000 habitants de la région, en profitent peu. Nombre d’entre eux sont pauvres et illettrés.
Les autorités “disent que le Sinaï est égyptien, mais je ne pense pas qu’elles y croient vraiment”, affirme le militant bédouin des droits de l’Homme Yahya Abou Nasira, emprisonné pendant 30 mois sous Moubarak. Elles “doutent toujours de notre loyauté”.
Pour Mohammed Fadel Shosha, ancien gouverneur de la région, le développement de la province est crucial pour faire cesser les violences. Mais les infrastructures et le développement agricole sont difficiles et “coûteux” dans cette région, dit-il, en soulignant la nécessité de construire de nouveaux canaux d’irrigation, et de mettre en place une installation pour transporter l’eau dans les zones montagneuses. Cela se chiffre à plus de 400 millions de dollars, selon lui.
Les investisseurs “ont les capitaux, mais ils ont peur”, ajoute M. Shosha.
Malgré la promesse des autorités militaires de développer la région “rien ne s’est passé depuis la révolution. La situation s’est même détériorée. Le Sinaï est un navire sans capitaine”, déplore M. Abou Nasira.


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