
"Nous demandons aux dirigeants européens de changer de cap. L'austérité, ça ne marche pas", a lancé dans l'après-midi à Bruxelles la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), Bernadette Ségol, face à plusieurs centaines de militants syndicaux, essentiellement belges, rassemblés devant la Banque nationale de Belgique (BNB).
Les syndicalistes européens avaient choisi ce lieu symbolique pour répliquer aux propos du gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, qui a annoncé la "fin" du modèle social européen et exclu toute autre option que les politiques d'austérité dans une interview choc au Wall Street Journal vendredi.
"Non, Monsieur Draghi, le modèle social européen n'est pas mort. C'est la politique néo-libérale qui risque de le tuer", a estimé la secrétaire générale du syndicat socialiste belge FGTB, Anne Demelenne.
La CES avait organisé cette journée de mobilisation à la veille d'un sommet européen, jeudi et vendredi à Bruxelles, au cours duquel les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept vont officiellement signer un nouveau pacte de discipline budgétaire créant une "règle d'or" imposant aux Etats un retour à l'équilibre budgétaire.
Les dirigeants européens vont également chercher des pistes pour relancer la croissance, mais des dissensions se dessinent entre ceux misant sur des recettes très libérales, Grande-Bretagne en tête, et d'autres, comme la France et l'Allemagne, qui proposent d'accélerer la convergence fiscale.
"Nous sommes contre ce pacte budgétaire car il va inscrire dans le marbre des mesures qui ne nous permettront pas d'avoir la relance économique dont nous avons absolument besoin", a expliqué Bernadette Ségol.
"Il faut avoir la maîtrise des dépenses publiques, pour les futures générations", avait convenu le numéro un du syndicat français CFDT, François Chérèque, au cours d'un rassemblement à la mi-journée de quelques centaines de militants belges, français, allemands, autrichiens et grecs devant le siège du Conseil européen à Bruxelles.
"Mais en même temps, il faut investir dans l'économie de demain", il faut des "euro-obligations pour mettre en commun une partie de la dette et pour investir, en particulier dans l'industrie et dans le développement durable", avait-il insisté.
A Athènes, des rassemblements symboliques ont eu lieu devant les bureaux de la Commission européenne et au pied de l'Acropole, la Grèce étant soumise à une rigueur draconienne depuis deux ans en échange de prêts internationaux lui permettant d'éviter la faillite.
Un millier de manifestants, selon la police, se sont rassemblés sous la pluie mercredi soir à l'appel des syndicats, la GSEE du privé et l'Adedy du public, sur la place Syntagma devant le Parlement pour assister à un concert en plein air organisé contre l'austérité.
En France, quelques milliers de salariés sont descendus dans les rues et des mouvements de grève limités ont légèrement perturbé le transport aérien. A Marseille (sud-est), entre 2.700 manifestants, selon la police, et 10.000, selon les syndicats, sont partis en défilé du Vieux-Port.
Plusieurs milliers de personnes (15.000 selon la CGT, 8.700 selon la police) ont également défilé à Paris dans une manifestation dont le mot d'ordre était : "Ce n'est pas aux salariés de payer" pour la crise.