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"Le but de cette visite est d'abord de s'entretenir avec la chancelière Angela Merkel et lui dire que nous prenons au sérieux la compétitivité de la France", a indiqué à l'AFP le conseiller auprès du Premier ministre, Jacques-Pierre Gougeon.
Un proche de Mme Merkel, Volker Kauder, avait exprimé sans détours vendredi les craintes de Berlin d'un décrochage de la deuxième économie européenne.
"Ce serait bien si les socialistes engageaient maintenant vraiment des réformes structurelles. Cela ferait du bien au pays et à l'Europe", avait dit le président du groupe parlementaire des conservateurs.
Le même jour, des médias allemands avaient affirmé que le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, avait chargé un groupe de cinq "sages" - des économistes de haut rang qui conseillent le gouvernement - de plancher sur des propositions de réformes pour la France.
Une information aussitôt démentie par les fameux "sages", puis lundi par une porte-parole du ministère allemand des Finances: "Il n'y a aucune demande en ce sens".
Ces fuites sur un supposé rapport avaient été interprétées comme un signe de l'agacement de Berlin face aux perspectives de dérapage des finances publiques françaises en 2013, au-delà de la limite des 3% du PIB.
Les projets de réforme de Paris, annoncés par M. Ayrault en début de semaine dernière, incluant notamment un allégement fiscal de 20 milliards d'euros pour les entreprises, avaient cependant été plutôt bien accueillis à Berlin.
"Il n'y a pas de malentendu franco-allemand", a affirmé lundi le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici.
Il n'empêche, les critiques voilées dans la presse allemande à l'encontre de Paris se sont multipliées ces derniers temps. "Hollande sans boussole", a écrit dans un éditorial lundi le quotidien conservateur Die Welt, emboîtant le pas à un article du journal le plus lu d'Allemagne, Bild Zeitung, paru il y a moins de quinze jours et intitulé: "La France va-t-elle devenir la nouvelle Grèce?".
Depuis des années, l'Allemagne, qui sous la houlette du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder a engagé de profondes réformes pour flexibiliser son marché du travail, s'inquiète d'un possible déclin de son voisin.
Pour Jérôme Cahuzac, le ministre délégué français chargé du Budget, les récentes critiques de l'Allemagne pourraient plutôt révéler la volonté de Berlin de préserver son leadership au sein de l'Union européenne.
"François Hollande déplait", constate Ulrike Guérot du Conseil européen des relations étrangères. Mme Merkel n'a jamais caché pendant la campagne électorale française qu'elle aurait préféré voir réélu Nicolas Sarkozy, un conservateur comme elle.
Selon un observateur bien informé de la politique allemande, les critiques récentes peuvent aussi s'expliquer par le début de campagne électorale en vue des législatives de l'automne 2013 qui incite le camp conservateur à durcir le ton sur l'Europe.
M. Hollande, de son côté, a manifesté à maintes reprises son soutien aux sociaux-démocrates pour les prochaines élections. Lors de sa visite à Berlin, M. Ayrault doit d'ailleurs rencontrer vendredi matin des responsables du SPD, avant de repartir pour Paris. "Personne n'en prend ombrage", assure M. Gougeon.
Le Premier ministre français, qui devrait au moins réaliser une partie de ses entretiens en allemand avec la chancelière, parviendra-t-il à améliorer les relations entre Paris et Berlin ?
"C'est quand on se dispute avec la France qu'on est le plus créatif", estime en tout cas Mme Guérot, qui voit dans ces tensions une occasion de faire avancer l'Europe.