
Des tirs nourris de mitrailleuses et d'armes lourdes ont retenti avant l'aube dans le quartier du Plateau, où se trouve la présidence, au cœur de la capitale économique de Côte d'Ivoire.
Il s'agit des plus violents affrontements depuis que les soldats fidèles à Ouattara sont entrés dans la cité lagunaire il y a cinq jours. Leur commandement a annoncé lundi avoir lancé l'"assaut final" sur Abidjan. Plusieurs centaines d'hommes, lourdement armés, massés depuis jeudi à la périphérie nord, ont pénétré dans la ville.
Un porte-parole du gouvernement Ouattara a annoncé lundi soir la prise de la résidence de Laurent Gbagbo dans le quartier huppé de Cocody, au nord du Plateau. L'information, invérifiable, a été démentie de source proche du camp Gbagbo.
L'ambassadeur ivoirien en France Ally Coulibaly (pro-Ouattara) a relayé avec prudence une information selon laquelle Laurent Gbagbo négocierait son départ.
"Abidjan est devenue une foire aux rumeurs et je ne veux pas ajouter à la désinformation. Ce que j'apprends, c'est que depuis hier, il chercherait à négocier", a-t-il dit sur RFI.
"Il parle, il parle, il parle", a-t-il ajouté.
Toussaint Alain, porte-parole de Gbagbo en France, a quant à lui déclaré que le président sortant n'avait "pas l'intention de renoncer, de démissionner, d'abdiquer".
Laurent Gbagbo se trouve dans sa résidence, a-t-il dit à Reuters. "Il demeure à la résidence (avec) plusieurs membres de son gouvernement, des amis et sa famille. Il ne bougera pas."
Des hélicoptères de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) et de la force française Licorne ont bombardé lundi des positions des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Laurent Gbagbo.
La France a dit avoir autorisé ses unités présentes en Côte d'Ivoire à intervenir aux côtés de l'Onuci pour neutraliser des armes lourdes de l'armée de Gbagbo utilisées contre des populations civiles.
Les attaques ont visé des bases militaires dans la ville, mais également des lance-roquettes "très proches" de la résidence présidentielle à Cocody, a déclaré lundi soir Alain Le Roy, responsable des opérations de maintien de la paix de l'ONU. "Les dégâts les plus importants sont des camps militaires où notre capacité militaire a été quasiment anéantie", a déclaré Toussaint Alain, parlant de "plusieurs dizaines" de civils tués car des familles vivent dans ces camps.
Dans un communiqué, l'Elysée précise que cette intervention répond à une requête du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, qui a sollicité l'aide de la France dans une lettre à Nicolas Sarkozy.
Dans la journée, l'état-major des armées avait annoncé l'envoi de 150 soldats supplémentaires en Côte d'Ivoire, portant à 1.650 hommes l'effectif de sa mission Licorne sur place. Quelque 12.000 expatriés français vivent à Abidjan, dont 8.000 binationaux. Paris exclut pour l'heure leur évacuation.
Ban Ki-moon a lui-même publié un communiqué où il dit avoir demandé à l'Onuci de "prendre les mesures nécessaires pour prévenir l'utilisation d'armes lourdes contre la population civile" avec le soutien de troupes françaises. Il souligne que l'Onuci "n'est pas partie au conflit" et qu'elle est entrée en action "par légitime défense et pour protéger les civils".