
Les derniers signaux adressés par l’imprévisible fondateur de «République solidaire» avaient pourtant laissé entrevoir l’hypothèse contraire et une possible conciliation avec le chef de l’Etat.
Dominique de Villepin avait en effet rencontré à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy depuis l’été et avait assuré début décembre que la page de l’affaire Clearstream, dans laquelle le président sortant l’accusait de manipulation à son encontre, était désormais tournée.
Dominique de Villepin a réaffirmé dimanche soir qu’il avait «laissé la rancune de côté».
Le parti présidentiel, l’UMP, avait mis en garde en termes choisis l’ancien ministre des Affaires étrangères sur les risques d’un «21 avril à l’envers» aux dépens de Nicolas Sarkozy en 2012. Le 21 avril 2002, le candidat socialiste Lionel Jospin avait été éliminé dès le premier tour en raison de l’éparpillement des votes à gauche.
Désormais, la dispersion menace à droite avec, outre celle de Dominique de Villepin, les candidatures de François Bayrou, Hervé Morin, Christine Boutin et Nicolas Dupont-Aignan. A l’UMP, on oscillait dimanche soir entre surprise et philosophie en estimant que cette candidature de «témoignage» pourrait ne pas aller à son terme. «Tout n’est pas fermé, notre main est toujours tendue», a déclaré la députée Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l’UMP, sur i-télé.
Moins diplomate, le secrétaire d’Etat UMP au Logement, Benoist Apparu écrit sur son compte Twitter : «Villepin candidat à la présidentielle ! A quoi ça sert ? Surprenante posture du sauveur !». Le député UMP Lionel Tardy s’interrogeait pour sa part sur la capacité du candidat, qui compte peu de soutiens et de relais politiques, à réunir les 500 parrainages nécessaires et à mettre en place un budget de campagne. Le sénateur socialiste André Vallini s’est dit surpris par la nouvelle qu’il juge «mauvaise» pour Nicolas Sarkozy. Dans un sondage LH2 pour Yahoo diffusé dimanche, Dominique de Villepin est crédité d’un pour cent des intentions de vote, alors qu’il avait atteint entre 6% et 9% à l’été.
L’ancien Premier ministre, qui n’a jamais brigué jusqu’ici le suffrage universel, a expliqué sa décision par la volonté de ramener sur la voie du redressement une France «humiliée» par la loi des partis et des marchés. «Les Français souffrent et je ressens comme beaucoup de Français que la France est humiliée quand elle subit la loi de la République des partis», a-t-il dit. «Quand nous voyons les Verts, les socialistes, discuter le bout de gras sur le comptoir - et quel bout de gras -, le nucléaire, la place de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, eh bien je m’inquiète», a-t-il poursuivi à propos de l’accord entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EELV).