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Conseil de la ville de Casablanca : La session de toutes les passions


Hassan Bentaleb
Jeudi 19 Juillet 2012

Conseil de la ville de Casablanca : La session de toutes  les passions
9h 30, la grande salle de la wilaya de Casablanca semble presque vide. Seule une poignée d’élus et de journalistes sont présents. La  feuille de présence étalée à l'entrée de la salle est encore vierge. La session extraordinaire consacrée à l'examen de la question des maisons menaçant ruine risque de ne pas avoir lieu. 
Khadija Tantaoui, élue de la ville, a l'air agacée. Pour elle, l'absence des élus est inacceptable et injustifiée. Notamment celle du président du Conseil de la ville.  « Sajid et sa majorité sont toujours là quand il s'agit de voter les budgets ou des projets qui les concernent mais quand il s'agit de vies humaines qui risquent de s'éteindre sous les décombres de maisons menaçant ruine, ils préfèrent rester à l'écart», regrette-t-elle. Abdelhak Mabchour lui aussi semble remonté : « Boycotter les travaux de cette session si importante est une insulte aux habitants de l'ancienne Médina et à la mémoire des personnes qui ont perdu dernièrement la vie lors de l'effondrement de leurs maisons », hurle-t-il.  « Personne ne peut imaginer le malaise dans lequel on vit du fait que chaque jour, des dizaines d'habitants de l'ancienne Médina nous interpellent sur leur sort en  réclamant une solution d'urgence. Ne pas assister à cette session est une trahison face aux malheurs de ces gens », déplore un autre élu avant de quitter la salle.  
Il est presque 11h00. Le nombre des édiles présents ne dépasse pas 40. Les chances de tenir cette session s'amincissent. Un risque qui hante les esprits depuis ce matin. En effet, les édiles craignent une annulation pure et simple de la session faute de quorum. Mais pas question, le show must go on. « On doit tenir cette session coûte que coûte », insiste un élu en rage.  
Mohamed Brija, vice-président du Conseil tente de jouer les pompiers. Il essaie d’apaiser les esprits échaudés. Ses sollicitations peinent à trouver un écho favorable. Mais, à force d’insister, il réussit à calmer les édiles présents. Mieux, il arrive à improviser une réunion dans son bureau au 1er étage de la wilaya à l’abri des regards pour décider du sort de cette session qui a du mal à démarrer. Le verdict tombe après un quart d’heure : « La session sera tenue mais à condition qu’il y ait au moins 70 élus dans la salle ». Aux grands maux, les grands remèdes. Les élus présents sortent leurs portables et commencent à appeler leurs collègues. Il faut que tout le monde soit là. 
 Il est 12H30. Les premiers secours viennent d’arriver. Les élus convoqués en  dernière minute commencent à faire leur entrée dans la salle en vagues successives sous l’œil vigilant du vice-président qui scrute le moindre mouvement dans la salle. Désormais, ils sont 70 élus. « Maintenant, on peut commencer », lance Brija avec un sourire malicieux à l’assistance. Et c’est à  Abdelkader Kaaioua, inspecteur général régional au ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville de prendre la parole. Selon lui, les premiers résultats de l’enquête menée récemment par les services de son ministère démontrent que la capitale économique compte 1.210 maisons menaçant ruine  dont 700 doivent être évacuées de leurs habitants et rasées. Cela touche les préfecteurs d’arrondissements de Casa-Anfa avec 524 constructions et 1.500 ménages et El Fida-Mers Sultan avec 176 constructions et 300 ménages. 
Le responsable du département de l’Habitat estime que ce dossier est lourd et pose beaucoup de défis. Il concerne notamment l’ensemble des préfectures d’arrondissements casablancais. Pas le temps de dire plus. Le temps presse. Il doit donner la parole à Youssef Benmakhlouf, responsable de l’accompagnement de la cellule sociale à la Sonadac. Un passage qui n’a pas été de tout repos.
Les édiles semblent remontés contre le responsable de celle-ci avant même qu’il prenne la parole. Ils ne veulent pas l’écouter. Certains se moquent de son âge. Pour eux, c’est le directeur général de la société himself qui doit être là pour répondre à leurs questions.  «Descendez-le. Ce jeune ne connaît rien dans cette affaire », crie l’un d’entre eux. « Il ne peut   rien faire pour nous», enchaîne un autre avant d’être coupé par son collègue : «On veut les vrais responsables, ceux qui ont dilapidé les deniers publics ».
 Le jeune responsable a l’air gêné mais pas perturbé. S’il est vrai qu’il passe l’un des pires moments de sa vie professionnelle, il parveint à encaisser les coups.  « S’il vous plaît, un peu de respect », lance Brija aux élus en colère. Le calme revient mais pas pour longtemps. A chaque fois qu’il prenait la parole, les édiles le «saluaient» avec des airs moqueurs. L’exposé du représentant de la Sonadac va durer moins de 10 minutes, interrompu plusieurs fois pour faire état des efforts déployés par  la Sonadac pour reloger les sinistrés. A ce sujet, il explique que jusqu’au 15 juillet courant, la société en question a relogé 129 familles, soit un total de 3.126 personnes et que le taux hebdomadaire des opérations de relogement a touché  20 ménages soit plus de 100 personnes. 
Des propos qui font sortir les élus de leurs gonds. « Mais de quoi tu parles jeune homme? C’est  du baratin ce que tu viens de nous raconter », hurle un élu du fond de la salle et suivi par un autre qui ne mâche pas ses mots : « Il nous prend pour des gamins ce jeune homme. On en a assez!». Même avis de cet autre élu qui exige la convocation immédiate du directeur général de la société : «Passons aux choses sérieuses. On perd du temps comme ça ».
Khadija Tantaoui reprend la parole. Elle fustige la légèreté avec laquelle les autorités locales traitent le dossier de  ces habitations à risque.« L’absence de Sajid, du wali de Casablanca, du gouverneur de l’Agence urbaine et du directeur général de la Sinadac est la preuve que les vies des habitants de l’ancienne Médina ne pèsent pas grand-chose», critique-t-elle. Pour elle, il y a un vrai lobby qui exploite la situation actuelle des maisons menaçant ruine et qui compte déloger et  déplacer les habitants de l’ancienne Médina que ni le projet de l’Avenue Royale, ni la Sonadac ne sont arrivés à déloger en profitant du climat qui règne depuis les événements tragiques survenus dernièrement et qui ont fait  9 morts et plusieurs blessés.
L’élue casablancaise confie que ce groupe de pression manœuvre à travers l’émission d’avis de démolition (décision communale provisoire), paraphés par les autorités locales sans aucun fondement juridique. « Et ça marche puisque beaucoup de gens ont été délogés  sans se voir proposer de solutions de relogement ou de dédommagement », révèle-t-elle. 
Maintenant, c’est à Kamal Daissaoui d’intervenir. Il est le président de la commune de Sidi Belyout. L’homme sait de quoi il parle. Pour lui, certaines statistiques présentées sont erronées et demandent certaines rectifications.  Il pense également que les méthodes d’intervention de l’Agence urbaine dans le cadre du projet de réhabilitation de l’ancienne Médina doivent être revues.
M. Daissaoui va plus loin. Il demande aux responsables de la Sonadac de s’expliquer sur le projet de l’Avenue Royale et de dire s’il est ou non d’actualité. « On manque de visibilité et on aimerait savoir si ce projet fait encore partie du plan d’aménagement ou non », se demande-t-il. Pour lui, il est temps de mettre en place une Agence de réhabilitation urbaine qui aura pour mission de se charger du dossier des maisons menaçant ruine dans sa globalité.
 
 
 
 
 
 
 
 
Mohamed Brija, vice-président du Conseil tente de jouer les pompiers. Il essaie d’apaiser les esprits échaudés. Ses sollicitations peinent à trouver un écho favorable. Mais, à force d’insister, il réussit à calmer les édiles présents. Mieux, il arrive à improviser une réunion dans son bureau au 1er étage de la wilaya à l’abri des regards pour décider du sort de cette session qui a du mal à démarrer. Le verdict tombe après un quart d’heure : « La session sera tenue mais à condition qu’il y ait au moins 70 élus dans la salle ». Aux grands maux, les grands remèdes. Les élus présents sortent leurs portables et commencent à appeler leurs collègues. Il faut que tout le monde soit là. 
 Il est 12H30. Les premiers secours viennent d’arriver. Les élus convoqués en  dernière minute commencent à faire leur entrée dans la salle en vagues successives sous l’œil vigilant du vice-président qui scrute le moindre mouvement dans la salle. Désormais, ils sont 70 élus. « Maintenant, on peut commencer », lance Brija avec un sourire malicieux à l’assistance. Et c’est à  Abdelkader Kaaioua, inspecteur général régional au ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville de prendre la parole. Selon lui, les premiers résultats de l’enquête menée récemment par les services de son ministère démontrent que la capitale économique compte 1.210 maisons menaçant ruine  dont 700 doivent être évacuées de leurs habitants et rasées. Cela touche les préfecteurs d’arrondissements de Casa-Anfa avec 524 constructions et 1.500 ménages et El Fida-Mers Sultan avec 176 constructions et 300 ménages. 
Le responsable du département de l’Habitat estime que ce dossier est lourd et pose beaucoup de défis. Il concerne notamment l’ensemble des préfectures d’arrondissements casablancais. Pas le temps de dire plus. Le temps presse. Il doit donner la parole à Youssef Benmakhlouf, responsable de l’accompagnement de la cellule sociale à la Sonadac. Un passage qui n’a pas été de tout repos.
Les édiles semblent remontés contre le responsable de celle-ci avant même qu’il prenne la parole. Ils ne veulent pas l’écouter. Certains se moquent de son âge. Pour eux, c’est le directeur général de la société himself qui doit être là pour répondre à leurs questions.  «Descendez-le. Ce jeune ne connaît rien dans cette affaire », crie l’un d’entre eux. « Il ne peut   rien faire pour nous», enchaîne un autre avant d’être coupé par son collègue : «On veut les vrais responsables, ceux qui ont dilapidé les deniers publics ».
 Le jeune responsable a l’air gêné mais pas perturbé. S’il est vrai qu’il passe l’un des pires moments de sa vie professionnelle, il parveint à encaisser les coups.  « S’il vous plaît, un peu de respect », lance Brija aux élus en colère. Le calme revient mais pas pour longtemps. A chaque fois qu’il prenait la parole, les édiles le «saluaient» avec des airs moqueurs. L’exposé du représentant de la Sonadac va durer moins de 10 minutes, interrompu plusieurs fois pour faire état des efforts déployés par  la Sonadac pour reloger les sinistrés. A ce sujet, il explique que jusqu’au 15 juillet courant, la société en question a relogé 129 familles, soit un total de 3.126 personnes et que le taux hebdomadaire des opérations de relogement a touché  20 ménages soit plus de 100 personnes. 
Des propos qui font sortir les élus de leurs gonds. « Mais de quoi tu parles jeune homme? C’est  du baratin ce que tu viens de nous raconter », hurle un élu du fond de la salle et suivi par un autre qui ne mâche pas ses mots : « Il nous prend pour des gamins ce jeune homme. On en a assez!». Même avis de cet autre élu qui exige la convocation immédiate du directeur général de la société : «Passons aux choses sérieuses. On perd du temps comme ça ».
Khadija Tantaoui reprend la parole. Elle fustige la légèreté avec laquelle les autorités locales traitent le dossier de  ces habitations à risque.« L’absence de Sajid, du wali de Casablanca, du gouverneur de l’Agence urbaine et du directeur général de la Sinadac est la preuve que les vies des habitants de l’ancienne Médina ne pèsent pas grand-chose», critique-t-elle. Pour elle, il y a un vrai lobby qui exploite la situation actuelle des maisons menaçant ruine et qui compte déloger et  déplacer les habitants de l’ancienne Médina que ni le projet de l’Avenue Royale, ni la Sonadac ne sont arrivés à déloger en profitant du climat qui règne depuis les événements tragiques survenus dernièrement et qui ont fait  9 morts et plusieurs blessés.
L’élue casablancaise confie que ce groupe de pression manœuvre à travers l’émission d’avis de démolition (décision communale provisoire), paraphés par les autorités locales sans aucun fondement juridique. « Et ça marche puisque beaucoup de gens ont été délogés  sans se voir proposer de solutions de relogement ou de dédommagement », révèle-t-elle. 
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