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Conflit libyen : Le bras de fer entre khaddafistes et rebelles se poursuit


AFP
Vendredi 12 Août 2011

Dissimulées entre deux dunes de sable, les batteries de lance-roquettes Grad BM-21 annoncent l'approche de la ligne de front. Sur les côtes du golfe de Syrte, la cité pétrolière de Brega (est) est l'un des principaux champs de bataille du conflit libyen. Pour la première fois depuis des semaines, les rebelles qui font le siège de la ville ont emmené sur place un groupe de journalistes, dont celui de l'AFP. Plus d'une heure de 4X4 à slalomer entre les dunes depuis leur centre de commandement installé dans la raffinerie d'al-Zuwaylinah, à 70 km au nord-est, dont les immenses cheminées à l'arrêt dominent les eaux bleues turquoises de la Méditerranée. La visite est peu ordinaire. Fini le temps béni des premiers jours de la révolte, où quiconque pouvait se mêler aux  "shebab"  (jeunes) en armes et s'approcher au plus près des combats. Officiellement par souci de " sécurité», en fait sans doute vexée de l'image d'amateurisme donnée par ses volontaires civils, la rébellion restreint désormais sévèrement les accès au front. L'occasion est bonne cette fois de montrer de visu l'avancée des rebelles jusqu'aux abords de la zone résidentielle de Brega et de son immense château d'eau, qui marque la limite est de la ville. Le long de la piste menant au front, la carcasse éventrée et carbonisée d'une jeep des forces pro-Kadhafi gît sur le bas-côté, vestige macabre de l'une des frappes aériennes de l'Otan sur la zone. Après les lance-roquettes Grad, arrivent les batteries de mortiers. Un tube de 120 mm, planté sur son large trépied au hasard d'un dévers le long de la plage, semble abandonné.
Ses servants font la sieste à quelques mètres de là, presque les pieds dans l'eau, à l'ombre d'une cahute de fortune faite de caisses d'obus. L'activité semble plutôt limitée ce jour-là sur le front de Brega, où les combattants disent observer scrupuleusement le jeûne du Ramadan. Un poste de premier secours sous tente accueille un unique blessé léger, à peine débarqué d'une ambulance venue des premières lignes. De rares 4X4 banalisés chargés de munitions et de victuailles font le chemin inverse à travers les dunes pour venir approvisionner les fantassins. Les tirs d'artillerie se rapprochent. Les premières lignes sont à environ un kilomètre. Mais impossible, avec la forte brise marine, de localiser l'origine des tirs, ni même d'entendre d'éventuels combats au sol à l'arme légère. Des panaches de fumée grisâtre provoqués par les impacts d'obus s'élèvent à intervalles réguliers sur la plage, à la limite de la ville. "Quelques-uns de nos combattants ont pu pénétrer dans la zone résidentielle", affirme le commandant des opérations sur cette partie nord de la ligne de front, Faraj Moftahi, rencontré au hasard d'une hauteur. "Nous progressons en douceur, (...) demain ou dans les prochains jours, nous avancerons en force pour vraiment prendre pied dans cette zone résidentielle", explique ce quinquagénaire à la peau brûlée par le soleil. L'homme ne porte aucun grade sur son uniforme couleur sable, mais un détail trahit son rang: le rectangle de tissu orange fluorescent sur le toit de son véhicule 4X4, pour ne pas être pris pour cible par les avions et hélicoptères de l'Alliance atlantique. Nouvelles détonations sourdes.  "Départ ou arrivée?" s'interroge-t-on en tendant l'oreille. La réponse arrive en quelques secondes: trois roquettes s'abattent l'une après l'autre à moins de 300 m, dans un effrayant fracas d'acier.
 "Ne restez pas là!», ordonne le commandant Moftahi, " les roquettes tombent comme la pluie". Interdiction d'aller plus loin, il faut rebrousser chemin."Vous reviendrez demain quand nous aurons pris la zone résidentielle", promet-il.


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