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Classement sulfureux : Le Maroc parmi les pays les plus pollués par le dioxyde de soufre

L’OMS avait donné l’alerte en 2016 déjà C’est malheureusement tombé dans l’oreille d’un sourd


Hassan Bentaleb
Vendredi 23 Août 2019

Le Maroc demeure parmi les foyers d’émission du dioxyde de soufre (SO2) les plus importants dans le monde. Ainsi après l’alerte de l’OMS classant le Royaume parmi les pays où la pollution de l'air est supérieure à ses recommandations, c’est au tour de Greenpeace de classer notre pays parmi les 25 pays sources d’émissions de SO2.
Selon un rapport de cette ONG internationale, le Royaume est classé à la 4ème place au niveau de la région arabe et à la 25ème au niveau international.  
La cartographie mondiale de la pollution atmosphérique, précise-t-on, a été réalisée par Greenpeace Inde à partir de données de la NASA en se fondant sur le lien entre les centrales à énergies fossiles, les raffineries et les industries, d’une part, et les niveaux élevés d’émissions de dioxyde de soufre, de l’autre . « En règle générale, ces rapports se basent sur des chiffres recueillis localement par des enquêteurs auprès des sources officielles. Concernant la pollution de l’air, les travaux d’enquête se basent généralement sur les observations de la NASA puisque celle-ci surveille le climat et le mouvement de l’air grâce à des satellites qui permettent d’identifier les zones polluées et le mouvement de la pollution », nous a indiqué une source de Greenpeace Maroc.  
Cette ONG mondiale de défense de l’environnement désigne les centrales à charbon de Jorf Lasfar et de Mohammedia comme les sources émettrices du SO2 responsable de cette situation. Il s’agit d’un gaz incolore à l’odeur piquante produit par la combustion des énergies fossiles (charbon et pétrole) et la fonte des minerais de fer contenant du soufre. La source anthropique principale de SO2 est la combustion des énergies fossiles contenant du soufre pour le chauffage domestique, la production d’électricité ou les véhicules à moteur. Le SO2 affecte le système respiratoire, le fonctionnement des poumons et provoque des irritations oculaires. L’inflammation de l’appareil respiratoire entraîne de la toux, une production de mucus, une exacerbation de l’asthme, des bronchites chroniques et une sensibilisation aux infections respiratoires. Le dioxyde de soufre est encore plus nocif lorsque la concentration des particules et autres polluants est élevée.
L’Arabie Saoudite occupe la première place dans le monde arabe et la 6ème au niveau mondial précédant ainsi les Emirats arabes unis (14ème), le Qatar (15ème), le Koweït (17ème), l’Irak (23ème) et le Maroc (25ème). Au niveau mondial, l’Inde arrive en tête du classement en dépassant ainsi la Chine et la Russie qui sont pourtant responsables de 15% des émissions anthropiques mondiales de dioxyde de soufre. Certains pays européens figurent également dans ce classement, notamment ceux de l’Est, malgré le fait que l’UE déploie des efforts non négligeables pour réduire la production de ce gaz.
La situation au Maroc demeure des plus préoccupantes puisque rien n’a changé depuis le dernier rapport de l’OMS en 2016 alors que la pollution atmosphérique nous coûte chaque année plus de 1,04% de notre PIB, selon des chiffres émanant du secrétariat d’Etat en charge du Développement durable. Un chiffre en augmentation constante depuis 2000 et qui s’élève aujourd’hui à 9,7 milliards de DH. Ailleurs, ces pertes sont estimées annuellement à 5.000 milliards de dollars sans parler des 7 millions de décès.  Selon l’OMS, le taux (sur 100.000) de mortalité infantile des moins de cinq ans dans le Royaume dû aux particules fines PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5 micromètres) s’élevait en 2016 à 14,2 parmi les filles et à 16,1 chez les garçons. Concernant la tranche 5-14 ans, ce taux culminait à 0,4 parmi les deux sexes.
Casablanca enregistre des niveaux de pollution trois fois supérieurs à ceux recommandés par l'Organisation mondiale de la santé avec un taux de concentration de petites particules de 61 µg/m3 (microgrammes par mètre cube) et de particules fines de 26 µg/ m3, alors que les normes internationales sont respectivement de 20 µg/ m3 et 10 µg/ m3.  Marrakech arrive à la deuxième place (58 µg/ m3, 24 µg/ m3), suivie de Tanger (57 µg/ m3, 24 µg/ m3), Meknès (47 µg/ m3, 29 µg/ m3), Fès (40 µg/ m3, 17 µg/ m3), Salé (31 µg/ m3, 13 µg/ m3) et Safi (21 µg/ m3, 9 µg/ m3).
Un état de fait qui interpelle aujourd’hui et plus que jamais les anciennes stratégies mises en place en matière de lutte contre la pollution atmosphérique et notamment le nouveau Plan national de l’air qui couvre la période 2018-2030 et qui ambitionne d’inverser la tendance en renforçant le contrôle, à travers l’augmentation du nombre des stations de surveillance de la qualité de l’air qui devront atteindre 101 en 2030 contre 29 actuellement.


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