Cinéma : Le temps des comptes


Abdeslam khatib
Samedi 5 Février 2011

Après la tenue de la 12ème édition du Festival national du film, à Tanger, il est peut-être temps de marquer un arrêt pour évaluer les choses et voir comment notre cinéma évolue.
Cette réflexion s'impose d'autant plus que les festivals de cinéma au Maroc se succèdent à un rythme  soutenu. Le Festival national de Tanger, le Festival du cinéma méditerranéen, le Festival du court-métrage, le Festival du film francophone, le Festival des femmes du cinéma, le cinéma du handicapé, le Festival du cinéma de l'immigration, entre autres, se chevauchent, s'entremêlent et parfois, se perdent dans les agendas. Trop de cinéma tue le cinéma, serait-on amené à dire.
Certes, dans tous ces festivals, il y a des talents qui émergent et méritent de l'attention. Seulement, il faudrait tenter de reprogrammer cette activité de façon à concentrer ces rendez-vous pour en tirer un meilleur profit au niveau qualité, suivi, médiatisation et, éventuellement, commercialisation
Certes dans la quantité on retrouve de la qualité, aussi rare soit-elle. Les studios de Hollywood produisent des centaines de films chaque année, mais ils ne sont pas tous bons pour autant. La comparaison n’est pas de mise du fait qu'il s'agit d’une véritable industrie cinématographique, une industrie qui répond à une diversité de goûts et s’ouvre de plus en plus sur les effets spéciaux et trucages. Mais cela n'empêche pas que pour aiguiller le cinéma national, il serait salutaire d'organiser des rencontres entre les différents intervenants pour tenter de mettre le doigt sur les maux et de valoriser les aspects positifs.
Si l'émergence d'une génération de réalisateurs talentueux est à même de donner un sang neuf au cinéma, il n’en demeure pas moins que le manque de scénaristes pose problème.
Par ailleurs, un semblant de rupture paraît se dessiner entre les générations. Les réalisateurs de ces dernières années arrivent à leurs limites comme en témoignent les thèmes à répétition. Immigration clandestine, années de plomb, féminisme...bref, des sujets qui reviennent souvent et continuent à profiter du Fonds d'aide. Ces réalisateurs n'ont pas encore compris que le public a beaucoup changé et qu'une autre génération est là ; une génération très familiarisée avec les nouvelles technologies et donc exprime d'autres préoccupations.
La nouvelle génération de réalisateurs a compris et réussi à exprimer les attentes des jeunes selon une nouvelle approche de traiter les aspects aussi bien techniques que créatifs. Le langage a beaucoup changé et pour toucher cette génération qui constitue une frange importante, il faut savoir parler sa langue et véhiculer ses idées.
Il y a aussi cette question de "scènes chaudes". Il ne s'agit pas de faire preuve de fausse pudeur ni d'ouverture outrageuse, mais tout simplement de trouver l'équilibre entre l'image et le langage. Il serait faux de croire que tourner des scènes osées, ouvre les portes du succès. Parfois il peut ouvrir les portes de l'enfer et cela s'est déjà produit avec certains films.
A défaut d’un scénario bien élaboré, certains réalisateurs se focalisent sur l'image au point d’en abuser.
De la quantité, il y en a et le fait de produire entre 15 et 20 longs métrages et entre 70 et 100 courts métrages par an, en témoigne. Mais personne ne peut nier l’existence d’une certaine cacophonie. Et c'est pour remettre les choses en place qu'un débat s'impose entre les intervenants dans le domaine cinématographique au Maroc pour préserver cette place aux niveaux méditerranéen, arabe et africain. 


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