Il y a une semaine encore, les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les socialistes du Pasok, qui se partagent le pouvoir depuis 38 ans et gouvernent ensemble depuis novembre 2011, se posaient en garants du maintien du pays dans l’euro via la stricte application de la feuille de route des créanciers du pays, l’UE et le FMI.
Mais les législatives de dimanche ont rebattu les cartes. Le sacre des formations hostiles aux engagements de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers ont poussé les responsables socialistes et conservateurs à revoir leur position.
Antonis Samaras, chef de la ND, juge «tout à fait réaliste» une «renégociation» des accords afin de faire «respirer l’économie» et de «soulager la société». Même message de la part de son rival socialiste, l’ex-ministre des Finances Evangélos Vénizélos: respecter le vote des électeurs implique de «chercher le meilleur amendement possible des termes» du programme d’austérité «pour aider au développement (...) et protéger la niveau de vie des citoyens».
Les Bourses européennes ont terminé de nouveau en baisse jeudi, toujours pénalisées par l’instabilité politique grandissante en Grèce dont la sortie de la zone euro est de plus en plus évoquée. Le dirigeant de la gauche radicale grecque (Syriza), Alexis Tsipras a annoncé mercredi qu’il renonçait à former un gouvernement «à gauche», car il n’avait pas la majorité, accusant les deux autres partis, le Pasok et la Nouvelle Démocratie de ne pas vouloir «rejeter les politiques de rigueur». Il a demandé à rencontrer le président français Francois Hollande, traduisant l’espoir que suscite en Grèce la victoire du candidat socialiste favorable à une réorientation de l’Europe vers une politique de croissance.
Mais les appels au respect des engagements de la Grèce et à la poursuite de la rigueur se multiplient, à commencer par Berlin.
«Si la Grèce veut rester, et la grande majorité des Grecs veut rester (dans l’euro), il n’y a pas de meilleure voie que celle que nous avons choisie. On ne peut pas avoir l’un (le sauvetage financier et l’euro) sans l’autre», a prévenu le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, lors d’un colloque à Bruxelles.
Et Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas mâché ses mots lors d’une déclaration au quotidien Handelsblatt: «Il doit être clair pour la Grèce qu’il n’y a pas d’alternative au programme d’assainissement convenu si elle veut rester membre de la zone euro». A Paris, le ministre sortant des Affaires étrangères, Alain Juppé, juge la situation en Grèce «extrêmement préoccupante», ajoutant que «les mises en cause des traités difficilement négociés (...) risquent de provoquer des turbulences difficilement contrôlables». Le Syriza a été propulsé deuxième force politique par l’effondrement des deux partis historiques pro-rigueur à 32% des suffrages. Les cinq autres formations entrées au parlement, hostiles à l’austérité, rassemblent 151 sièges sur 300, mais sans perspective d’alliance.
Si Pasok et Nouvelle Démocratie (ND) ont bien pris le virage d’une renégociation des engagements de la Grèce, ils insistent sur l’impératif d’un maintien du pays dans l’euro, accusant M. Tsipras de jouer avec le feu.