Chaïbia au Grand Palais-Champs Elysées à Paris

Présentation de son recueil poétique illustré par Michel Barbault


ABDELLAH CHEIKH
Mercredi 22 Juillet 2009

Chaïbia au Grand Palais-Champs Elysées à Paris
Dans le cadre du Salon international du Livre ancien et de bibliophilie, organisé recemment par le Syndicat national de la librairie ancienne et moderne et la Chambre nationale de l’estampe, Quadra’Art Léoda Scale a présenté au grand Palais-Champs Elysées à Paris le recueil de poèmes inédits de feu Chaïbia transcrits par Marc de Gouvenin et illustrés par le grand maître verrier Michel Barbault, qui a été sélectionné parmi les 10 meilleurs illustrateurs mondiaux par son travail créatif sur « la chute d’Albert Camus ».. Cet artiste de renom a fait 30 exemplaires de ce beau livre intitulé «Chaibiesques » dont chacun est réalisé entièrement à la main selon l’esprit du texte, signé et numéroté : 36 pages, 13 poèmes, 17 illustrations plus la couverture (peinture à l’huile et collages, papier Arches à la forme, texte sur Rivoli marouflés composé en Zapfino, format 31 X 40, dos carré, sous coffret).
En hommage à cette grande figure de la peinture moderne, Nahmias a réalisé un superbe film sur son anthologie poétique comprenant une interview exclusive avec Michel Barbault. Ce film de référence mérite d’être diffusé par une de nos chaînes marocaines afin de faire savoir une autre facette de son talent singulier. Repère pour tous, Chaïbia est devenue un nom emblématique en transcendant par la peinture les histoires de sa vie où l’artistique et le spirituel se mêlent positivement pour une véritable ouverture au monde actuel. Le message de la défunte est un message de liberté qui va bien au-delà du seul domaine artistique. Et le miracle est aussi qu’il ait été entendu, malgré le vacarme environnant (et l’on pense ici au rôle tenu par Pierre Gaudibert et Cérés Franco pour faire entendre cette voix pure).
Sur le stand de Quadra’Art Léoda Scale, le recueil passionnant de Chaïbia a été entouré par d’autres ouvrages d’art illustrés par une pléiade distinguée d’artistes de renom, en l’occurrence Salvador Dali, Henri Matisse, Fernand Leger, Pierre Bonnard, Georges Braque, Chillida Eduardo, Jean Cocteau, Raoul Dufy, Maurice Denis, Joan Miro, Antoni Tapies, Victor Vasarely, Maurice de Vlaminck, Ossip Zadkine, Kisling Moise, et Louis Legrand.
Il est à rappeler que cette manifestation a accueilli 150 libraires et 40 galeries d’art internationales. Elle a été marquée également par présence de plus de 35 000 visiteurs et invités y compris les responsables des sociétés de bibliophiles et les membres du jury, entre autres, Robert Gallimard, éditeur, Catherine Camus, fille d’Albert Camus, Claude Blaizot, grand libraire éditeur expert en livres illustrés, Frédéric Castaing, président du Syndicat de la librairie ancienne et moderne. Le prix de l’illustration sera annoncé le samedi 12 septembre dans le cadre des 6ème journées du livre ancien et de la bibliophilie à Lourmarin, village d’Albert Camus.
Réputée pour son franc-parler et son art onirique, Chaïbia a révolutionné le monde de l’art en général et celui de l’art marocain en particulier, en introduisant une nouvelle conception de la peinture moderne. Elle est cataloguée parmi les précurseurs de Cobra, mouvement moderne né en Europe en 1945, dont les ténors étaient Appel, Corneille et Constant.
Sur sa peinture exceptionnelle, Tahar Ben Jelloun a écrit dans la préface du catalogue de l’exposition tenue à la Galerie d’art casablancaise Loft: «Il y a dans son expression quelque chose de simple et de profond en même temps. La simplicité est une victoire sur l’apparence. N’est pas simple qui veut. Il faut être doué et travailler toute une vie pour y parvenir. C’est un peu comme le cinéaste Luis Bunel à qui on disait que ses films étaient d’une grande simplicité, dans le sens de clarté et de doute aussi. Mais derrière cela, il y avait des années de travail et d’expérience. Chaïbia était une grande dame, sa simplicité n’avait d’égal que son sens de la dignité. Son talent avait quelque chose d’évident. Elle -même ne s’encombrait pas de discours à propos de sa peinture. Alors, entrons dans cet univers en silence et en admiration. ».
Pour sa part, Luis Marcel, critique d’art, nous a révélé dans le magazine Artension (n° 19, septembre octobre 2004) : « Ce qui m’a frappé lorsque la première fois j’ai rencontré Chaïbia , ce sont ses yeux, son regard pétillant et malicieux, comparable à celui d’un enfant…avide, curieux, bien décidé à explorer tout ce que Dieu disposait à sa portée. Elle était l’intelligence à l’état pur. Quand je l’écoutais parler, que je la regardais peindre, je ne pouvais m’empêcher de penser à tous les enfants qui, comme elle, n’ont pas la possibilité d’aller à l’école et qui, pourtant, sont des savants, des surdoués, des créatifs, des chercheurs en puissance.».
Après des hommages posthumes en Grande-Bretagne, en France et au Maroc, la Galerie « la Rage » à Lyon a présenté en partenariat avec « Le Sixième Continent » les œuvres de Chaïbia, et ce à l’occasion du Festival « Culture du monde » dédié cette année au Maroc.
Quant à l’artiste Michel Barbault, il   a étudié à l Académie Charpentier, à Montparnasse, et à l’Ecole nationale supérieure des métiers d’Art dont il a obtenu le diplôme de Maître Verrier. Cette formation artistique lui a permis de collaborer notamment avec l’Atelier Barillet à Paris où il a rencontré Fernand Léger qui l’a motivé pour réaliser ses dalles de verre d’Audincourt. Après cette expérience fort intéressante, il a fréquenté l’Atelier Hebert- Stevens (Bony). C’était pour lui une grande école au cours de laquelle il a côtoyé les figures emblématiques de l art moderne et a réalisé leurs chefs d’oeuvres en l’occurrence, Matisse (Chapelle de Vence), Georges Braque (Eglise de Varengeville), GeorgeRouault, Jean Bertholle, Pierre Tal- Coat, Léon Zack , Costa Coulentianos. C’est Francesco Borés  qui a initié sa rencontre avec Tériade. Dans ce contexte, il a assuré la restauration des vitraux de la Cathédrale de Beauvais.
Parallèlement à ce premier tournant artistique, il a axé sa vie professionnelle sur le design graphique à Paris puis en Provence à partir de 1964, et ce après avoir suivi des cours d’art graphique à Estienne. A ce propos, il a élaboré un travail très personnel d’édition de livres d’artiste avec des textes de Garcia Lorca, Apollinaire, Max Jacob, Maria Rilke, Eric Satie, La Fontaine, Antonin Artaud…  : Chaque exemplaire est entièrement fait à la main avec des techniques différentes.
En tant qu’artiste peintre, il a présenté ses peintures dans les galeries et les salons nationaux et internationaux y compris des musées en Espagne à Huete, à Requena, au Japon, à Utsunomiya Museum of Art, et dans de nombreuses collections privées en France, en Suède, en Espagne, au Japon (avec une très longue collaboration avec M.Masuda de la Galerie MMG à Tokyo) et au Maroc avec la Galerie Alif Ba à Casablanca.
Les grandes escales marquant son itinéraire créatif sont : L'atelier Charpentier avec Antoine Bourseiller et Marcel Maréchal, la rencontre avec les grands artistes de l'époque dans les ateliers de vitrail, la participation avec les Editions Goutal Darly à des expositions et des animations sur les livres d’artistes et les métiers du livre en collaboration avec des bibliothèques dans tout l’Hexagone ainsi que des expositions internationales en France, en Belgique, en Espagne, au Japon et maintenant au Maroc.


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