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Cas testés et cas réels : Il faut bien faire la part des choses

Le confinement donne ses preuves


Hassan Bentaleb
Jeudi 26 Mars 2020

Le dépistage massif hors de portée

Cas testés et cas réels : Il faut bien faire la part des choses
 Depuis l’apparition du Covid-19, nombreux sont les Marocains qui ont pris avec une certaine réserve le nombre de personnes contaminées donné par le ministère de la Santé. Certains sont même allés jusqu’à douter de ses statistiques, les considérant comme irréalistes au regard du nombre des personnes contaminées ou décédées sous d’autres cieux et notamment en Chine et en Italie. Est-il donc raisonnable de se méfier des statistiques officielles ?
« Les chiffres déclarés officiellement concernent uniquement les cas testés et déclarés. Il s’agit donc de données authentiques et incontestables.  Mais, ces chiffres ne reflètent malheureusement pas l’état réel de la propagation de la maladie puisqu’ils peuvent se monter au double ou au triple, voire plus», nous a indiqué un médecin casablancais qui a sollicité l’anonymat. Et de préciser : « Pourtant, cela ne veut dire en aucun cas que les chiffres officiels sont manipulés ou minorés. En effet, l’expérience chinoise et les recherches scientifiques effectuées dernièrement, ont démontré qu’à côté des cas testés, il y a ceux qu’on qualifie de cas réels. Ce qui veut dire que le nombre réel de personnes infectées est largement supérieur à celui des cas officiellement déclarés positifs et cela concerne tous les pays sans exception, mais ce décalage entre les deux cas de figure n’a été découvert que dernièrement. Ainsi, les autorités chinoises ont-elles constaté que sur les centaines de cas testés positifs en une journée, il y a eu des milliers qui n’ont pas été récencés officiellement ».
Comment peut-on expliquer cet écart ? Selon la revue Science et Avenir, ce décalage est dû au fait qu’une proportion notable des personnes infectées ne développe que peu de symptômes (voire pas du tout). L’Institut Pasteur estime que cela peut concerner 30 à 60% des sujets infectés qui échappent facilement à la détection. Pis, ces individus «continuent à vivre normalement, à travailler, à utiliser les transports en commun, à faire du shopping ; ils se déplacent à pied, en voiture, en train ou en avion. Involontairement, ces porteurs silencieux facilitent la propagation du virus », précise Jeffrey Shaman, chercheur américain à l’Université de Columbia. Toutefois, le rôle exact joué par ces cas non identifiés dans la propagation de la pandémie reste difficile à cerner puisque ces individus sont a priori moins contagieux (ils ne toussent pas) et ne projettent donc pas de postillons chargés en virus, précise la revue.
Le décalage entre les cas réels et les cas détectés trouve également son explication dans « la politique des tests » entreprise par chaque pays et qui dépend, en grande partie, de la disponibilité des tests et de la capacité de les réaliser. «Le Maroc n’a pas procédé à un dépistage général faute des moyens et structures nécessaires pour effectuer de tels tests sur une échelle plus large. Même les patients présentant des symptômes alarmants n’ont pas été testés. Ils ont été confinés chez eux comme c’est le cas d’ailleurs dans d’autres pays (Italie, France…) », nous a indiqué notre source. Et d’ajouter : « On est loin du cas de la Corée du Sud érigée aujourd’hui comme un exemple en matière de dépistage général et qui a utilisé les grands moyens (laboratoires fixes, laboratoires mobiles, GPS, caméras de surveillance… ).
Selon la revue Science et Avenir, le nombre total de tests effectués dans ce pays s'élèverait à 220.000. Ils ont été réalisés dans 500 cliniques habilitées, dont une quarantaine de cliniques ambulantes. « La Corée du Sud a en fait appris de ses propres erreurs et notamment de la carence de tests disponibles en 2015 lors de la crise du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers). Alors elle a accéléré les procédures de mise sur le marché des tests, et quelques semaines après l'apparition du coronavirus en Chine, Séoul donnait son feu vert à la mise à disposition des cliniques d'un tout nouveau test diagnostiquant le Covid-19 en six heures », rapporte ladite revue scientifique.
Pour notre source casablancaise, un dépistage général n’est pas possible aujourd’hui au Maroc puisqu’on est au stade du confinement. Selon elle, il est trop tard et la seule solution demeure donc le confinement.  «Dans l’état actuel des choses, il n’y a pas mieux qu’une restriction stricte de la mobilité de nos concitoyens. Et les résultats seront palpables dans une semaine voire 10 jours », a-conclu notre interlocuteur. En effet, ce médecin comme beaucoup d’autres pensent que la mise en place du confinement avant le pic de l’épidémie limitera forcément le nombre des éventuels malades atteints du Covid-19 vu que le nombre de jours nécessaire à l’incubation (de 3 à 5 en général et jusqu’à 14 jours dans certains cas), coïncidera avec ceux du confinement.


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