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Bras de fer autour de Mellilia

Le développement du Nord du Maroc affole l’ extrême droite espagnole


Mourad Tabet
Mardi 16 Juillet 2019

Le Maroc a commencé cette semaine à interdire le passage aux porteurs de marchandises qui transportent des vêtements neufs achetés dans le préside occupé Mellilia pour être écoulés dans le reste du Maroc, selon l’agence espagnole Europa Press. Il convient de rappeler que notre pays avait décidé il y a un an de fermer sa frontière commerciale avec cette ville occupée. «Les autorités marocaines considèrent que cette fermeture est une décision souveraine qui concerne le Royaume et que Rabat l’a prise conformément à sa souveraineté nationale», avait souligné le ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi en 2018. Par contre, le gouvernement local du préside occupé avait qualifié cette fermeture de décision «unilatérale [impactant] une coutume commerciale qui existe depuis 1959 à la frontière de Beni-Ansar», tout en la jugeant comme une «atteinte» à l’activité commerciale de Mellilia. Selon Europa Press, le nouveau président du préside occupé, Eduardo de Castro (appartenant au parti Ciudadanos, Les Citoyens en espagnol), a souligné que les hommes d’affaires « devront s’adapter aux mesures » imposées par le Maroc, tandis que l’ancien président, Juan José Imbroda (Parti populaire ‘PP’), a accusé Eduardo de Castro et le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) d’avoir «jeté l'éponge » alors qu'il y a un an, ils avaient organisé des manifestations contre la fermeture des frontières commerciales lorsque le PP dirigeait le gouvernement local de ce préside occupé. L'interdiction imposée par les autorités marocaines a conduit la coopérative des bus publics de Mellilia à mettre à l’arrêt, dès lundi 15 juillet, leurs lignes de transport entre le poste de Beni-Ansar et le quartier chinois du préside occupé (Barrio Chino). D’après la même source, Eduardo de Castro a assuré que son gouvernement «ne pouvait empêcher qu’un autre pays, notamment le Maroc, de fixer ses propres normes concernant sa frontalière et a demandé aux commerçants de se conformer à la nouvelle situation ». Et comme à son accoutumée, le parti d’extrême droite Vox s’est lancé dans une enchère démagogique et verbale. En effet, le président et député de Vox-Mellilia, Jesus Delgado Aboy, a appelé à la nécessité de prendre des «mesures drastiques» au cas où le Maroc empêcherait l’entrée dans son territoire des marchandises en provenance dudit préside. « On devrait faire de même et fermer la frontière pour empêcher les ambulances transportant des femmes enceintes ou des malades d’entrer dans la ville », a-t-il déclaré selon le journal El Faro de Melilla. Selon cet élu, le Maroc veut « étouffer Mellilia » dont« le gouvernement local ne fait absolument rien». « S’il ferme les frontières devant nos commerces et s’il force nos citoyens à vivre des moments difficiles, notre exécutif local devrait faire de même. Il ne devrait laisser passer aucune ambulance, ni assister les femmes marocaines enceintes. Que la frontière soit fermée à tout, et lorsqu’il y aura de la famine dans les environs de Mellilia, on va voir ce que le gouvernement marocain va faire», a tempêté le président de ce parti populiste. Face à cette surenchère verbale, la réaction du PP s’est faite plutôt modérée et raisonnable. Selon El Faro de Melilla, le PP n'a pas l'intention d'ouvrir un conflit avec le Maroc ou de fermer unilatéralement la frontière. A cet effet, le député du PP (qui représente le préside occupé au Congrès espagnol), Fernando Gutiérrez Díaz de Otazu, a affirmé qu’il ne présentera, pour le moment, aucune question à propos des mesures prises récemment par le Maroc, tout en soulignant que le Royaume est « un pays allié et ami » et que les relations entre Rabat et Madrid sont au beau fixe. Pour cette raison, sa proposition vise à « faire comprendre au gouvernement marocain que la vie à Sebta et Mellilia doit être bonne et que cela dépend dans une large mesure de l'attitude de l'Exécutif marocain». Pour sa part, Abdesslam Bouteyeb, président du Centre de la mémoire commune pour la démocratie et la paix, a affirmé dans une déclaration à Libé que le parti d’extrême droite, Vox, est un parti qui «ne connaît pas bien pas la région et les problématiques qui se posent aux niveaux social et économique. C’est un parti qui ne connaît pas parfaitement le développement des relations entre le Maroc et l’Espagne sur le plan économique ». En plus, ce parti ne sait pas que le Maroc se développe sur le plan politique et démocratique et au niveau des droits de l’Homme. Selon lui, « le Royaume a une vision humaniste pour régler les problèmes liés aux frontières », c’est-à-dire qu’il cherche des alternatives en vue de mettre fin au calvaire et à la souffrance de milliers de Marocains et de Marocaines qui font des allersretours entre le Royaume et le préside occupé avec plusieurs dizaines de kilos de marchandises sur le dos.
 
 

Une dépendance incontournable

Mellilia est un préside de 12km2 qui dépend entièrement de son arrière-pays à plusieurs niveaux : main-d’œuvre, approvisionnement en eau potable et en produits alimentaires frais, etc. et, surtout, en matière d’un commerce informel qui alimente abondamment la contrebande. Si le coût réel de celle-ci n’a jamais été évalué avec précision, le directeur général de l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII), Nabil Lakhdar, avait précisé en février dernier qu’elle ferait perdre annuellement au Maroc entre 550 millions et 730 millions d’euros rien que concernant Sebta dont le produit intérieur brut est alimenté à hauteur de 25% par les recettes de la contrebande. En termes d’impôts, elle obère le Trésor public de 2 à 3 milliards de dirhams. « Ce sont des montants que la Trésorerie de l’Etat perd, et si nous ajoutons celui de Mellilia, les chiffres sont doublés », avait-il déploré lors de la réunion d’une commission de la Chambre des représentants. L’ouverture, en juillet 2018, de lignes maritimes de transport de marchandises au port de Béni Ensar et les différentes mesures prises en faveur d’un meilleur développement des provinces du Nord ont, néanmoins, permis de réduire le flux de marchandises de contrebande provenant de ce préside mais elles ne l’ont pas tari.


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