Bertrand Commelin et Alexandre Pajon, directeur général de l’Institut français du Maroc et commissaire du Salon

Le Salon de Tanger propose un programme cohérent, diversifié et ouvert à tous

Samedi 4 Mai 2013

Bertrand Commelin et Alexandre Pajon, directeur général de l’Institut français du Maroc et commissaire du Salon
Promouvoir le débat et les échanges entre intellectuels des deux rives de la
Méditerranée. Telle est la vocation du  Salon international de Tanger des livres et des arts
qu’accueille, à partir du mercredi 8, la capitale du Détroit sous le signe : « Eloge de
la lenteur»
Bertrand Commelin et Alexandre Pajon, respectivement directeur général
de l’Institut français du Maroc et commissaire du Salon et directeur de l'Institut français de Tanger, nous
présentent les grandes lignes de ce grand rendez-vous culturel et artistique.


Alexandre Pajon, directeur de l’IF de Tanger et commissaire du Salon de Tanger :

Libé : «L’éloge de la lenteur» est le thème de l’édition 2013. Pourquoi ce choix qui en étonnera plus d’un?

Alexandre Pajon: «L’éloge de la lenteur», ce n’est pas un clin d’œil ironique à la réalité qu’on vivrait tous avec l’inertie administrative. L’idée c’est que nous vivons tous, le Maroc confronté à la modernité aussi, l’ère de l’accélération qui nous semble extrêmement dangereuse. C’est-à-dire que, si on veut défendre les règles de vie commune, une façon de vivre en famille, avec ses amis, de goûter la littérature, la bonne table… il faut prendre le temps de vivre. Le message qu’on doit retenir dans ce Salon, c’est que pour vivre bien, il faut vivre en prenant son temps. Cela ne signifie pas prendre son temps pour ne rien faire, c’est prendre son temps pour partager avec les autres, sa famille et ses amis, prendre son temps en créant, en lisant, en écoutant la musique, mais aussi en mangeant de la bonne gelée royale trouvée dans la région d’Essaouira.

Le Salon de Tanger accueille plusieurs activités à la fois. Ne faut-il pas craindre une certaine dispersion?

C’est la thématique qui rassemble tout cela et le lieu. En fait, l’idée c’est qu’on va donner aux gens le temps de vivre une expérience particulière. Pour moi, la littérature n’est pas coupée des autres formes de création. C’est pourquoi, on propose quelque chose sur un moment exceptionnel à un public qui ne voit pas cela en temps normal.
Pendant une période donnée, on fait un festival qui est le résumé de ce que nous faisons à longueur d’année. Mais, rassurez-vous, il y a une unité. C’est-à-dire que la programmation est conçue dans une grande cohérence: la musique est en accord avec les textes, les textes sont en harmonie avec les débats philosophiques et politiques et le tout est lié à un lieu. Cela pourrait être un collage, un patchwork, mais tout est pensé pour amener le public à découvrir une réalité à laquelle il n’a pas accès en temps normal.

Quelles sont les nouveautés de cette édition?

La brièveté pour ce dixième Salon. Il ne s’agit pas de tout révolutionner, il s’agit simplement d’accueillir un public plus large en nocturne. C’est-à-dire que, du mercredi 8 au dimanche 12 mai, on va accueillir au Palais Moulay Hafid notre public de 10h à 22h. Autre chose, on va avoir un nouvel espace  jeunesse, qui est ouvert  avec des animations et des stands de littérature de jeunesse, plus le Salon de mille et une lectures.
Voilà donc pour les nouveautés : plus de temps, plus d’espace mais très concentré pour accueillir plus de jeunes mais aussi des employés et qui ne peuvent quitter leur travail dans la journée.

Bertrand Commelin et Alexandre Pajon, directeur général de l’Institut français du Maroc et commissaire du Salon
Bertrand Commelin, directeur général de l’Institut français du Maroc :

Libé: Peut-on avoir un bilan, en rapport avec les précédentes éditions?

Bertrand Commelin : Nous sommes déjà très fiers de la 17ème édition, parce que cela prouve que nous sommes capables d’inscrire notre action dans la continuité. Nous tenons beaucoup à ce que tout ce que nous mettons en place avec nos partenaires puisse se reproduire, devenir un rendez-vous bien identifié par le public.
Donc avec cette 17ème édition, nous y voyons un supplément d’âme par rapport aux précédentes, dans toute cette démarche de partenariat et de coopération que nous construisons avec les institutions locales et les différents publics.
Nous avons pour politique à l’IFM de nous adresser prioritairement à la jeunesse. Il est vrai que le Salon du livre de Tanger, nous n’en faisons pas seulement un lieu pour les professionnels, mais aussi un salon éducatif, ludique, culturel. Ses dimensions sont envisagées précisément pour pouvoir avoir un dialogue avec la jeunesse marocaine.
Nous souhaitons donc pouvoir donner à ce public une vision large de la culture qui n’est pas seulement une manière de grandir, de s’éduquer, mais aussi une manière de vivre ensemble, de faire de la politique, pourquoi pas. Une manière en tout cas de s’intéresser à la cité. C’est tout cela que nous montrerons cette année au Salon. Nous l’avons fait en partenariat avec notamment les Académies régionales d’éducation et de formation, les délégations du ministère de la Culture, avec également un certain nombre d’associations au premier rang desquelles l’Atrac, l’Association Tanger-Régions actions culturelles qui est notre principale partenaire dans la région. Nous allons répliquer le salon dans différentes régions du Maroc, là où nous avons d’autres instituts pour justement porter ce projet.

A ce propos, qu’espériez-vous véhiculer comme message en exportant ce salon dans d’autres villes?

Nous souhaitons toujours pouvoir nous adresser à notre public et nous pensons que si ce salon se passe à Tanger, il peut bien se dérouler ailleurs au même moment, un peu avant ou après, et porter les mêmes types de propositions. Il n’est pas interdit de penser, en tant qu’Institut français du Maroc, que nous pouvons nous intéresser au Maroc dans son ensemble et aux populations et à la jeunesse marocaine. C’est notre ambition également : nous sommes là pour toucher ce public et lui apporter des réponses à d’éventuelles questions.

A propos des partenariats avec les institutions publiques, diriez-vous qu’elles se déroulent comme  vous le souhaitiez?

Bien sûr. Les institutions publiques marocaines nous accompagnent très volontiers, principalement parce que derrière celles-ci, il ne faut jamais oublier qu’il y a des hommes et des femmes d’action qui assument des responsabilités et qui saisissent très vite l’intérêt à ce que nous soyons partenaires sur certaines propositions. Tout simplement parce que les publics dont ils ont la charge, les élèves comme les adolescents, sont demandeurs de tout cela. C’est au fond pour eux une démarche naturelle.

Les intervenants et artistes marocains manifestent-ils un réel intérêt pour cet événement ? Ressentez-vous une grande motivation?

Il y a une très belle motivation parce que, précisément, le Salon de Tanger est perçu comme un rendez-vous régulier de dimension nationale voire internationale. Les artistes et les intellectuels marocains que nous contactons y voient aussi une occasion de rencontres et d’échanges avec d’autres collègues marocains, mais aussi européens, notamment français. C’est dans ce sens un salon dans le salon : les rencontres qui se font, et qui donnent lieu parfois à de futurs projets et créations, sont un élément qu’il ne faut jamais sous-estimer dans une opération comme celle-là. Car, nous le faisons pour le public, mais aussi pour les artistes pour que les rencontres se fassent. Notre mission à l’IFM est aussi de favoriser ces rencontres, de créer des occasions et du lien. A ce propos, il est intéressant de constater que l’IFM fait se rencontrer entre eux des artistes marocains qui ne se sont parfois jamais parlé, mais aussi des artistes français entre eux qui ne se sont jamais rencontrés non plus.
Il y a donc ces occasions que nous créons et qui font que la relation entre nos deux pays continue de s’approfondir dans le respect et la confiance.

Propos recueillis par A. Bouithy

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