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Baisse du nombre des entrées illégales en Europe

ça risque fort d’être passager comme cela a été le cas par le passé


Hassan Bentaleb
Samedi 17 Août 2019

Les routes migratoires menant vers l’Europe sont devenues de plus en plus difficiles à franchir pour les migrants irréguliers.   
En effet, le nombre des entrées irrégulières s’est élevé à 54.000 pendant les sept premiers mois de l’année en cours soit une baisse de 30% par rapport à 2018, a indiqué un récent communiqué de presse de l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex).
La route méditerranéenne occidentale traversant la mare nostrum au niveau de la côte Nord de l'Algérie et du Maroc et rejoignant l'Espagne par mer (via le Détroit de Gibraltar) ou par terre (via les présides occupés de Sebta et Mellilia) a enregistré 13.000 entrées illégales pour la période de janvier à juillet, soit une baisse de 41% par rapport à la même période de l'année dernière. Les migrants en provenance d'Afrique subsaharienne représentaient le plus grand nombre de migrants détectés sur cette route au cours des sept premiers mois de 2019.
La route méditerranéenne orientale a, pour sa part, enregistré une légère baisse estimée à 6% par rapport à l'an dernier, pour s'établir à près de 28.200 entrées irrégulières. Frontex a précisé dans ce sens que cette route est restée la voie de migration vers l'Europe la plus fréquentée avec près de 5.800 détections en juillet 2019 tout en soulignant que malgré la baisse globale, le nombre d'arrivées dans les îles grecques de la Mer Egée a augmenté du quart par rapport à la même période de l'année dernière.
S’agissant de la route de la Méditerranée centrale, le communiqué de Frontex a noté que le nombre de migrants ayant emprunté cette route était d'environ 1.100 personnes en juillet et que les sept premiers mois de l'année ont enregistré près de 4.900 entrées irrégulières, soit un peu plus du quart du total de la même période de l'année dernière. Les Tunisiens, les Soudanais et les Pakistanais figuraient parmi les nationalités les plus représentées sur cette route entre janvier et juillet.
Frontex a également indiqué que 450 entrées irrégulières ont été détectées en juillet au niveau de la route des Balkans occidentaux et 5.800 durant les sept premiers mois, soit le double du nombre enregistré il y a un an. Les ressortissants afghans et iraniens représentaient la plus grande partie des migrants détectés sur cette route.
Comment peut-on expliquer cette situation? Hassan Ammari, activiste à Alarm Phone, met en exergue deux facteurs explicatifs de cette baisse. « Il y a d’une part l’externalisation des frontières des pays du Nord comme on le constate de manière concrète au Niger et au Mali devenus des laboratoires de cette volonté des pays européens d’externaliser le contrôle de leurs frontières. Agadez compte aujourd’hui près de 45.000 candidats à la migration qui ont été empêchés de poursuivre leur route, selon des chiffres de l’OIM. En effet, la mobilité de ces candidats à la migration s’est beaucoup réduite comme en atteste, à titre d’exemple, la route reliant Agadez et Nyamai où 17 barrages de contrôle ont été instaurés », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « D’autre part, il y a un resserrement de l'étau sur les bateaux de sauvetage des migrants en Méditerranée sans oublier le durcissement des contrôles ainsi que la mise en place de dispositifs frontaliers de plus en plus sophistiqués ».
Notre source estime que le renforcement des contrôles, les opérations de ratissage, les arrestations et les refoulements des migrants au niveau du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie s’inscrivent dans cette politique d’externalisation et engendrent des violations graves des droits de l’Homme comme c’est le cas aujourd’hui en Algérie où des migrants irréguliers sont détenus dans des hangars à Tlemcen et Oran.      
Pourtant, Hassan Ammari estime que ce renforcement des contrôles n’a pas empêché les candidats à la migration de chercher d’autres voies migratoires. « C’est le cas des Camerounais qui sont arrivés aujourd’hui en Turquie.  C’est le cas des Maliens, des Sénégalais ou autres qui ont opté actuellement pour la route vers l'Erythrée, la Somalie ou le Yémen alors que cette voie est principalement empruntée par les candidats à la migration issus de l’Afrique de l’Est», nous a-t-il précisé en ajoutant que le durcissement actuel de la politique migratoire européenne n’est que passager et rappelle à ce propos celle déployée entre 2001 et 2005. « Nous sommes face à la même configuration (des aides et dons juteux aux pays du Sud, renforcement des contrôles…) mais cela n’a pas duré plus qu’il n’en fallait. Il s’agissait en effet d’une gestion transitoire dépourvue d’une vision à long terme », a-t-il conclu.   


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