Au neuvième jour de l’offensive des jihadistes sunnites leur ayant permis de conquérir plusieurs régions et l'assaut mercredi de la principale raffinerie d'Irak, Bagdad a promis de vaincre les "terroristes" en demandant "officiellement" des frappes aériennes américaines contre les insurgés.
Le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, a affirmé que les forces gouvernementales tentaient désormais de stopper l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), après leur déroute aux premiers jours de l'offensive lancée le 9 juin. Et pour ce faire, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a annoncé que son pays avait "officiellement" demandé aux Etats-Unis des frappes aériennes contre les jihadistes.
Le président Barack Obama poursuivait ses consultations et n'exclut aucune option à l'exception des troupes au sol. "Le gouvernement irakien a demandé de l'aide, c'est incontestablement une différence qu'il faut relever", a souligné le porte-parole de l'Exécutif américain, Jay Carney.
De son côté, l'Iran, puissance régionale chiite qui appuie le cabinet Maliki, a conditionné une éventuelle coopération avec les Etats-Unis en Irak à la réussite des pourparlers nucléaires.Dans l'autre camp, l'Arabie Saoudite, poids lourd sunnite qui accuse M. Maliki d'avoir conduit l'Irak au bord du gouffre, a mis en garde contre une "guerre civile" qui déstabiliserait "la région tout entière" et les Emirats ont rappelé leur ambassadeur dénonçant la politique "confessionnelle" de Bagdad.
S'exprimant en marge d'une réunion en Arabie Saoudite, le ministre irakien Zebari a dit avoir demandé aux dirigeants saoudiens de faire "cesser les campagnes médiatiques d'incitation d'autant que certaines fatwas (de religieux saoudiens) présentent ce qui se passe en Irak comme une révolution".
Pour l'ensemble des experts, les développements actuels trouvent leur origine dans l'invasion américaine de 2003 mais aussi dans la politique confessionnelle de M. Maliki. "Les Américains ont démantelé les institutions mais Maliki entrera dans l'Histoire comme celui qui a perdu des pans de l'Irak". Le général américain Martin Dempsey, chef d'état-major interarmées, a estimé que le sectarisme des dirigeants chiites a contribué à l'avancée des jihadistes sunnites.
Sur le terrain, tentant de reprendre l'initiative, les forces armées irakiennes ont annoncé leur intention de reconquérir totalement "dans les prochaines heures" Tal Afar (nord-ouest), ville chiite proche de la frontière syrienne, contrôlée en partie par les insurgés, et puis Mossoul.