Aziza Skalli, la touche rebelle


Par Abdeslam Khatib
Samedi 13 Novembre 2010

Le mouvement plastique féminin au Maroc n’en finit pas d’étonner. De temps à autre, émerge un talent qui, non seulement séduit, mais  force l’admiration et surtout la conviction que la femme marocaine n’a pas encore dit son dernier mot  s’agissant de peinture.
Parmi ces talents, Aziza Skalli fait preuve d’une démarche aussi recherchée que raffinée. Non seulement au niveau du style qui oscille entre l’abstrait et le figuratif, mais aussi au niveau du traitement de la matière, de la texture du travail et des thèmes développés. On perçoit une certaine fougue dans les travaux de cette artiste, un désir de crier fort ce qu’elle ressent et une volonté de donner  une empreinte personnelle loin de toute influence.
Entre touches agressives qui reflètent un certain état d’âme et une douceur dans la réalisation, on voit défiler sur les toiles de Aziza Skalli, des silhouettes de femmes bercées par des rythmes de danse comme pour souligner son appartenance, du fait qu’elle est très attachée à ce mode d’expression corporelle.
« J’ai essayé de réaliser ces images qui sont restées figées dans ma mémoire depuis mon enfance, par amour de la danse que je n’ai jamais pu faire et celui de la peinture qui, pour moi, était le seul moyen d’expression », précise Aziza Skalli.
Ces désirs, apparents ou latents, ont donné à l’œuvre une force qui finit par obséder tant il est vrai qu’à travers les thèmes choisis et la matière utilisée se dégage une puissance qui  traduit tout le feeling de cette artiste.
Ayant intégré ETAP en 1987, Aziza Skalli a pu se mettre en contact avec l’art plastique. C’est là où elle fut fascinée par les différentes techniques de la peinture et la variété des matières.
Ce monde des couleurs , combien captivant et en même temps sans limites, finit par devenir la raison d’être de cette artiste qui s’est vu décerner le 2ème prix au concours international de l’affiche théâtrale à Casablanca en 1989, ce qui l’avait encouragé à rendre public son travail, en exposant ses œuvres au Maroc et à l’étranger. Elle a ainsi exposé, entre autres, à Francfort en Allemagne en 1991, puis à Casablanca, à l’occasion de la journée de la femme en 2007 ; une exposition dédiée à la mémoire de Chaibia.
Rares sont les artistes peintres femmes qui portent une aussi grande énergie et savent la projeter sur la toile, tout en  respectant scrupuleusement les éléments d’équilibre et en gardant surtout cette douceur qui traverse l’apparence agressive. Si l’audace, l’émotion et la quête de la liberté d’expression sont manifestes, il n’en est pas de même pour cette agressivité apparente qui constitue, à vrai dire, un prétexte pour extérioriser des clichés et stéréotypes nourris par une société patriarcale où l’homme exerce son pouvoir sans partage.
L’œuvre de Aziza Skalli est un cas d’école à cet égard. Elle se démarque de tout l’apport féminin qu’on a connu jusque-là et qui ne parvient pas ou arrive mal, parfois, à remettre en cause l’ordre social.
L’artiste peintre Aziza Skalli expose du lundi 15 novembre au samedi 20 novembre au Club Churchill.


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