
«Même si le détonateur de cette tragédie a été la pire famine depuis 60 ans, il s'agit aussi de notre échec collectif à mettre fin à la guerre civile en Somalie», a-t-il déclaré dans une interview à l'AFP.
Une grande partie de la Somalie est en proie à la violence et échappe à tout contrôle gouvernemental depuis le coup d'Etat qui a chassé du pouvoir le dictateur Mohammed Siad Barré en 1991.
«Avant que les pénuries de nourriture ne se transforment en famine, il y a quelque chose d'autre qui entre en jeu», a souligné M. Kaberuka. «En l'occurrence, l'épicentre de la crise se situe dans les parties de la Somalie qui ne fonctionnent pas».
Les deux régions du sud du pays où l'ONU a déclaré l'état de famine le mois dernier sont contrôlées par les shebab, affiliés à Al-Qaïda.
Les shebab «jouent avec la vie» des habitants en empêchant l'aide humanitaire de leur parvenir», a souligné le directeur de la BAD.
Aujourd'hui, 10 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique ont besoin d'aide alimentaire, deux millions d'enfants souffrent de malnutrition et 500.000 personnes risquent de mourir de faim, a-t-il souligné.
M. Kaberuka a exhorté la communauté internationale à «agir pour aider» les régions de Somalie qui sont en paix et où l'Etat de droit existe, en particulier le Somaliland et le Puntland, et a appelé à augmenter l'aide logistique à la force de paix de l'Union africaine, l'Amisom, qui tente de stabiliser le pays.
«L'Amisom manque d'effectifs, est sous-équipée et n'a pas assez de soutien logistique. Si c'était le cas, elle aurait facilement pu apporter la stabilité (...) pour permettre aux Somaliens de commencer à discuter du type de gouvernement qu'ils souhaitent avoir», a souligné cet ancien ministre des Finances du Rwanda.
La famine va probablement s'étendre à tout le sud de la Somalie sous un mois et entraîner l'arrivée de dizaines de milliers d'habitants de cette zone à Mogadiscio, la capitale, a estimé mardi le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies.
«Toutes les régions du sud de la Somalie vont probablement connaître la famine» d'ici à la fin août ou au début septembre, a déclaré la porte-parole de l'agence.
Fatoumata Lejeune-Kaba a précisé à des journalistes à Genève que 100.000 personnes souffrant de la faim, dont 27.100 rien qu'en juillet, avaient déjà quitté la capitale dévastée par la guerre civile.
Avant cela, quelque 370.000 personnes fuyant la violence et l'instabilité s'étaient réfugiées à Mogadiscio, a-t-elle ajouté.
Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime qu'un quart des 7,5 millions de Somaliens sont désormais déplacés dans leur pays.
L'Ouganda commence à être touchée par la sécheresse, qui ravage déjà la Corne de l'Afrique, a déclaré mardi une porte-parole de la FAO (organisation de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation).
«Nous commençons à surveiller de près ce qui se passe en Ouganda, où il y a quelques endroits touchés par une insécurité alimentaire, causée par la sécheresse», a indiqué la porte-parole, au cours d'un briefing de l'ONU.
L'Ouganda, a-t-elle ajouté, «sera peut-être le prochain pays touché par une situation alarmante de malnutrition causée par la sécheresse».
La Somalie, le Kenya, l'Ethiopie et Djibouti sont actuellement touchés par la sécheresse.