Avant une cérémonie sous tension, les César nomment une présidente par intérim

Margaret Menegoz sera aux manettes ce soir pour la grand-messe du cinéma français


Vendredi 28 Février 2020

Secoués par une crise inédite, les César ont nommé mercredi une présidente par intérim, avant une 45e cérémonie qui se tiendra ce vendredi sous tension, sur fond de vives protestations aussi contre les 12 nominations de "J'accuse" de Roman Polanski.
A l'issue d'un conseil d'administration, les César ont nommé mercredi la productrice Margaret Menegoz présidente de l'Association pour la promotion du cinéma (APC), qui régit l'Académie des César, en remplacement du producteur Alain Terzian démissionnaire, en poste depuis 2003.
Déjà secrétaire générale de l'APC et membre de son conseil d'administration, Margaret Menegoz, 78 ans, dirige la société Les Films du Losange, qui ont produit des films d'Eric Rohmer, Michael Haneke ou Andrzej Wajda.
Les membres de l'APC se réuniront ensuite le 20 avril pour une assemblée générale extraordinaire, au cours de laquelle seront adoptés de nouveaux statuts, dont le projet sera élaboré par le Centre national du cinéma (CNC), en concertation avec les professionnels. Ces statuts devront permettre notamment l'élargissement du nombre de membres de l'association - qui en compte actuellement 47, dont 21 administrateurs - et la diversification de leur recrutement.
Une deuxième assemblée générale, avec les nouveaux membres, sera convoquée à l'été, qui élira un nouveau conseil d'administration, chargé cette fois de réformer le collège électoral des César, composé aujourd'hui de 4.700 professionnels du cinéma (dont 35% de femmes).
Ces annonces interviennent alors que les César sont affaiblis depuis plusieurs semaines par une violente crise, qui a conduit à la mi-février à la démission collective de la direction de l'Académie, accusée d'opacité et d'entre-soi.
Les turbulences s'étaient intensifiées quand plus de 400 personnalités du cinéma dont Omar Sy, Jacques Audiard ou Céline Sciamma, avaient signé en février une tribune réclamant une "réforme en profondeur", précipitant la chute du conseil d'administration.
Marquant le début d'une nouvelle ère, Margaret Menegoz sera aux manettes vendredi pour la grand-messe du cinéma français, alors que les César promettent d'être chahutés aussi par les féministes, décidées à protester contre les 12 nominations de "J'accuse".
Arrivé en tête du premier tour de vote avec le film de Ladj Ly sur les banlieues "Les Misérables" (grand favori avec 12 nominations aussi, en incluant celle du prix du public), le film de Roman Polanski sur l'affaire Dreyfus sera sur le devant de la scène pour ces récompenses annuelles.
Il est talonné également par "La Belle époque" de Nicolas Bedos (onze nominations) et de "Portrait de la jeune fille en feu" de Céline Sciamma (dix).
Mais, indignées, plusieurs associations féministes, qui n'acceptent plus comme une partie de l'opinion publique que le cinéaste franco-polonais reçoive des honneurs - alors qu'il est visé depuis novembre par une nouvelle accusation de viol et toujours poursuivi par la justice américaine -, ont appelé à manifester ce vendredi à 18H devant la salle Pleyel, où se tiendra la cérémonie à partir de 21H.
Le collectif féministe #NousToutes a annoncé notamment qu'il organiserait un happening au cours duquel il décernerait à des cinéastes "d'autres prix - moins glorieux -, afin que le rideau se lève sur la protection que leur accorde le monde des arts et du cinéma".
L'incertitude règne encore sur la présence de Roman Polanski à la cérémonie. Des informations de presse faisaient état mercredi de sa venue, mais l'entourage du cinéaste a précisé qu'il n'avait pas encore pris sa décision.
Quelques jours après la condamnation de l'ex-magnat d'Hollywood Harvey Weinstein - reconnu coupable lundi d'agression sexuelle et de viol -, étape importante pour le mouvement #MeToo, cette polémique Polanski fait tache.
Enfonçant le clou, l'actrice Adèle Haenel, qui a créé un séisme dans le cinéma français en novembre en accusant le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements répétés" quand elle était adolescente, a estimé lundi dans un entretien au New York Times que la France avait "complètement raté le coche" de #MeToo.
La comédienne de 31 ans, en lice pour le César de la meilleure actrice pour "Portrait de la jeune fille en feu", a mis en garde: "Distinguer Polanski, c'est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire +ce n'est pas si grave de violer des femmes+".


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