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Autour du film "18 Jours" : La révolution égyptienne s'exporte à Cannes

Lundi 16 Mai 2011

La présentation à Cannes du film "18 Jours", dix courts-métrages célébrant la révolution égyptienne, provoque un malaise parmi les artistes égyptiens et le retrait d'un de ses acteurs les plus en vue, qui refuse de monter les marches pour le défendre.
Une pétition en circulation depuis début mai, qui a recueilli un peu plus de 300 signatures, dénonce la présence parmi les participants de deux réalisateurs qui ont travaillé pour le président déchu Hosni Moubarak.
Sherif Arafa et Marwan Hamed - cinéaste réputé et estimé, qui a signé notamment "L'Immeuble Yacoubian" - se voient notamment reprocher d'avoir "collaboré avec le régime en réalisant gratuitement des publicités pour la campagne présidentielle de Hosni Moubarak en 2005 ou pour le Parti national démocratique", alors au pouvoir.
Alors que le film doit être projeté mercredi lors de la journée d'hommage à l'Egypte, premier pays invité par le Festival, l'une des stars du cinéma égyptien, Amr Waked, 38 ans, acteur du film de Marwan Hamed, a prévenu de son absence.
Dans un e-mail adressé vendredi à Thierry Frémaux, Délégué général du Festival, Amr Waked explique que "la présence d'artistes (...) qui ne se sont pas encore réconciliés avec le peuple m'empêche (de participer) car je ne peux ignorer les implications politiques d'une telle association", écrit-il.
"Beaucoup sont en colère en Egypte et attendent au minimum des excuses, c'est légitime. Les gens du cinéma prétendent ignorer cette colère", a-t-il expliqué samedi à l'AFP. Pourtant, tient à préciser l'acteur - qui jouait dans "Syriana" avec George Clooney - il avait adhéré avec enthousiasme à ce projet: "Marwan Hamed est un réalisateur talentueux, il n'a rien d'un traître à la révolution et nous avons tous travaillé gratuitement".
Contacté samedi par l'AFP, Thierry Frémaux n'avait pas réagi en début de soirée.
"Si +18 Jours+ avait été montré en compétition je l'aurais soutenu à fond. Mais pas comme un instrument de célébration de la révolution. Ça n'a rien d'émotionnel, ni d'intégriste. Mais je choisirai toujours la cause du peuple", a-t-il conclu.
Yousry Nasrallah, l'un des réalisateurs et des initiateurs du projet joint par l'AFP parle lui d'un "mauvais procès fait à l'ensemble du processus de démocratisation. Certains ont peut-être commis des erreurs, mais ils ont changé", martèle-t-il en rappelant que "+L'Immeuble Yacoubian+ tourné en 2006 est loin d'être un film pro-Moubarak". "Marwan était présent dès le 25 janvier (le 1er jour) Place Tahrir", haut lieu de la révolution au Caire.
Pour Nasrallah, cette polémique "risque surtout de diviser le camp des démocrates dont on a tellement besoin face à la montée des intégristes. Ça rappelle les pires moments des purges et des chasses aux sorcières de l'histoire. C'est contre-productif et pas très joli".
Au départ, ces dix courts-métrages devaient être mis en ligne gratuitement sur YouTube: c'est en l'entendant évoquer ce projet - mettre en images 10 visions personnelles de la révolution - que Thierry Frémaux a contacté Yousri Nasrallah pour lui proposer une projection sur la Croisette.
"Justement, il n'y avait aucune visée commerciale", souligne Karim Boutros-Ghali, signataire de la pétition, qui dirige une société de post-production au Caire et à Paris. "Mais ainsi, on instrumentalise la révolution" estime-t-il. "Les autorités du cinéma chez nous sont toujours celles de l'ancien régime".
Le producteur du film Fadi Fahim voit quant à lui dans toute cette controverse l'expression d'une "jalousie" de la part de ceux qui n'en sont pas: "Croyez-moi, ceux qui protestent aujourd'hui auraient tous accouru pieds nus si l'Ancien régime les avait appelés".

AFP

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