Authentification de la tête d'Henri IV : Tempête autour d'un crâne


AFP
Samedi 8 Janvier 2011

L'authentification de la tête d'Henri IV, retrouvée après de multiples mésaventures chez un couple de retraités, fait l'objet d'une vive querelle entre un journaliste-historien et une équipe de scientifiques.
L'annonce de l'authentification de la tête momifiée du bon roi Henri, réalisée grâce à des moyens dignes d'une enquête médico-légale par des scientifiques en collaboration avec des historiens, a été faite à la mi-décembre. L'enquête a été validée par le British Medical Journal.
Dans un article publié mercredi par l'Express, le journaliste-historien Philippe Delorme, auteur d'un ouvrage sur le Vert-Galant ("Henri IV, les réalités d'un mythe") et d'une enquête historique sur le coeur de Louis XVII, conteste cette découverte.
Il s'étonne notamment que le crâne examiné ne soit "ni scié, ni trépané comme cela se pratiquait systématiquement pour les embaumements royaux". Et fait état de témoins ayant déclaré que le crâne était ouvert, lors de la profanation de la nécropole des rois à l'abbaye de Saint-Denis, en 1793.
Ce que réfute avec force Philippe Charlier, le médecin légiste qui a dirigé l'équipe de 20 spécialistes français, danois, italiens et américains, à l'origine de la découverte.
"Il est bien mentionné dans notre article du British Medical Journal que le sciage du crâne n'est pas systématique à la Cour de France : Agnès Sorel (Normandie, 1450) et Henriette d'Angleterre (Saint-Cloud, 1670, petite-fille d'Henri IV et mariée au frère de Louis XIV) en sont deux exemples pour lesquels les Rois ont expressément demandé de ne pas ouvrir le crâne !", explique-t-il à l'AFP.
Stéphane Gabet, un des deux journalistes - avec Pierre Belet - ayant retrouvé la trace de la relique en 2008, s'insurge à propos des témoignages avancés par Philippe Delorme.
"L'analyse précise de ces témoignages révèle qu'ils sont à prendre avec beaucoup de circonspection. C'est ce qui ressort des conclusions de Bruno Galland, directeur scientifique des archives nationales, le seul à avoir étudié dans le détail ces écrits", souligne-t-il.
Philippe Delorme s'interroge également sur le fait que les généticiens n'aient pas été en mesure de "reconstituer une empreinte génétique complète".
"L'enquête sur l'ADN a été réalisée par deux des meilleurs laboratoires mondiaux, habitués à travailler sur les ADN archéologiques. Il s'agit d'un ADN ancien probablement contaminé. Si les laboratoires n'ont pas trouvé d'ADN, c'est qu'il n'y en a pas", rétorque le Dr Charlier. "Même sans ADN, nous avons réuni tellement d'arguments !", insiste-t-il.
De fait, correspondances anatomiques (âge, sexe, cicatrice, naevus à l'aile du nez, trou de boucle d'oreille), analyses toxicologiques, scanners, superpositions faciales, ont été systématiquement recoupés par des recherches historiques.
"Entre 30 preuves scientifiques qui s'accumulent les unes aux autres sans aucune preuve scientifique contradictoire, le tout validé par un comité de lecture international, et une vieille archive dont on ne sait pas trop comment elle a été écrite, il y a juste deux poids et deux mesures", s'indigne encore Stéphane Gabet.
La tête d'Henri IV, qui aurait été séparée du corps en 1793 pendant la Terreur, n'est réapparue qu'au 19e siècle dans la collection privée d'un comte allemand, avant d'être acquise en 1919 par un antiquaire de Dinard, puis revendue à un couple de retraités. Ceux-ci l'ont léguée au chef actuel de la maison de Bourbon, Louis de Bourbon.


Lu 411 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.











Inscription à la newsletter



services