-
Faux mariage à 102 ans pour prouver qu 'il est vivant
-
De la joie à l'ouverture du premier cinéma pour personnes autistes au Venezuela
-
Au Pakistan sous les inondations, personne ne sait plus où est son village
-
Des fleurs pour l'anniversaire de Janus la plus vieille tortue à deux têtes
-
Les inondations au Pakistan emportent dots et projets de mariage
Macron nomme Bayrou à Matignon pour tenter de dénouer la crise politique
Sénégal/Maroc: Caravane médicale multidisciplinaire au profit des couches défavorisées avec la participation d'une Ong marocaine
Les chrétiens d'Alep, rassurés "pour l'instant", préparent Noël
Italie: le Conseil de l'Europe très critique sur les centres de rétention
Au Kenya, techniques commando dans le combat contre les braconniersMercredi 3 Septembre 2014
Autres articles
Treillis camouflage, fusils d’assaut, jumelles de vision nocturne, appareils d’imagerie thermique, radios... dans la réserve privée kényane d’Ol Jogi, la “guerre” contre les braconniers qui s’attaquent aux rhinocéros de ce sanctuaire n’est pas une simple formule.
Tandis que le soleil couchant inonde de couleurs chaudes un vaste plateau entouré de pitons rocheux qui s’étend à perte de vue, l’unité d’intervention armée d’Ol Jogi, à environ 225 km au nord de Nairobi, se déploie. La vingtaine d’hommes, recrutés dans les communautés alentour, se répartit en binômes sur les quelque 24.000 hectares de la réserve, un peu plus de deux fois la superficie de Paris. Certains passeront la nuit en éveil dans des “positions embusquées” tenues secrètes, d’autres patrouilleront jusqu’au lever du jour. Les équipes “sont déployées stratégiquement, en fonction de faits passés mais aussi de là où sont les rhinos”, explique Jamie Gaymer, responsable de la vie sauvage et de la sécurité d’Ol Jogi : “Ça semble fou, mais c’est réellement une guerre, le braconnage est lié au crime organisé au niveau international et est totalement hors de contrôle.” Formés par le Service kényan de la faune (KWS) et la police, les 32 membres de l’unité armée d’Ol Jogi ont statut de policiers de réserve, ce qui les autorise à porter une arme. Ils ont aussi appris des “techniques paramilitaires, pour pouvoir riposter à un ennemi très bien équipé” lui aussi, notamment en armes de guerre, explique Jamie Gaymer. Chaque nuit, ils risquent leur vie, dans une réserve où le danger peut venir des braconniers qui tirent à vue, mais aussi des éléphants, lions ou buffles... “Oui, c’est dangereux, mais ce danger me donne un emploi et me permet de manger”, philosophe Joseph Nang’ole, chef d’équipe de 27 ans. “J’ai des enfants et si nous ne protégeons pas ces animaux, mes enfants n’auront pas l’occasion de les voir” un jour, ajoute-t-il. En outre, les rhinocéros “amènent des touristes au Kenya et donc bénéficient aux populations”, souligne le chef de l’unité, Benson Badiwa, 27 ans. Les conditions sont rudes : la nuit est longue, froide souvent, pluvieuse parfois. Les braconniers qui traquent les 66 rhinocéros d’Ol Jogi, les gardes les appellent “l’ennemi”. La corne de rhinocéros vaut désormais deux fois plus que l’or : de 60 à 80.000 dollars le kilo au Proche-Orient ou en Asie, où on lui prête de pseudo vertus médicinales. Un braconnier recevra lui de 10 à 15.000 dollars le kg, plusieurs années de salaire pour la plupart des Kényans. Les armes sont parfois louées entre 200 et 300 dollars à des policiers ou militaires. Début juillet, Ol Jogi a connu le pire massacre de rhinocéros depuis plus de 15 ans au Kenya. Quatre ont été tués la même nuit par deux équipes de braconniers agissant simultanément en deux endroits, du “jamais vu” au Kenya, selon Jamie Gaymer qui suspecte que les deux gangs, “très organisés” et très bien renseignés, aient bénéficié de complicités au sein de la réserve.
Comme dans toute guerre, le renseignement est une arme cruciale. Jamie Gaymer entretient un réseau d’informateurs locaux et cherche en permanence à démasquer d’éventuels complices au sein de ses employés.“Si un garde se voit offrir 200 ou 300.000 shillings (2.000 ou 3.000 dollars) pour guider quelqu’un vers un rhino, il va y réfléchir plutôt deux fois qu’une”, souligne Johnny Weller, directeur général d’Ol Jogi. Le Kenya ne compte plus officiellement qu’environ un millier de rhinocéros. En 2013, 59 y ont été tués, deux fois plus qu’en 2012. Depuis janvier, à Ol Jogi, six petits sont nés, mais huit rhinocéros ont été tués. “On ne peut pas laisser cette tendance négative continuer”, martèle Jamie Gaymer, “notre unité d’intervention armée est malheureusement désormais nécessaire” mais “veiller sur les rhinos devient de plus en plus cher”. A Ol Jogi, environ 130 personnes veillent à la sécurité des 66 rhinocéros : 20 rhinocéros blancs du Sud et 46 rhinocéros noirs de l’Est, espèce en danger critique d’extinction dont il reste moins de 800 individus, l’essentiel au Kenya. A la création des réserves privées dans les années 1980, se souvient Johnny Weller, “c’était simple, il suffisait de s’occuper” des rhinocéros, aujourd’hui “j’ai tellement de gens et d’équipement”... Pour couvrir une partie de ses frais de fonctionnement, Ol Jogi ouvre désormais son cadre exceptionnel à un tourisme de très grand luxe. En 1987, il restait moins de 400 rhinocéros noirs au Kenya et les sanctuaires privés comme Ol Jogi ont largement contribué à sa survie. Ils hébergent et protègent aujourd’hui près de 60% des rhinocéros du pays, mais les coûts de sécurité font exploser leurs budgets, financés par des fortunes privées ou des donateurs internationaux.
Lu 609 fois
Nouveau commentaire :
Dans la même rubrique :
Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe |
|
||||
|