Au Cachemire, le bon air de la montagne fait des centenaires par dizaines


AFP
Lundi 1 Septembre 2014

Au Cachemire, le bon air de la montagne fait des centenaires par dizaines
Hafeezullah a peut-être bien plus de 100 ans, mais cela ne l’empêche pas d’allexr tous les jours au travail, comme des dizaines d’autres à qui le grand air des montagnes du Cachemire permet de vivre des dizaines d’années de plus que la moyenne au Pakistan.
Soutenu par une canne, le chétif vieillard à la barbe blanche continue à travailler ses champs dans la magnifique vallée de Neelum, sur les contreforts sud de l’Himalaya, comme il le faisait à la lointaine époque coloniale britannique, bien avant l’indépendance du pays en 1947.
Sur le front de la guerre contre le terrorisme depuis le 11-Septembre, point de départ d’une décennie de violences pour le pays, le Pakistan est considéré par l’ONU comme l’un des pires pays au monde pour les personnes âgées, entre insécurité, promiscuité et féodalité rurale.
Mais la règle semble caduque une fois arrivé dans la vallée de Neelum, qui serpente entre les montagnes reculées du Cachemire, étirant ses paysages féériques sur quelque 200 km au fil d’une rivière vive et limpide.
Une enclave épargnée par les tensions et violences sporadiques qui rythment la rivalité entre le Pakistan et l’Inde voisine dans cette région frontalière depuis 1947. 
Ses reliefs escarpés et ses pics coiffés de neiges, ses cascades et ses verts pâturages entourent le village de Chattah, où l’AFP a rencontré une bonne dizaine de centenaires autoproclamés.
A commencer par Hafeezullah, qui revendique même... 132 ans, ce qui en ferait le doyen actuel de l’Humanité. Mais le registre d’état civil local ne lui donne “que” 107 printemps. L’homme, au visage aussi raviné que le paysage qui l’entoure, livre son secret de longévité: un régime sain de produits frais, très occasionnellement agrémenté de viande.
De sa lointaine jeunesse, il se rappelle surtout la nourriture peu chère et à foison. “On mangeait des légumes et des fruits secs. On enterrait les légumes séchés pendant l’hiver, et on les déterrait ensuite pour les manger l’été”, explique-t-il, détaillant le système naturel local et naturel de congélation-décongélation saisonnières.
Il a survécu à trois femmes, mais sa quatrième, Issem Jan, est toujours là. “Je fait tout mon possible pour lui. Je l’assiste en permanence, et Dieu me récompensera pour cela”, dit l’épouse de 70 ans en massant les jambes du patriarche.
Situés à 2.000 mètres d’altitude, Chattah et ses environs sont coupés du reste du monde par la neige pendant près de la moitié de l’année. Mais garantissent un fort taux de globules rouges et un air pur inconnus dans les grandes villes pakistanaises très polluées.
Bien que fréquentée par les touristes pakistanais, la vallée de Neelum reste très préservée et l’on continue souvent à y travailler comme avant, avec des charrues à boeufs, sans pesticides et en auto-suffisance.
Selon le chef du village Abdul Khaliq, un jeunot de 75 ans, les hommes et femmes se lèvent habituellement à 4 heures du matin et travaillent jusqu’au coucher du soleil à couper du bois, charpenter les bâtiments et prendre soin de leurs troupeaux. Un quotidien rude, mais qui contribue lui aussi à la longévité ambiante, selon les intéressés.
Seuls 60% des habitants de la région ont été officiellement recensés, mais selon Mohammad Shapal Khan, un responsable de l’état civil local, chaque village de la vallée compte au moins une dizaine de nonagénaires ou centenaires. Une exception dans un pays où l’espérance de vie ne dépasse pas 64 ans pour les hommes et 66 pour les femmes, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Un- index récent de l’ONU a même classé le Pakistan parmi les trois pires pays au monde pour vieillir, et comme le pire pour la sécurité et la liberté de mouvement des seniors.
Sabat Khan, 102 ans selon ses dires et 92 selon l’état civil, explique sa longévité par le cadre sain et magnifique de sa chère vallée et “la bénédiction de Dieu”. Grâce à eux, dit-il, “j’ai vécu vieux, et sans jamais avoir été malade ou presque”. 


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