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La peine maximale encourue est de cinq ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende. Face aux prévenus, sont représentés des géants de l’édition dont Flammarion, Grasset, Gallimard, Actes Sud, Hachette, Albin Michel. Une “union assez unique” de maisons d’édition concurrentes s’est portée partie civile dans ce procès, a relevé un des avocats de ces sociétés, Me Richard Malka.
A la barre, les auteurs des contrefaçons ont maintenu avoir participé à la numérisation d’ouvrages pour pouvoir simplement les relire “en vacances” sans alourdir leurs bagages ou “sans les abîmer”.
“L’offre numérique n’existait pas à l’époque”, il y a plus de dix ans, a justifié Bruno B., au domicile duquel les enquêteurs ont retrouvé 6.905 ebooks “marqués au sceau de Team Alexandriz”, a rappelé le président d’audience. Les prévenus s’échangeaient sur un forum de discussion des “astuces” pour “fabriquer des ebooks”, utiliser des logiciels de piratage ou passer outre les protections numériques du droit d’auteur, a détaillé le président d’audience. L’équipe du site sur lequel se trouvait plus de 2.000 contrefaçons d’ouvrages se targuait de “pallier l’absence d’initiatives” des éditeurs en matière numérique. Le livre numérique est “plus cher qu’un livre de poche”, impossible à partager avec des amis ou des proches en raison d’un système de protection et les “copies pirates sont souvent illisibles”, ont encore argué les prévenus. “Je pensais à tous ces lecteurs potentiels qui seraient intéressés par ces livres orphelins qu’on ne trouve plus en papier”, a encore plaidé Bruno B., âgé de 52 ans, qui a dit travailler “sur un projet européen d’échange entre véhicules intelligents”. “On n’acquiert pas un format mais une oeuvre et donc l’oeuvre doit être rémunérée”, a répliqué à la barre une responsable juridique de Gallimard.
Les “pirates” ont également allégué que le site était à l’origine privé et circonscrit à une dizaine de membres, avant d’être ouvert au public à l’initiative d’Androgyne3, l’instigateur principal du réseau, dont la véritable identité n’est pas connue. Le site, aujourd’hui hors ligne, n’avait pas de finalité lucrative. “J’ai un peu du mal à croire qu’il s’agissait d’un club de lecture”, a dénoncé la responsable de Gallimard, “car on n’a pas de discussion sur le fonds des ouvrages”. En 2011, plusieurs maisons d’édition, ainsi que le syndicat national de l’édition, ont porté plainte contre X après avoir découvert ce site. Dans son catalogue illicite, figuraient essentiellement des best-sellers: la saga Harry Potter, Millénium ou encore le prix Goncourt “L’Art français de la guerre” d’Alexis Jenni. Les investigations ont mis au jour un modus operandi “fastidieux”, a relevé le président d’audience: les membres scannaient des ouvrages depuis leur imprimante domestique, “nettoyaient” les fichiers PDF à la qualité souvent médiocre puis les téléchargeaient sur un serveur. “Certains ont même laissé tomber” devant l’ampleur de la tâche, a malicieusement noté le magistrat.
Douze membres - sur les 32 actifs selon l’avocate des parties civiles Lorraine Gay - ont été identifiés par la Befti (Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information), qui a dénombré environ 4.700 membres en 2012. Dans cette affaire, “le préjudice est très important”, a souligné la représentante de Gallimard, les contrefaçons ayant “porté atteinte à la rémunération des auteurs” ainsi “qu’à la diversité culturelle, les gros succès permettant de financer d’autres auteurs” normalement. Le marché du livre en France représentait, avant la pandémie, 2,8 milliards d’euros dont environ 8% provient des recettes du livre numérique, a rappelé le président d’audience.