La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ahston, devait s'entretenir mercredi avec le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, sommé par l'opposition de mettre un terme à la "dictature" en acceptant une réforme constitutionnelle "urgente".
Le pouvoir ukrainien a de son côté fait miroiter la perspective d'élections anticipées, réclamées depuis longtemps par l'opposition, mais une réforme constitutionnelle présente l'avantage d'une voie beaucoup plus réaliste. A l'issue d'une journée riche en déclarations politiques, les chefs de l'opposition, Vitali Klitschko, Arseni Iatseniouk et Oleg Tiagnybok, ont rencontré mardi lors d'un dîner Mme Ashton, arrivée en début de soirée à Kiev. L'entretien a duré environ deux heures. A son issue, M. Tiagnybok, chef du parti nationaliste Svoboda, s'est borné à indiquer que les trois hommes pourraient revoir Mme Ashton mercredi, après sa rencontre prévue dans la matinée avec le président Ianoukovitch. "Il faut poursuivre le dialogue pour arriver à un résultat", a ajouté M. Tiagnybok. "C'est également l'avis du vice-président américain Joe Biden, qui a une nouvelle fois appelé mardi le président ukrainien au "dialogue" et au "compromis pour former un nouveau gouvernement, lors d'une conversation téléphonique rapportée par la Maison Blanche. Le vice-président américain qui appelle régulièrement le président ukrainien depuis la radicalisation du mouvement de contestation, l'a une nouvelle fois invité "à saisir toutes les occasions (...) pour trouver une solution politique à la crise". Le Parlement dominé par les alliés du président Ianoukovitch n'a de son côté pas avancé sur la réforme constitutionnelle réclamée par l'opposition comme un élément clé pour sortir de la crise politique, alors que le pays est frappé par une vague de contestation sans précédent depuis plus de deux mois. M. Klitschko, chef du parti Oudar, s'est rendu mardi auprès du chef de l'Etat pour lui demander une solution "immédiate". Mais celui-ci lui a expliqué que la réforme accordant davantage de pouvoirs au gouvernement et au Parlement pourrait prendre "jusqu'à six mois". "Cela fera seulement monter la fièvre dans la société", a lancé l'ex-boxeur devant les députés à l'issue de son entretien avec M. Ianoukovitch.
Le mouvement né fin novembre de la volte-face pro-russe du pouvoir au détriment d'un rapprochement avec l'Union européenne s'est radicalisé et transformé en contestation radicale du régime de Viktor Ianoukovitch dont les manifestants réclament le départ.